À Strasbourg, le tarif plein d’une entrée à la piscine est fixé à 6 €, après une augmentation en octobre dernier. Un prix élevé, le plus haut des 11 plus grandes villes de France. Contactée à ce sujet, la Ville le justifie par un vrai effort réalisé sur la tarification solidaire, qui propose des tarifs très bas dans ses services publics pour une bonne partie des Strasbourgeois(es).
À Strasbourg, piquer une tête peut vite coûter un bras. Alors que les températures ont été à la limite du supportable la semaine dernière, et qu’on annonce pour ce week-end un thermomètre aux alentours des 30 degrés, de nombreux/ses Strasbourgeois(es) voudront à nouveau plonger dans les 5 piscines de la ville [sur un total de 8 dans le territoire de l’Eurométropole, ndlr].
Mais forcément, à l’heure de plonger la tête dans l’eau, une question remonte à la surface : celle des tarifs, notamment celui du ticket 1 entrée, qui a augmenté en octobre dernier. Un tarif de 6€, qui semble élevé, et qui peut représenter un frein à la pratique de la natation pour certain(e)s. On est donc allé comparer avec les autres collectivités françaises, avant de chercher des réponses en contactant la Ville de Strasbourg.
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Ça coûte combien d’aller à la piscine à Strasbourg ?
Avant d’entrer dans le détail, reposons les bases. Strasbourg possède 5 piscines : Hautepierre, Kibitzenau, Robertsau, Wacken et les Bains municipaux. L’offre est ensuite complétée dans l’Eurométropole par la piscine de Schiltigheim, celle de Lingolsheim et celle d’Ostwald [celle de la Hardt, à Illkirch, étant actuellement fermée, ndlr]. Au niveau des tarifs, l’entrée est à 6 €, le pass 10 entrées valable 1 an à 40 € et l’abonnement annuel à 215 €.
Il y a également des tarifs selon le quotient familial, utilisé pour la tarification solidaire remodelée en octobre dernier, pour lequel le tarif de l’entrée varie entre 1 et 4 €, celui du pass 10 entrées valable 1 an de 8 à 25 € et celui de l’abonnement annuel de 40 à 125 €. D’ailleurs, si ces tarifs sont exactement les mêmes que ceux pratiqués aux Bains municipaux, seule piscine strasbourgeoise de l’hyper-centre, les prestations achetées dans les 7 autres piscines ne sont pas utilisables aux Bains, sauf l’abonnement annuel.
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Une analyse comparative chiffrée
Si le prix d’entrée peut sembler élevé, ce n’est pas seulement une vue de l’esprit : notre ville est celle où aller à la piscine coûte le plus cher parmi les 11 plus grandes villes de France. Dans le détail :
- Paris : 3,50 € l’entrée pour 41 piscines. Le pass 10 entrées et l’abonnement annuel, équivalent à 4 abonnements trimestriels, sont moins chers.
- Marseille : 3 € l’entrée pour 14 piscines. La carte 10 entrées est deux fois moins chère qu’à Strasbourg, et l’abonnement annuel est lui aussi moins cher.
- Lyon : 4 € pour 6 piscines ouvertes toute l’année, plus 5 autres selon les saisons. La carte 10 entrées est moins chère qu’à Strasbourg.
- Toulouse : 3,40 € pour 12 piscines, 4,40 € pour les non-Toulousain(e)s. Là encore, l’abonnement annuel est moins cher.
- Nice : entre 3 € et 4,10 € pour 9 piscines. L’abonnement annuel est plus cher qu’à Strasbourg dans la piscine olympique, mais moins cher dans le reste des piscines de la ville.
En réalité, si les gens devaient payer le véritable tarif plein, ils devraient payer 12 € ou plus.
Syamak Agha Babei, 1er adjoint
- Nantes : 4,50 € pour la piscine la plus chère, sur un total de 6 piscines. Seule ville du top 11 des plus grandes villes où l’abonnement annuel est plus cher qu’à Strasbourg.
- Montpellier : 5,10 € mais 7,20 € pour la piscine olympique sur un total de 14 piscines. Abonnement annuel moins cher.
- Bordeaux : 3,70 € l’entrée, et 5,70 € pour les non-Bordelais(es) pour 5 piscines. Le carnet 10 entrées est moins cher, celui à 50 entrées, soit à peu près une année, coûte lui deux fois moins cher.
- Lille : 2,50 € et 4 € pour les non-Lillois(es) pour 3 piscines à même la ville. Le carnet 10 entrées est moins cher et l’abonnement annuel est largement moins coûteux pour les habitant(e)s de Lille.
- Rennes : 5,60 € l’entrée pour 4 piscines. Mais la ville est moins avantageuse que Strasbourg, car elle ne fait pas de carnet 10 entrées.
Ainsi, à une grande majorité, et si l’on est un(e) nageur/se occasionnel(le), il est nettement plus avantageux d’aller piquer une tête dans les autres grandes métropoles françaises. Pour trouver une ville où les piscines coûtent plus cher qu’à Strasbourg, il faut regarder du côté de nos voisins nancéiens : à Nancy, le ticket d’entrée coûte 6,45 €.
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Pour la Ville, une politique tarifaire qui intègre de la tarification solidaire
Côté Ville et Eurométropole, en plus de mettre en avant les cartes 10 entrées et l’abonnement annuel qui permettent de lisser les coûts, on justifie principalement cette politique tarifaire par l’importance de la tarification solidaire, complètement refondée en octobre dernier pour inclure bien plus de Strasbourgeois(es) qu’auparavant et faire que chacun(e) puisse payer selon ses moyens.
Syamak Agha Babaei met alors en avant « les tarifs réduits pratiqués, probablement parmi les plus bas, dans une ville où 25 % des gens vivent en-dessous du seuil de pauvreté ». Une tarification solidaire pour les piscines qui intègre également des activités comme les bébés nageurs, les cours et les stages de natation, l’aquagym ou encore l’aquabike.
Par ailleurs, il explique que, pour les piscines comme les autres services publics, personne ne paye vraiment un tarif plein : « Même pour les gens qui payent le tarif plein, c’est la collectivité qui participe aussi pour rendre le tarif abordable. En réalité, si les gens devaient payer le véritable tarif plein, ils devraient payer 12 € ou plus. »
Pour les piscines, le coût annuel en fonctionnement est de 17,5 millions d’euros, tandis que les recettes s’établissent seulement à 3,25 millions. La collectivité prend donc à sa large une grande part de financement de son service public.
On peut penser que c’est trop, mais pour moi c’est le juste prix.
Syamak Agha Babei, 1er adjoint
Il développe également l’augmentation de ce tarif en octobre dernier : « La logique de Strasbourg, c’est avoir une offre tarifaire qui intègre de la tarification solidaire. J’assume le fait qu’il faille monter un certain nombre de tarifs, si dans le même temps on étend la tarification solidaire. »
Et s’il assure « comprendre qu’on ne soit pas content », il assume : « Je comprends qu’on râle, mais un service public de qualité se finance également, surtout lorsque la tarification solidaire couvre une bonne partie de la population. » Dommage que, sur le sujet, le 1er adjoint ne possède pas les chiffres exacts des personnes aujourd’hui concernées par la tarification solidaire.