Si l’on en croit les indiscrétions du Financial Times, l’intérêt d’Apple pour la Formule 1 ne serait pas né de nulle part. Depuis plusieurs années, le groupe américain investit massivement dans le sport en direct, cherchant à étoffer son offre Apple TV+ pour rivaliser avec Amazon, Netflix ou Disney+. Après avoir décroché les droits mondiaux de la Major League Soccer (MLS) et des matchs de baseball (MLB), Apple viserait un coup de maître : s’imposer sur le terrain du sport automobile, l’un des rares spectacles capables de fédérer une audience mondiale, jeune, technophile et fidèle de 1,5 milliards de spectateurs.

Pourquoi Apple s’intéresse à la F1 ?

Un autre élément alimente la spéculation : Apple a effectivement produit « F1 : le film », une superproduction hollywoodienne réalisée par Joseph Kosinski avec Brad Pitt, sortie en juin 2025. Ce projet, mené en partenariat avec la Formule 1, Mercedes et la FIA, a permis à Apple de tisser des liens étroits avec l’écosystème du paddock et de jauger l’attrait mondial de la discipline. Il serait donc logique que la marque cherche à capitaliser sur cette dynamique, en proposant à ses abonnés une expérience F1 enrichie et exclusive. Autre point intéressant, après dix jours d’exploitation le film atteint 293 millions de dollars de recettes et devient le plus gros succès d’une production Apple dans le monde.

Aucune communication officielle n’a filtré, mais plusieurs sources affirment donc qu’Apple aurait proposé un contrat de diffusion mondiale du championnat à partir de 2029, pour un montant qui dépasserait les 2 milliards de dollars annuels. Ce chiffre, s’il se confirmait, représenterait presque le double des revenus actuels de la F1 issus des droits TV, estimés à 1,1 milliard de dollars en 2023. Il dépasserait largement les contrats signés avec Sky au Royaume-Uni, Canal+ en France ou ESPN aux États-Unis, qui verrouillent aujourd’hui la diffusion dans leurs pays respectifs.

La stratégie d’Apple serait de proposer la F1 en streaming sur Apple TV+, avec une expérience utilisateur très moderne : choix des caméras embarquées, données télémétriques en temps réel, statistiques enrichies, accès multi-écrans, et intégration poussée à l’écosystème Apple (iPhone, iPad, Apple TV, Vision Pro). Ce modèle, déjà amorcé avec la MLS et la MLB, permettrait à Apple de fidéliser une base d’abonnés mondiale, tout en s’imposant comme un acteur central du sport en direct.

Un contrat pas si simple à négocier

Mais rien n’est fait, loin de là. Le principal écueil réside dans la mosaïque de contrats existants : dans de nombreux pays, les droits de la F1 sont verrouillés jusqu’en 2029, voire au-delà, par des chaînes nationales ou des groupes audiovisuels majeurs. Impossible, donc, pour Apple de proposer une offre exclusive mondiale avant l’expiration de ces accords. Il faudrait composer avec des exceptions pays par pays, négocier des sous-licences, ou attendre la fin des contrats. Un casse-tête juridique et commercial, d’autant que certains marchés imposent la diffusion en clair de certains Grands Prix (France, Royaume-Uni…), pour garantir l’accès du public aux événements majeurs.

Autre défi : l’accessibilité. La F1 a bâti sa popularité sur une exposition gratuite ou peu chère, via la télévision traditionnelle. Passer à une diffusion principalement payante et numérique risque de priver une partie du public, notamment les plus âgés ou ceux qui ne souhaitent pas multiplier les abonnements. Ce point est d’autant plus sensible que la fragmentation des droits sportifs oblige déjà les fans à jongler entre plusieurs plateformes pour suivre l’ensemble des compétitions.

Si ce projet aboutissait, la Formule 1 deviendrait le premier grand championnat à basculer sur une plateforme technologique mondiale, avec une expérience enrichie mais un accès plus restreint.