• Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron ont annoncé, jeudi 10 juillet, qu’un accord migratoire entre les deux pays devrait entrer en vigueur dans « les prochaines semaines ».
  • Ce texte, qui doit encore être examiné par la Commission européenne, a suscité de vives polémiques en France, notamment chez les LR et au sein du monde associatif.

C’est un accord qui est loin de faire consensus. Jeudi 10 juillet, le Premier ministre Keir Starmer (nouvelle fenêtre) et le président français Emmanuel Macron ont annoncé, lors d’une conférence de presse, un accord sur un « projet pilote » pour un échange de migrants avec la France, qui devrait rentrer en vigueur dans « les prochaines semaines », après examen par la Commission européenne. 

L’accord repose sur le principe de « un pour un » et prévoit que pour chaque renvoi en France d’un migrant arrivé au Royaume-Uni clandestinement, Londres s’engage à accepter un migrant se trouvant en France et exprimant sa volonté, via une plateforme en ligne, de s’installer au Royaume-Uni et justifiant de liens avec ce pays. Cet accord, qualifié de « révolutionnaire » par Starmer, fait pourtant polémique en France, entre critique de la droite et levée de boucliers des associations.

Un « mauvais accord pour la France », dénonce Xavier Bertrand

L’accord a été mal accueilli par une partie de la classe politique française. Invité sur BFMTV-RMC (nouvelle fenêtre) ce vendredi 11 juillet, Xavier Bertrand (nouvelle fenêtre), président LR des Hauts-de-France, a exprimé son opposition. « Tel qu’il est aujourd’hui, tel qu’il est présenté, cet accord est mauvais pour la France », dénonce-t-il. Selon lui, le Royaume-Uni bénéficiera de « l’immigration choisie » tandis que la France endurera une « immigration subie ». « Avec Natacha Bouchart [maire LR de Calais], et avec les maires du littoral, nous comptons écrire à Bruno Retailleau (le ministre de l’Intérieur, NDLR) pour lui dire très clairement que ce n’est pas possible », a-t-il prévenu. 

Natacha Bouchart, justement, s’est insurgée sur Franceinfo (nouvelle fenêtre) jeudi soir d’un « mépris national ». « On va se retrouver dans un étau, car on a aujourd’hui du mal à gérer la problématique du passage, des arrivées, et maintenant, on va devoir gérer les migrants que le gouvernement britannique aura choisi de renvoyer en France. Et quand on dit en France, ce n’est pas à Paris, à Marseille ou au Touquet, ça va être sur Calais, sur Grande-Synthe », a poursuivi cette dernière. 

Lire aussi

Emeutes anti-immigration en Irlande du Nord : que se passe-t-il à Ballymena ?

Le monde associatif s’oppose également au projet. L’ONG Médecins sans frontières a jugé que ce projet n’était « pas seulement absurde », mais « aussi extrêmement dangereux ».

L’ONG Care4Calais, citée par Libération (nouvelle fenêtre), a quant à elle dénoncé « un accord sordide » qui s’accompagne « d’un échange de vies humaines. Un accord qui sera probablement coûteux, qui rendra la vie plus difficile aux personnes en quête de sécurité au Royaume-Uni, mais qui ne s’attaquera pas à la cause profonde des traversées : le manque d’itinéraires sûrs ».

Au Royaume-Uni, l’annonce a aussi suscité des critiques. Sur le réseau social X, Nigel Farage, fondateur du Parti eurosceptique et anti-immigration UKIP, a dénoncé une « humiliation ». « Nous avons agi comme un membre de l’Union européenne et nous sommes inclinés devant un président français arrogant », a écrit ce dernier.

Pour rappel, plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l’année, un niveau record.

Athenais CORNETTE DE SAINT CYR