A cheval sur Rezé et Nantes (Loire-Atlantique), le projet urbain de Pirmil-Les Isles, retenu comme « Démonstrateur de la ville durable » de France 2030, compte parmi les tout premiers à avoir anticipé les conséquences du dérèglement climatique. Pourtant, alors que les travaux d’aménagement ont démarré sur sa partie rezéenne – le secteur Basse-île (1 000 logements, 25 000 m2 SP de tertiaire, 4 100 m2 d’activités en rez-de- chaussée, parking silo de 620 places) – sa partie nantaise va être revue. « Quand l’époque change, les projets doivent changer », estime Johanna Rolland, maire (PS) de Nantes et présidente de Nantes Métropole, confortée dans ce choix par les conclusions du grand débat « Fabrique de nos villes » lancé en 2023 et les récents épisodes de canicule.

L’élue a demandé à sa majorité de faire évoluer l’opération sur le secteur Pirmil Saint-Jacques, au sud de la ville, en prenant mieux en compte la nature. Cette « bifurcation écologique » se fera aux dépens de la production de logements puisqu’au lieu des 1 000 prévus, seulement 600 devraient voir le jour, dont la moitié sociaux et abordables. Même tendance à la baisse pour les surfaces de bureaux qui passeront de 27 000 à 11 000 m2. « A l’échelle de l’ensemble de la ZAC, les grands équilibres de production fixés à l’origine devraient être globalement respectés », nuance toutefois Thomas Quéro, adjoint à la maire délégué à l’urbanisme durable.

Parking silo mutualisé

Le nouveau programme présenté aux habitants le 28 juin dernier prévoit aussi la construction d’un parking silo mutualisé, 800 m2 de commerces de détail en rez-de-chaussée et 2 700 m2 d’activités et de services, dont un pôle associatif avec une salle festive, un espace culturel, une crèche et une maison de santé. Les voies piétonnes et cyclables verront leur maillage renforcé, avec notamment la création d’une seconde piste cyclable bidirectionnelle entre Nantes et Rezé.

Pour répondre à ces nouveaux objectifs, Nantes Métropole Aménagement et l’équipe de maîtrise d’œuvre urbaine emmenée par Frédéric Bonnet (Obras, architecte) et Sylvanie Grée (D’ici là, paysagiste) ont travaillé pendant deux ans pour réorienter le projet. « Le long de l’infrastructure routière, nous avions envisagé un front bâti qui va donc disparaître, décrit Sylvanie Grée. La pointe située à la jonction entre la Sèvre et la Loire sera, elle, transformée en un parc de 2,6 ha. » Ce 130e parc nantais va nécessiter un soin particulier. « Le site se dégrade fortement, estime la paysagiste. Il est à l’image de tous ces jardins plantés après-guerre qui doivent aujourd’hui réfléchir au renouvellement de leur canopée. » Dès l’automne, une première phase sera engagée pour permettre sa réouverture progressive au public. Un réaménagement complet suivra dès 2029.

D’ici cette date, la phase d’avant-projet de l’ensemble du secteur pourra commencer dès l’année prochaine : préparation des dossiers réglementaires, enquêtes publiques… L’objectif est de développer les projets immobiliers et de déposer les premiers permis de construire entre 2028 et 2030 afin de démarrer les chantiers en 2031-2032.