Par

Antoine Grotteria

Publié le

12 juil. 2025 à 12h02

Les barrières et le ciel riment de métal. En cette matinée du lundi 7 juillet 2025, un rideau de pluie a recouvert la place de la Concorde, dans le 8e arrondissement de Paris. Pas de quoi décontenancer les nombreux touristes, ébahis devant cette vitrine historique et symbolique de la capitale. En pleine métamorphose, l’ancien lieu royal n’oublie pas les fondamentaux : l’aménagement des tribunes pour le défilé militaire du 14-Juillet. Rite quasi immuable depuis la fin du 19e siècle, cet événement participe de la mythologique afférant à la République. Le tableau doit être parfaitement exécuté. En son sein, les milliers de participants n’ont pas d’autre choix que d’être placés sur une scène immaculée. Mais ce décor n’est pas le fruit du hasard. Il impose cinq semaines de labeur. Actu Paris a pu pénétrer dans ce grand chantier, qui doit s’achever ce dimanche 13 juillet 2025, à la veille de la Fête nationale.

Une tribune officielle uniquement déployée lors du 14-Juillet

Longue de 92 mètres et parée de voiles bleues, blanches et rouges, la tribune officielle peut difficilement passer inaperçue. Et pour cause, elle accueillera ce lundi plusieurs chefs d’État, dont Emmanuel Macron, les membres du gouvernement et les plus éminentes fonctions de la République. « La tribune que vous voyez est utilisée une seule fois par an », glisse à actu Paris Patricia Vestris, cheffe du pôle commémorations à la Direction de la mémoire, de la culture et des archives du ministère de la Défense.

Depuis trois décennies, l’architecture, qui pèse plusieurs centaines de tonnes, est transportée d’une base militaire, où elle est stockée, jusqu’à la place de la Concorde. « On utilise 16 à 18 camions pour charrier l’édifice », indique José Dupressoir, cogérant de l’entreprise Normandie Structures, chargée de l’accompagnement et de l’installation de la tribune officielle. Le protocole ne représente pas une mince affaire.

« Tout est millimétré. On doit faire preuve de précision, de concentration et de rigueur. Et le moindre problème occasionne une réponse immédiate »

Patrica Vestris
Cheffe du pôle commémorations à la Direction de la mémoire, de la culture et des archives du ministère de la Défense

Illustration en 2020. Le cahier des charges avait été bouleversé en amont du défilé en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19. Des 25 000 invités initiaux, seules restaient 5 000 personnes in fine. De ce fait, la tribune officielle avait été déplacée.

Le moindre soubresaut peut modifier les plans initiaux. Une caractéristique qui confère aux techniciens impliqués dans le projet un rôle primordial. C’est notamment le cas du bureau d’études chargé des études géotechniques et topographiques. « Des canalisations de gaz et d’eau, de la circulation entre les fontaines, du métro… Le sol bouge assez rapidement », contextualise l’architecte Sylvain Pasquier, qui pilote le chantier pour la maîtrise d’œuvre (MOE).

Plusieurs centaines de tonnes, des structures en béton... La tribune officielle est un modèle d'ingénierie.
Plusieurs centaines de tonnes, des structures en béton… La tribune officielle est un modèle d’ingénierie. (©AG/ actu Paris)

Le centre de la place de la Concorde est effectivement constellé de petits creux. Pour stabiliser l’énorme structure, les ouvriers placent des blocs de béton surélevés par des palettes en bois. L’assemblage relève de l’ingénierie. « Les conditions météorologiques peuvent également nous jouer des tours. Il faut donc qu’on soit très précis », martèle José Dupressoir.

Un démontage express

De l’autre côté de la place de la Concorde, au bas de l’avenue des Champs-Élysées, sont érigées deux tribunes capables d’accueillir plus de 18 000 personnes. Contrairement à la tribune officielle, elles s’avèrent modulables. Pour les personnes en situation de mobilité réduite, comme certains anciens combattants- des rampes parsèment le parcours.

« On ne stigmatise pas. C’est du cas par cas. Il y a la règle et l’esprit »

Sylvain Pasquier
Architecte chargé du chantier

Des milliers d’invités se réuniront sur la plus célèbre artère parisienne en fin de matinée. Puis viendra le temps du démontage. Rendez-vous vers 5 heures, le 15 juillet, pour les équipes de Normandie Structures. En quelques heures, il faut que la place de la Concorde soit vidée et accessible aux piétons, aux cyclistes et aux voitures. En attendant la prochaine édition, en 2026.

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