Le nom est trompeur. (La)Horde n’est que trois. Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel, trio de chorégraphes infusés de web culture et de réseaux sociaux, à la tête du Ballet national de Marseille depuis 2019.

Le nom est trompeur. Mais peut-être pas tant que ça, tant la danse de (La)Horde se nourrit de l’effet de meute.

Le groupe est évidemment l’essence même d’un ballet. Mais chez ces trois-là, les allers et retours entre solitude du danseur et retrouvailles de la troupe, comme une marée perpétuelle, semblent au cœur même du propos. Tout comme la culture des réseaux sociaux qui nourrit leurs chorégraphies. Au point, par exemple, d’avoir recruté des danseurs via Facebook pour leur pièce To Da Bone en 2018.

Jeux vidéos, réseaux sociaux et culture séries

Ce vendredi soir pour Age of Content, originellement créé à Marseille en septembre 2023, c’était plutôt les défis de danse sur TikTok et les avatars de jeux vidéos qui étaient convoqués sur la scène gratuite de l’Été marseillais.

Devant une foule compacte au démarrage du spectacle (au sens propre, c’est une voiture qui lance le bal), sur les coups de 21 h 40, des danseurs aux faux airs de Squid Game s’écharpent pour un bout de capot.

D’autres les rejoignent dans un pugilat confus pour prendre la lumière. On imagine une métaphore des réseaux sociaux où tout est affrontement et tout est similitude.

Le second tableau ouvert par une Pierrot(e) tombée du ciel ne fait pas plus dans la paix et l’harmonie. Deux pantins, puis cinq puis dix… occupent la scène, mi-Street Fighter, mi-Mime Marceau. La bataille continue, se poursuit en simulacre de sexe. On l’imagine peu doux.

Gigue finale endiablée

On peine parfois à discerner le propos ou les véritables intentions, au-delà de la simple esthétique du mouvement.

Mais soyons honnêtes, à l’applaudimètre, le public du Vieux-Port, emporté par une longue et survitaminée gigue finale (sur le The Grid de Philip Glass), n’avait visiblement pas de ces retenues.

Et ce vendredi soir, la danse contemporaine s’est offert une scène et un public hors de ses sentiers battus, ce qui est sans doute une bonne part du projet même de l’Été marseillais. Les danseurs du ballet ont finalement quitté les planches sur un message de soutien à Mohanad Smana, chorégraphe gazaoui réfugié à Marseille.

Prochain rendez-vous de l’Été marseillais le 18 juillet à 20 heures avec le guitariste Al McKay, membre fondateur d’Earth, Wind and Fire.