Posted On 12 juillet 2025
Alors que des familles sans abri s’entassent toujours dans les écoles, la grande annonce d’Éric Piolle sur la réquisition de logements vacants s’est dégonflée. Deux mois après ce coup de menton, la municipalité avoue déjà son échec. Une nouvelle preuve que la communication et le mensonge sont les seules boussoles de l’action municipale.
DES FAMILLES TOUJOURS LOGÉES DANS LES ÉCOLES
L’été est là mais pour certains il ressemble en tout point à l’année scolaire écoulée. Faute de solutions, plusieurs écoles de Grenoble restent occupées pour héberger des familles avec enfants sans-abris. La veille des départs en vacances, la ville dénombrait encore « environ 18 familles dans dix écoles ». Les chiffres ont de quoi donner le tournis. Les collectifs mobilisés pour ces familles expliquent que « cette année, il ne s’est pas passé une semaine sans qu’une nouvelle famille ne soit hébergée. Depuis 2022, on a mis à l’abri plus de 90 familles, dont 230 enfants ».
Bienvenue à Grenoble, où la misère atteint un niveau tel que les écoles accueillent des familles sans-abri
3500 SANS-ABRIS : LE BILAN DE 12 ANS « D’HUMANISME »
Encore une réussite éclatante pour la « ville engagée pour l’accès des étrangers aux droits », selon la prose municipale habituelle. On compte près de 3500 personnes sans domicile fixe à Grenoble, dont 250 enfants qui dorment dehors. Un chiffre qui se renouvelle sans cesse, comme le reconnaît elle-même l’élue à la précarité Céline Deslattes (Verts/LFI) : « malgré les 100 places supplémentaires que nous avons créées l’an passé, ces chiffres sont restés inchangés ». Preuve que la politique d’« accueil inconditionnel » est un échec total.
L’APPEL D’AIR PIOLLESQUE OU LA FABRIQUE DE LA MISÈRE
Car en entretenant un appel d’air continu, cette pure posture politique de l’équipe Piolle attire des populations en grande précarité sans jamais prévoir les infrastructures nécessaires pour les accueillir dignement puisque la ville n’en a pas les moyens. Résultat : bidonvilles, squats et explosion du nombre de familles à la rue. Les bons sentiments affichés ne sont qu’un vernis qui aboutissent à une véritable fabrique de la misère.
RÉQUISITIONS : LA GRANDE ANNONCE DU PRINTEMPS…
Face à cette crise auto-alimentée, la municipalité a sorti son arme favorite : le coup de communication. En mai dernier, on allait voir ce qu’on allait voir : Éric Piolle annonçait en grande pompe qu’il allait réquisitionner des logements vacants, qu’une lettre avait été envoyée à un propriétaire de logements vacants et que s’il ne répondait pas favorablement le Maire prendrait un arrêté. Une posture de matamore destinée à calmer les collectifs qui se battent pour le relogement des familles qui dorment dans les écoles, et à se refaire une virginité politique à peu de frais, comme d’habitude.
Pas d’annonce de « réquisition » pour les nombreux logements et locaux vides propriétés de la ville ou de la métro et facilement mobilisables, comme ici rue Jay !
… ÉTAIT EN FAIT UN DISQUE RAYÉ
Cette annonce n’était en réalité qu’un plat réchauffé. Déjà en 2022, Piolle avait fait voter une délibération similaire pour permettre la réquisition. Une opération de communication vite oubliée, puisqu’il ne l’a jamais appliqué par la suite. Trois ans plus tard, le voilà qui tentait encore d’instrumentaliser la détresse humaine à des fins politiciennes, en faisant le pari que les Grenoblois ont la mémoire courte et ont oublié ses précédentes promesses.
DEUX MOIS PLUS TARD : LE PITEUX AVEU D’ÉCHEC
Le soufflé est retombé encore plus vite que d’habitude. À peine deux mois après l’annonce tonitruante de Piolle, la municipalité jette déjà l’éponge. Dans le Dauphiné, « la ville » (quand il s’agit d’une annonce positive les élus signent les communiqués, quand c’est un aveu d’échec ils sont dépersonnalisés…) explique que « l’état des logements sur l’adresse pré-identifiée par la Ville ne permet pas d’aller au bout de la procédure ».
En mai, Le Dauphiné annonçait Piolle « sur le point » d’engager des réquisitions. Il était surtout sur le point de ne rien faire..
LES VERTS/LFI CONTINUENT DE PÉDALER DANS LE VIDE
Mais soyez rassurés : « la ville », toujours elle, va désormais « étudier les options d’acquisition-amélioration » de ces logements (comme si elle en avait les moyens) et aussi « poursuivre la démarche de réquisition sur d’autres adresses ». Disons le plus clairement : il ne se passera rien. La grandiloquente annonce Piollesque était encore du flan et comme nombre de promesses antérieures, la sacro-sainte réquisition est enterrée en douceur.
LES COLLECTIFS DES ÉCOLES AVAIENT RAISON DE NE PAS ÊTRE DUPES
En mai, les collectifs s’étaient montrés méfiants vis-à-vis de la promesse de réquisition. Ils attendaient des actes : « les annonces municipales restent pour l’instant trop floues tant sur les délais que sur le nombre de personnes qui seront mises à l’abri ». Il n’aura fallu que quelques semaines pour confirmer qu’ils avaient raison d’être sceptiques quant à ces annonces politiciennes. Une lucidité qui contraste avec la naïveté que la municipalité attend de ses électeurs.
Des parents d’élèves se mobilisent dans de nombreuses écoles de la ville
LA FICELLE GROSSIÈRE D’UNE MAJORITÉ AFFAIBLIE
Le timing de l’opération est clair et la rend d’autant plus détestable. Affaibli notamment sur sa gauche avec LFI qui fait monter les enchères, Éric Piolle a tenté de se concilier les collectifs de défense des sans-abris à quelques mois des élections municipales. Il a sorti la grosse caisse en agitant l’idée d’une réquisition, pour que tout tombe finalement à l’eau moins de deux mois après. Mais pas d’annonce en fanfare pour admettre l’échec, juste quelques lignes en fin d’un article au cœur de la torpeur estivale.
APRÈS 12 ANS DE PAROLES, PLACE AU MANDAT DES ACTES
Les Grenoblois auront vécu 12 ans de postures morales et de tromperies ininterrompues. Ce nouveau fiasco des réquisitions n’est pas une simple erreur, c’est la signature d’un pouvoir qui préfère les coups de comm’ aux actions concrètes. Il est désormais temps de tourner la page des slogans et de l’impuissance pour un mandat d’actions, qui s’attaque à la crise sociale autrement que par la seule parole. Ce que porte les personnalités reconnues qui s’engagent pour le changement autour d’Alain Carignon.