«Nous n’avons pas attendu que la mairie de Paris se lance pour y réfléchir », lance d’entrée la ville de Bordeaux, qui s’est déjà penché sur d’autres exemples internationaux comme celui de Québec où la baignade s’organise dans le Saint-Laurent. A Lyon, Pierre Athanaze, vice-président de la métropole, en charge notamment de la nature en ville, fait valoir le modèle de voisins européens comme Copenhague ou Zurich.
Reste que le lancement ce samedi de la baignade dans la capitale, cadeau coûteux hérité des Jeux olympiques, relance l’intérêt des citadins, très en demande de lieux pour se rafraîchir alors qu’une canicule a déjà frappé l’Hexagone, en tout début de saison estivale. A Lyon, Bordeaux et Toulouse des études ont été lancées mais les perspectives paraissent plus compliquées sur la Garonne que sur la Saône.
S’éloigner des eaux vives pour préserver la sécurité
A la demande de la ville de Lyon, de Villeurbanne et des communes du val de Saône, la métropole lyonnaise a étudié la « baignabilité » de 21 sites, en retenant in fine cinq avec « des contraintes moyennes ». Alors que les baignades « sauvages » sont assez fréquentes, l’aménagement d’un site sur la darse (sorte de bassin abrité) dans le quartier de Confluence est en bonne voie.
D’ici 2027, la ville et la Métropole de Lyon envisagent de créer une zone de baignade dans le quartier de Confluence. (visuel illustratif non conforme) - ArtefactoryLab
Il est prévu d’y aménager une zone de baignade d’ici 2027. « C’est une entrée de la Saône un peu à l’abri mais le problème peut être un manque de renouvellement de l’eau qui se traduit par de la turbidité [eau trouble] », pointe Pierre Athanaze. Les deux autres sites étudiés sont situés sur le Rhône, à hauteur de la confluence avec la Saône, au niveau de Rochetaillée et Albiny. L’investissement pour le site de Confluence est évalué entre 1,5 et deux millions d’euros.
A Bordeaux, une des deux pistes à l’étude est aussi une zone à l’écart des tumultes de la Garonne, aux Bassins à flot. « Mais on est en milieu semi-fermé donc la qualité des eaux doit être soumise à un contrôle strict, commente la ville. Elle a été analysée en 2019 et était dans les normes, mais cela devrait être bien sûr confirmé par des analyses récentes. » Le coût de ce projet n’est pas encore arrêté mais avoisinerait les 2 à 3 millions d’euros.
La Garonne, un fleuve indomptable ?
Pour Bordeaux et Toulouse, l’enjeu n’est pas la dépollution de la Garonne (comme pour la Seine) mais « des contraintes de débit et de marnage ». Le flux de marée entraîne un débit extrêmement fort. « Celui-ci est de 600 à 1.000 m3 par seconde en moyenne avec des pointes à 5.000 m3/s lors des épisodes de crues, fait valoir la ville de Bordeaux. Par comparaison la Seine à Paris propose un débit de 220 m3/s et la Saône à Lyon de 410 m3/s. »
Bordeaux étudie néanmoins la possibilité d’installer une zone de baignade dans le lit du fleuve. « Cela suppose la création de rideaux de protection pour atténuer le courant et dévier les principaux embâcles, la pose de pontons, passerelles et d’un filet de sécurité, mais aussi un entretien de dragage », énumère la collectivité. Le budget est alors d’environ 10 millions d’euros, contre 7 millions pour le site installé sur le quai de Bercy, à Paris.
A Toulouse, on est beaucoup plus sceptique sur la crédibilité d’une telle installation et l’étude n’est même pas aller jusqu’à une estimation. La municipalité assure cependant que le projet n’est pas définitivement enterré. « On est encore à l’affût de solutions, assure-t-elle. Mais si on le fait, ça va coûter très cher et peu de gens vont se baigner, c’est très discutable. » Devant l’instabilité de la Garonne, la ville préfère faire valoir la base de loisirs de La Ramée, installée à trente minutes du centre de Toulouse. « Les JO ont fait croire qu’on pouvait se baigner dans tous les fleuves », glisse-t-on place du Capitole, où l’on est définitivement peu emballé par l’idée d’une plage en ville.
Si les projets semblent plus avancés dans le Rhône et en Gironde, tous les obstacles ne sont pas levés. A Lyon, deux des trois gestionnaires du fleuve restent à convaincre totalement et à Bordeaux, l’autorisation du Grand port maritime de Bordeaux, incluant des feux verts environnementaux restent à décrocher.