Par Virginie Huet
Le 11 juillet 2025 à 19h04
Diana Markosian reçoit le Prix Photo Madame Figaro 2025. (Arles, le 10 juillet 2025.)
Matias Injic
Ce jeudi 10 juillet, le jury du Prix de la Photo Madame Figaro désignait sa nouvelle lauréate, la photographe russo-américaine d’origine arménienne, Diana Markosian.
Le souffle court et la voix nouée, Diana Markosian n’en revient pas de recevoir le prix de la Photo Madame Figaro des mains d’Isabelle Adjani, la présidente du jury, elle-même «encore sous l’émotion» suscitée par un «travail autobiographique à l’écho universel». Quelques heures plus tôt, et à quelques kilomètres du théâtre antique d’Arles, son projet Father faisait en effet l’unanimité lors des délibérations tenues au Mas de la Fouque. Présenté à l’Espace Monoprix dans le cadre de la 56e édition des Rencontres d’Arles, il convoque un fantôme, le père de Diana Markosian, soudain sorti de sa vie : en 1996, l’artiste a sept ans quand sa mère la réveille en pleine nuit, elle et son frère David. «L’Union soviétique s’était effondrée depuis longtemps, et ma famille aussi», se rappelle celle qu’un avion emporte alors pour la Californie, loin de sa Russie natale et de son père, averti par un mot laissé dans la cuisine, et depuis resté sans nouvelles.
«Pendant la majeure partie de ma vie, mon père n’était rien de plus qu’une silhouette dans notre album de famille», explique l’autodidacte, citant la somme de portraits découpés par sa mère, comme pour l’évincer des annales. «J’étais si en colère contre elle, qu’il m’a fallu la comprendre pour avancer», précise cette story-teller dont le premier projet Santa Barbara revisitait l’histoire heurtée de son arrivée aux États-Unis, à la façon d’une autofiction. Reste que l’homme qu’elle retrouve en Arménie après quinze années de recherches, a tout d’un étranger. Le film et la photographie fourniront à la fille et au père les moyens de renouer, faute de pouvoir rattraper le temps perdu. D’archive ou d’actualité, fixes ou en mouvement, avec ou sans couleurs, des images tristes mais tendres composent un récit habité par l’absence, et le fol espoir d’un avenir partagé.
Diana Markosian remporte une dotation de 10 000 euros grâce au soutien de Kering, et son programme Women In Motion, ainsi qu’un shooting d’une série mode à paraître dans Madame Figaro. Le prix photo Madame Figaro est accompagné par la FNAC et les cosmétiques de luxe Augustinus Bader.
Diana Markosian, Father, jusqu’au 5 octobre, aux Rencontres d’Arles. rencontres-arles.com