Par Luc Bourrianne

La France est désormais vue par la Russie comme son « principal adversaire en Europe ». La phrase lâchée par le général Thierry Burkhard (chef d’État-major des armées françaises) n’est pas une surprise. L’animosité croissante de Vladimir Poutine en atteste. En revanche, que le plus haut responsable militaire du pays se fasse l’écho de cette menace, révèle l’imminence du danger et, peut-être, certaines craintes sur nos moyens d’y résister.

Il n’est pas ici question de capacités militaires, de missiles ou de porte-avions. Sur ce terrain-là, fort heureusement, la France n’est pas une proie facile pour Poutine. Qualifiée de « puissance de nuisance » par Thierry Burkhard, la Russie est en revanche capable de plonger en eaux profondes pour saboter nos infrastructures sous-marines ou de s’élever dans l’espace pour gêner l’usage de nos satellites. Dans les deux cas, elle s’en prend à nos moyens de communication. Et si cela ne suffit pas, la Russie peut compter sur sa spécialité la plus redoutable : la désinformation.

Pierre angulaire de la stratégie russe de déstabilisation des démocraties, l’infox est un outil contre lequel les sociétés occidentales sont démunies. Des années de communautarismes numériques ont détricoté l’esprit critique, la confiance dans des relais d’informations sûrs et indépendants. En exprimant publiquement ses certitudes relatives à l’hostilité russe, le chef d’État-major des armées françaises tente de prévenir les Français du péril qui les guette. Sur le front de l’information, la guerre a déjà commencé.