Par
Clément Mazella
Publié le
11 juil. 2025 à 17h42
« Manque de respect », « indignation », « vive inquiétude » : plusieurs clubs de Nationale et Fédérale ont été vent debout au sujet de la composition des poules établie par la FFR pour la saison 2025-2026. Une colère qui a fait grand bruit, mais face à laquelle l’instance fédérale n’a pas cédé. Xabi Etcheverry, vice-président à la FFR en charge des compétitions et du rugby amateur, s’est exprimé auprès d’Actu Rugby pour dévoiler comment les poules de ces divisions avaient été faites, mais aussi les arbitrages. La part des mécontents est au final infime, et le Basque avoue avoir reçu des messages positifs, preuve d’un travail peut-être pas si mal fait que cela… Entretien.
Actu : Expliquez-nous quelle a été la réflexion et la méthodologie de la FFR pour constituer les poules de Nationale 2, Fédérale 1, Fédérale 2 et Fédérale 3 qui ont généré quelques tensions ? On imagine bien que ce fut un sacré casse-tête…
Xabi Etcheverry : Vous imaginez bien ! Cela ne fut vraiment pas simple. La constitution des poules repose sur 5 critères principaux. Le premier, c’est bien sûr la situation géographique des clubs. Le deuxième, c’est d’essayer de maintenir tant que faire se peut des derbies. La troisième, c’est d’essayer de tenir compte des arbitrages défavorables qui ont pu être faits la saison précédente. Chaque saison, certains clubs le sont, et on essaie de ne pas reproduire cela pour un club d’une saison sur l’autre. Le quatrième, c’est de tenir compte des doléances des clubs. Mais nous ne pouvons pas répondre favorablement à chacune des demandes, c’est impossible. La cinquième, c’est d’essayer d’avoir un équilibre global sur l’ensemble de la compétition. Construire des poules, c’est construire un puzzle, et il suffit de bouger une pièce pour que l’ensemble soit déséquilibré. Il faut bien avoir tout cela en tête.
Malgré toute la bonne volonté du monde, il semble impossible de satisfaire tout le monde…
X.E : Exactement ! Notre souhait le plus fort serait de satisfaire 100% des clubs. Mais c’est un leurre, c’est impossible. Nous essayons de faire du mieux possible, pour avoir le moins de mécontents. 100% de clubs contents, ce n’est pas possible. Chaque saison apporte son lot de mécontents. Je tiens à préciser une chose : in fine, les mécontents représentent 0,2% de l’ensemble des clubs. Soit une grosse douzaine d’équipes. Il est bien de dire aussi que nous avons reçu des messages de clubs très contents. Malheureusement, ils font moins de bruit. Notre travail n’a pas été si mal fait que cela…
Quand vous êtes contraint de faire des arbitrages, comment procédez-vous ? Que prenez-vous en compte en priorité ?
X.E : Nous essayons, dans la mesure du possible, de ne pas reproduire un arbitrage défavorable d’une saison sur l’autre. Le second point, c’est que certains clubs sont mécontents de leur poule, mais peut-être sans trop de raison non plus. Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que quand nous sommes en Nationale, Nationale 2, Fédérale 1 voire Fédérale 2, il faut s’attendre à voyager. Moins il y a de clubs dans le niveau de compétition, moins le maillage est important, et plus la chance d’avoir de longs voyages est d’actualité. C’est avant tout géographique.
Peu de contestataires, mais beaucoup de bruit
Ce n’est pas votre première année à ce poste de vice-président en charge des compétitions. Avez-vous remarqué une contestation plus vive et vindicative cette saison ?
X.E : Le nombre de clubs mécontents n’est pas plus important. Par contre, ce qui est certain, c’est qu’ils ont fait plus de bruit. La mode est apparemment aux communiqués, voire aux communiqués très vindicatifs pour certains d’entre eux.
Un communiqué a beaucoup fait parler : celui rédigé conjointement par les clubs d’Auch, Fleurance et Lannemezan. Ils ont menacé de « forfaits » pour certains déplacements. Y avez-vous vu une certaine forme de chantage ?
X.E : Je ne sais pas si la volonté de ces clubs était de faire du chantage, mais quoi qu’il en soit, ça n’allait pas marcher. Ce n’est ni la manière de fonctionner de la FFR, ni la mienne. Ce que je sais, c’est que s’ils vont au bout de leur démarche, au-delà de bafouer l’équité de la compétition, ils vont aussi faire du mal aux clubs où ils ne se rendront pas. Ce sont des recettes, des matchs à jouer en moins pour ces derniers, et eux auront fait le déplacement chez ces clubs contestataires. J’en appelle à la responsabilité de chacun.
Ils menaçaient aussi d’intenter une action en justice, voire de saisir le CNOSF. Avez-vous des informations à ce sujet ?
X.E : Je n’ai pas de nouvelles concernant ces éventualités-là.
Les critiques envers la FFR
Ces clubs ont tenu des mots très durs envers la FFR, et pointé notamment du doigt « du copinage ». Comment avez-vous accueilli ces propos ?
X.E : Très mal ! A minima, c’est maladroit. Je pense plutôt que c’est irrespectueux de la FFR, et par ricochet de ses membres. In fine, c’est inadmissible.
Vous êtes vous senti ciblé, visé par ces attaques, en tant qu’ancien président du club basque de Nafarroa ?
X.E : Je ne sais pas qui ces clubs me ciblaient. Ce que j’observe, c’est que la composition des poules faites par mes prédécesseurs, qui n’étaient pas basques, ne plaçait pas les clubs basques avec des formations du Lyonnais ou du Sud-Est.
Xabi Etcheverry, vice-président à la FFR en charge des compétitions et du rugby amateur, s’est expliqué auprès d’Actu Rugby. (©Icon Sport)L’impact des déplacements sur les budgets des clubs
Les clubs mécontents évoquaient notamment que ces longs déplacements allaient les mettre à mal sur le plan financier. Est-ce le cas, et la partie déplacement a-t-elle autant d’impact sur les budgets des clubs ?
X.E : Que l’on soit clair : le budget des transports a une part importante, mais pour un budget d’un club de Nationale 2, c’est de l’ordre de 2 à 10% au maximum du budget global. J’ai du mal à croire que ce soit cela qui mette à mal les finances d’un club. Il y a peut-être d’autres postes où il est tout à fait possible de faire des économies d’ordre beaucoup plus important.
Comme la masse salariale, mise en avant par le président Florian Grill lors de l’Assemblée Générale de Clermont de début juillet…
X.E : C’est un très bon exemple (rires). Je pense que c’est une réalité…
Le président Grill avait aussi dit en février 2024 que les clubs vivaient au-dessus de leurs moyens… Toujours d’actualité ?
X.E : On peut penser que oui. Si des clubs sont tenus à dénoncer une éventuelle hausse du budget transport, cela veut dire que sur d’autres lignes de budget, les prévisions sont trop hautes. Et disons le clairement : sur la masse salariale. Elle est souvent la ligne la plus importante des clubs.
Est-ce que les clubs contestataires ont un espoir de voir leurs requêtes aboutir et de voir leur poule bouger ? Ou tout est-il déjà entériné ?
X.E : Il n’y a plus aucun espoir de modification des poules ! Elles ont été présentées et votées en marge du congrès de Clermont. Elles sont définitivement entérinées.
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