© Shutterstock – À l’heure où l’inflation impacte directement le pouvoir d’achat des Français, les conséquences de cette crise se font sentir dans des domaines inattendus.
En Île-de-France, près d’un habitant sur trois choisit désormais de ne plus déclarer certains sinistres à son assurance, selon une enquête menée par l’institut Poll&Roll pour l’assureur digital Leocare.
Cette étude, réalisée fin mars 2025 auprès d’un échantillon représentatif de la population francilienne, met en lumière un comportement en pleine mutation : pour de nombreux assurés, déclarer un sinistre ne va plus de soi. En cause, des démarches jugées trop lourdes, mais surtout, la peur de voir sa prime d’assurance augmenter.
Un contexte d’inflation qui pèse lourdement sur les assurés
Depuis le début de l’année, les primes d’assurance ont connu une hausse significative. Selon les chiffres avancés par Leocare, l’assurance habitation a augmenté de 8 à 12 %, tandis que les contrats auto ont subi une hausse moyenne de 4 à 6 %. Dans un contexte où les dépenses contraintes — logement, énergie, alimentation — accaparent une part croissante du budget des ménages, ces augmentations passent mal.
Pour de nombreux Franciliens, cela signifie faire des choix. Et certains de ces choix concernent directement la « . Ainsi, 31 % des sondés reconnaissent avoir renoncé à signaler un ou plusieurs sinistres au cours des derniers mois. Un chiffre significatif, qui montre à quel point la crainte d’une hausse de cotisation peut l’emporter sur le recours à un service pourtant essentiel.
Une décision réfléchie plus qu’un acte de fraude
Contrairement à la fraude à l’assurance, qui implique de fausses déclarations ou la dissimulation volontaire d’éléments pour en tirer profit, le phénomène mis en évidence ici relève davantage d’un arbitrage personnel, souvent dicté par des considérations économiques. Ainsi, 46 % des répondants affirment peser le pour et le contre avant de signaler un incident à leur assureur. Et dans plus de la moitié des cas, ce calcul aboutit à une non-déclaration.
Les incidents les plus fréquemment tus sont souvent considérés comme mineurs : frottement contre un trottoir, impact sur un pare-brise, petite infiltration d’eau ou panne d’un appareil électroménager. Autant de désagréments qui, pris isolément, peuvent sembler anodins, mais dont l’accumulation ou l’aggravation peut engendrer des coûts importants.
Des démarches jugées dissuasives
Par ailleurs, les lourdeurs administratives sont régulièrement pointées du doigt. Plus de 60 % des Franciliens interrogés estiment que les démarches liées à une déclaration sont trop compliquées ou trop longues. L’attente d’un rendez-vous, les justificatifs à fournir, le passage d’un expert… autant d’étapes perçues comme des freins, notamment pour des sinistres jugés mineurs.
Ce constat est d’autant plus inquiétant que 65 % des assurés affirment qu’ils déclareraient davantage leurs sinistres si cela n’entraînait pas une augmentation de leur prime. Un signal fort envoyé aux assureurs, qui devront repenser leur approche s’ils veulent restaurer la confiance.
Pour Christophe Dandois, cofondateur de Leocare, cette tendance, si elle se généralise, risque d’affaiblir le principe même de l’assurance : “Ce comportement met en danger l’équilibre du modèle mutualiste. Un sinistre mineur non déclaré peut se transformer en un dégât majeur, non couvert, qui coûte plus cher à l’assuré et affaiblit la logique de solidarité entre cotisants.”