Face à des traversées illégales record de la Manche, la France et le Royaume-Uni ont annoncé jeudi un projet inédit d’échange de migrants, dans l’espoir d’enrayer un phénomène devenu explosif des deux côtés du détroit. Ce dispositif pilote, conclu à l’issue de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron à Londres, repose sur un principe inédit : un migrant expulsé contre un migrant accueilli.

Concrètement, un migrant arrivé illégalement au Royaume-Uni par bateau pourra être renvoyé en France, tandis que Londres s’engage à accepter un migrant actuellement en France, à condition que celui-ci exprime sa volonté de s’installer au Royaume-Uni via une plateforme en ligne, et qu’il justifie de liens familiaux ou personnels avec le pays. Ce système « un pour un » doit encore être validé par la Commission européenne avant d’être formellement entériné.

Un accord « révolutionnaire » selon Starmer

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a salué un accord « révolutionnaire » : « Pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France. » Il espère une mise en œuvre « dans les prochaines semaines », dans un contexte politique tendu marqué par la percée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage.

Plus de 21.000 personnes ont déjà franchi illégalement la Manche depuis le début de l’année, un record qui renforce la pression sur le nouveau gouvernement travailliste. Selon certaines sources, le dispositif pourrait concerner environ 50 migrants par semaine, un chiffre jugé dérisoire par l’opposition conservatrice, mais qui n’a pas été confirmé officiellement.

Pas d’accord avec l’UE depuis le Brexit

Côté français, Emmanuel Macron a pointé les effets du Brexit, rappelant qu’il n’existe « aucun accord migratoire avec l’Union européenne » depuis la sortie du Royaume-Uni. Une faille juridique, selon lui, qui alimente les tentatives de traversée. « Ce projet pilote exercera un effet très dissuasif sur le modèle des passeurs et sur les traversées », a-t-il expliqué.

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L’accord, fruit de longues négociations bilatérales, marque un tournant dans la coopération migratoire franco-britannique, en panne depuis des années.