Publié11. juillet 2025, 15:46

TDA au Luxembourg: «Mon cœur de maman a senti que quelque chose n’allait pas»

Nicole se bat pour que son fils, atteint d’un trouble du déficit de l’attention (TDA) diagnostiqué tardivement, puisse bénéficier du soutien et d’aides dont il a besoin.

Marion ChevrierNicole est certaine que de nombreux adolescents ne sont pas diagnostiqués.

Nicole est certaine que de nombreux adolescents ne sont pas diagnostiqués.

Image d’illustration/Freepik

«Mon fils n’est ni feignant ni handicapé!» C’est un cri du cœur que lance Nicole aujourd’hui. Son fils adolescent a été diagnostiqué TDA (NDLR: trouble du déficit de l’attention) au début de l’année scolaire, à l’âge de 17 ans, après une année scolaire «très compliquée», et elle a l’impression de se battre contre des moulins à vent. «C’est un parcours du combattant, ça demande du temps et de l’énergie pour tout, j’ai l’impression de ne pas être soutenue par l’école», regrette-t-elle.

Elle raconte que tout a basculé l’année dernière. «Ses résultats ont dégringolé d’un coup et quand je lui ai demandé pourquoi, il a eu du mal à l’expliquer». C’est comme si tout s’était déréglé, «il n’arrivait plus à se concentrer, à s’organiser». Selon elle, l’élément déclencheur aurait été l’incompétence du prof de maths de son fils, «lui qui adorait les maths, il s’est senti perdu, déboussolé».

Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est un trouble neurodéveloppemental qui se caractérise par l’inattention, l’impulsivité et l’hyperactivité, indique tdah.lu. Dans la littérature spécialisée internationale, on parle souvent de 4 à 6% d’enfants qui seraient atteints de ce trouble.

Les symptômes de l’hyperactivité/impulsivité sont plus fréquents chez les garçons, alors que les filles présentent surtout les symptômes d’inattention.

La communauté scolaire a mis ça sur le compte de la paresse. «Ils ont estimé que c’était un jeune qui ne voulait plus faire d’efforts, qui était paresseux. Mais moi, je sais que c’est faux, je connais mon fils, c’était un élève méritant qui a toujours eu de bonnes notes, j’ai senti dans mon cœur de maman que quelque chose n’allait pas».

«C’est encore tabou au Luxembourg»

Nicole

Nicole cherche alors à prendre rendez-vous chez un pédopsychiatre et se rend compte que «c’est très compliqué». «On me dit non parce que mon fils est soi-disant trop vieux». À la faveur de recrutements à l’hôpital Kirchberg, elle décroche enfin un rendez-vous et le diagnostic tombe rapidement. «On était soulagés tous les deux de pouvoir mettre des mots sur ce qui se passait».

Elle pense alors que tout va pouvoir s’enclencher pour que son fils puisse mieux travailler à l’école, mais elle dit faire face à un mur: «J’ai dû demander deux avis de psychiatre pour qu’il puisse bénéficier d’aménagements (NDLR: 15 minutes supplémentairesׂ) et ça a pris des mois, il ne les a obtenus qu’en mai, à la fin de l’année». Et «ce n’est pas toujours bien vu, c’est encore tabou au Luxembourg». Tout comme la prise de Ritaline, un médicament qui aide son fils à se concentrer. «J’ai entendu certains dire qu’ils n’étaient pas trop pour, mais mon fils en prendra tant qu’il estime que ça lui fait du bien et que ça l’aide, c’est lui qui gère».

«Il doit s’épuiser pour essayer de réussir»

Nicole

Elle estime que la communauté scolaire a sous-estimé les difficultés de son fils, «parce qu’il a redoublé d’efforts pour maintenir ses notes». Mais la maman s’inquiète, «il doit s’épuiser pour essayer de réussir». Elle a lancé une pétition sur le site de la Chambre pour demander «plus de soutien et d’aides pour les personnes détectées trop tard au niveau scolaire».

Le TDA de son fils était sans doute là depuis longtemps, «les professionnels auraient dû le déceler plus tôt, il faut davantage épauler et orienter les parents». Et mettre les moyens: «Depuis que j’ai lancé la pétition, j’ai des retours de personnes qui se retrouvent dans mon témoignage, mais certains parents, dépassés, laissent sans doute tomber parce qu’ils ne sont pas correctement accompagnés et que c’est galère pour obtenir un rendez-vous».

Nicole s’accroche au rêve de son fils: faire des études dans le sport. «Quand il fait du sport, il redevient maître de lui-même, de son corps et le TDA s’efface».

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