Très attendue, la nouvelle série de Lena Dunham est finalement disponible sur Netflix depuis le 10 juillet. Dans Too Much, la créatrice de la série Girls, poursuit son exploration de la vie des jeunes adultes, soit ici celle de la protagoniste Jessica, une productrice de télévision qui fuit New York après une rupture amoureuse douloureuse pour s’installer à Londres, où un nouvel amour va naître avec Felix, un chanteur britannique.

S’inspirant de sa propre histoire, Lena Dunham “fait souffler un vent nouveau dans le paysage de la comédie romantique en montrant les dégâts qu’ont subis les deux trentenaires, à la fois dans leurs précédentes relations et à cause de leurs relations familiales”, loue The New Yorker.

Car tout comme son héroïne, incarnée par Meg Stalter, Lena Dunham a quitté New York pour Londres après la fin de Girls (2012-2017), dans laquelle elle jouait la protagoniste Hanna, et mettait en scène les péripéties quotidiennes de quatre vingtenaires new-yorkaises.

L’une des meilleures séries de 2025 ?

C’est avec son compagnon, le chanteur britannique Luis Felber, que Lena Dunham a coécrit cette nouvelle série, où elle aborde cette fois les tourments de la trentaine. Le rôle de Felix, lui, a été confié à Will Sharpe, un acteur londonien.

“Alors que ses précédentes œuvres, à savoir la série Girls et le film Tiny Furniture [2010, resté inédit en France], exploraient les méandres de la maladresse et de l’embarras, Too Much propose une vision plus douce et plus optimiste de l’existence, même si Dunham conserve son goût pour la satire. Le résultat est peut-être l’une des meilleures séries de l’année”, applaudit encore The New Yorker. La revue a particulièrement apprécié les “dialogues désarmants et les scènes émouvantes” entre les deux tourtereaux, dont la romance démarre très rapidement.

TOO MUCH | Official Trailer | Netflix

Mais l’enthousiasme n’est pas partagé par l’ensemble des critiques : la déception de certains peut s’expliquer aussi par de trop grandes attentes, huit ans après Girls, qui avait fait de Dunham une “star et parfois une des cibles préférées des critiques”. The New York Times par exemple juge que “Too Much est loin d’afficher le même degré de profondeur et de complexité [que Girls], et il s’en dégage une joie plus éclatante dans la plupart de ses moments les plus convenus”. Il ajoute :

“La série est aussi diaphane que les robes de nuit de Jessica, étonnamment longue et largement inconsistante.”

Ainsi, “alors que l’histoire entre Felix et Jessica avance à pas de géant, la série elle-même ne suit pas ce rythme et se répète beaucoup au fil de ses dix épisodes, de 31 à 56 minutes, avant une ultime accélération à la toute fin”, écrit encore le quotidien new-yorkais.

Une Américaine à Londres

Les Britanniques ont-ils plus apprécié de voir leur capitale représentée à l’écran par l’Américaine ? Pas tout à fait. Ni les caméos prestigieux plutôt réussis (Naomi Watts, Kit Harington, Andrew Scott, Rita Ora, Jessica Alba, Jennifer Saunders et Stephen Fry), ni les clins d’œil à des références culturelles comme Love Actually ou Emily Brontë et Jane Austen (qui obsèdent l’héroïne) n’ont suffi à convaincre The Guardian.

Le journal reconnaît qu’“il y a quelques bonnes répliques (“Je veux rendre le monde meilleur pour les enfants que je ne veux pas avoir et que je ne serai peut-être jamais prête à avoir”) ainsi que de jolies trouvailles (Jessica regardant des émissions de télé mettant en scène la vie de gens encore plus perdus qu’elle pour trouver le sommeil), mais le fait est qu’on trouverait déjà Too Much un peu court si la série était signée de n’importe qui – alors, de la part de Lena Dunham, on est vraiment loin du compte.”

Lena Dunham, fine observatrice

The Daily Telegraph rejoint ce point de vue : si “la série est mordante, maligne et souvent drôle”, elle reste “une comédie romantique très autocentrée avec le protagoniste masculin le plus pleurnichard” qui soit.

Et le quotidien de faire des parallèles avec l’œuvre de Richard Curtis, le scénariste des films britanniques cultes Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill et Love Actually, citée à plusieurs reprises. “Too Much est une étrange hybridation avec des scènes à la Girls où des gens se crachent dans la bouche pour s’émoustiller, et des touches de comédie à la Curtis avec litanie de doléances d’une demoiselle d’honneur de la haute société”, juge-t-il.

The Times établit la même comparaison, estimant qu’“on retrouve encore beaucoup de l’humour noir de Dunham et de son côté brut de décoffrage, mais l’impression générale est celle d’un Fleabag sous influence de Richard Curtis”. Selon le quotidien, toutefois, cette série est une “vraie joie”.

Un enthousiasme partagé par le Financial Times qui estime de son côté que “Dunham n’a rien perdu de son talent d’observatrice : les ‘créatifs’ se défendent toujours d’avoir été en école privée. Il n’est jamais judicieux de prendre de la coke avec son patron. Et il est vrai que les Londoniens vous saluent d’un ‘il faut absolument qu’on se voie !’ avant de complètement disparaître de votre vie.”