Par

Brian Le Goff

Publié le

12 juil. 2025 à 21h02

Des mois de préparation, des heures d’attente sous un soleil brûlant et une chaleur accablante pour quelques secondes d’euphorie, de joie partagée. C’est en partie comme cela que se résume le Tour de France pour les habitants des communes traversées. Ce samedi 12 juillet, lors de la 8ᵉ étape, Chevaigné, située au nord de Rennes, avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir les coureurs. Comité des fêtes, association et club de vélo étaient sur le pont depuis des semaines pour le jour-J. Si l’installation remarquable dans un champ, à l’entrée du village, créée pour être filmée par un hélicoptère est bien passée à la télévision, la diffusion a été coupée juste après par la publicité… Et cela fait aussi partie des surprises de la Grande Boucle. On vous fait revivre notre journée dans ce petit village breton qui a (enfin) retrouvé la ferveur du Tour de France.

« C’est pour l’hélico »

Il est près de midi, ce samedi, quand nous arrivons rue du Jeu de Fête à Chevaigné. Pas dur de le savoir, le nom de la voie, donnant directement sur la place du centre-ville, est dessinée en lettres géantes au sol. « C’est pour l’hélico », explique une membre active de l’organisation des festivités.

Une fois que l’on a marché dessus, on entre dans le vif des animations prévues pour cet événement spécial. Des centaines de personnes, parfois avec un maillot, une casquette, des lunettes faisant référence au cyclisme, aux coureurs ou à la caravane du Tour, sont déjà présents.

La fête au village

Sous les barnums blancs installés, ils profitent du très beau temps pour siroter une boisson en attendant la caravane.

Le barbecue où sont grillées les saucisses tourne à plein régime, les files d’attente devant les stands s’allongent. Les sourires illuminent les visages. Les regards se détournent régulièrement vers l’écran géant sur lequel la diffusion de l’émission d’avant-course a débuté.

Une fresque avec un message

Toujours sur cette place centrale, un autre barnum est dédié à la vente de vélos recyclés. « On en a récupéré près de 150 auprès des déchèteries de Rennes Métropole, explique Benoît, membre du club Canal Riders. Avec une soixantaine d’entre eux, on a créé une fresque dans un champ à l’entrée du village pour parler justement du recyclage de ces deux-roues. »

On lui propose de nous y emmener. C’est à 800 mètres. Sur tout le trajet, les trottoirs de chaque côté sont blindés. Le peloton ne passera au mieux que dans deux heures et quart. Mais tous ont en tête le passage de la caravane qui a lieu deux heures avant les coureurs, soit d’ici quelques minutes.

Chaises pliantes, parasols, lunettes de soleil… La majorité tente de se protéger comme elle peut du soleil et de la chaleur. Le Gwenn ha du (drapeau breton) est bien sûr continuellement planté de chaque côté de la route. On arrive en bas du village, près du canal d’Ille-et-Rance. Vue du sol, la fresque géante ne donne forcément pas grand-chose, mais Benoît sait que ce sera l’image que l’on retiendra du passage du Tour à Chevaigné. « C’est un vélo géant. »

« On ne sacrifie rien du tout parce qu’on adore ça »

À l’entrée du village, plusieurs dizaines de camping-cars ont pris place en bordure de champ ou du cours d’eau. C’est le cas d’Yves, accordéon dans les mains, venu avec toute sa famille.

C’est incontournable d’être là. Quand le Tour passe à proximité de chez nous, surtout en Bretagne et surtout en Ille-et-Vilaine, et bien, on ne sacrifie rien du tout parce qu’on adore ça. On amène les enfants, on amène tout le monde et on fait la fête.

Yves
Spectateur du Tour de France

Alors que les premiers véhicules de la caravane débarquent, sur le chemin du retour vers le centre de Chevaigné, nous croisons de nombreuses personnes avec tout type de cibles.

Des cibles à viser par les bénévoles de la caravane

C’est le cas de Valentin, 12 ans, qui a adapté sa cible pour la porter sur ses épaules. « En fait, ce n’est pas pour les cyclistes, mais pour les camions publicitaires afin de récolter les cadeaux qu’ils lancent. On est un peu venu aussi pour ça. C’est ma tata qui m’a donné l’idée », lance-t-il en même temps que de nouveaux véhicules de la caravane passent.

Après ce premier coup de chaud, le calme regagne les bords des routes. C’est la pause casse-croûte. Les glacières sortent de l’ombre et s’ouvrent. Devant la buvette et les stands de restauration, les files s’allongent toujours plus.

Dans la petite supérette du village, les deux caisses habituellement suffisantes ne permettent pas d’absorber le flux de clients. Les petites allées sont pleines. Devant, un coffre congélateur a été sorti. « Vous voulez une glace ? », propose le vendeur. Ce sera notre petit encas en attendant de voir les queues diminuer.

« Ça sent l’approche des coureurs »

Pour le spectacle pendant le déjeuner, les premières voitures des équipes passent de temps en temps. Petit à petit, le nombre de véhicules réaugmente.

Par-ci par-là, les téléphones sont en main. Les uns regardent la progression du peloton en leur direction. D’autres préparent leur angle de caméra pour photographier ou filmer.

« Des heures à attendre pour même pas quelques minutes de plaisir »

Motos télé, de gendarmerie, les fameuses voitures rouges de la direction générale foncent, puis un premier hélicoptère apparaît. Quelques secondes plus tard, le peloton en file indienne s’étire dans un virage avec une légère montée. Les applaudissements résonnent et les encouragements sont criés de toute part. Trois minutes plus tard, la voiture-balai est déjà là. L’étape est plate. Il n’y a pas d’échappée.

Pour certains, la boutade est toute trouvée : « Des heures à attendre pour même pas quelques minutes de plaisir… » C’est la force du Tour de France. Rassembler même pour quelques instants. Cette fois, les parasols se replient, les glacières sont emportées. La plupart des spectateurs s’en vont. Toutefois, une remarque se partage dans un amusement constant :

Purée, à la télé, le peloton est entré dans la ville et la publicité a été lancée. Quel dommage. On espère que l’on pourra retrouver le replay.

Remarque de nombreux spectateurs à Chevaigné après le passage du Tour

On a vérifié justement et cela semble impossible de retrouver la partie filmée durant la publicité. Qu’à cela ne tienne, l’ambiance, la vraie, c’est sur le bord de la route qu’on la vit.

D’ailleurs, il n’y a pas qu’à Chevaigné que le monde s’était mobilisé pour célébrer les coureurs. De Saint-Méen-le-Grand, ville-départ de cette étape 8 qui a vu naître la légende Louison Bobet, à Laval, en passant par Romillé, Gévezé, Liffré, Vitré, vous étiez des dizaines, voire des centaines de milliers à avoir profité sur le bord de la route de cette deuxième et dernière journée du Tour de France en Bretagne.

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