La Voie lactée dans le vide ? Une illustration de notre galaxie plongée dans une région sous-dense de l’Univers.
Et si notre galaxie flottait dans une immense bulle de vide cosmique ? Une région gigantesque, deux milliards d’années-lumière de diamètre, quasiment vide. Une équipe de chercheurs britanniques avance cette idée étonnante pour expliquer la fameuse tension de Hubble. Il s’agit d’un désaccord persistant entre ce que l’on observe aujourd’hui… et ce que la théorie prédit.
Depuis plusieurs années, les scientifiques tentent de mesurer la vitesse à laquelle l’Univers s’étend. Pourtant, selon la méthode utilisée, les résultats ne coïncident pas. Ce décalage trouble les cosmologistes. Mais selon cette nouvelle hypothèse, il pourrait s’expliquer plus simplement qu’on ne l’imaginait.
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Un gigantesque vide autour de la Voie lactée pourrait expliquer pourquoi l’Univers semble s’étendre plus vite près de nous
Une vue basée sur les données de la NASA – Source Pablo Carlos Budassi / Wikimedia Commons
D’après le chercheur Indranil Banik, notre galaxie ne se trouverait pas dans une zone “banale” de l’Univers. Au contraire, elle serait nichée au centre d’un immense vide, baptisé KBC Void. Cette région, d’un diamètre de deux milliards d’années-lumière, serait environ 20 % moins dense que la moyenne.
Dans ce type de configuration, la matière environnante est attirée vers l’extérieur. Ce phénomène provoque une expansion locale plus rapide. Dès lors, nous pourrions croire que l’Univers accélère, alors que ce n’est qu’une illusion liée à notre emplacement particulier.
Par conséquent, cette idée expliquerait pourquoi les deux méthodes de mesure de l’expansion donnent des résultats divergents. Non parce que l’une est fausse, mais parce que nous mesurons depuis un coin de l’Univers peu représentatif.
Des ondes fossiles du Big Bang confirment que notre région est moins dense que la moyenne
Le Big Bang en image — Une vision artistique de l’instant où tout aurait commencé.
Pour tester cette idée, les chercheurs se sont appuyés sur un outil aussi fascinant que précis : les oscillations acoustiques baryoniques. Ces “ondes sonores” du Big Bang sont restées figées dans la matière dès les premiers instants de l’Univers. Aujourd’hui encore, elles influencent la répartition des galaxies.
En analysant 20 ans de données issues de ces oscillations, l’équipe de Portsmouth est parvenue à une conclusion étonnante : il est 100 fois plus probable que nous vivions dans une région sous-dense que dans une zone uniforme. Autrement dit, notre perception cosmique est très probablement biaisée.
De plus, ces résultats s’ajoutent à une autre anomalie connue depuis les années 1990 : notre région contient moins de galaxies que prévu. Ce déficit est observable. Il n’est pas seulement théorique.
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Cependant, certains scientifiques restent sceptiques. Pour eux, des objets invisibles — comme la matière noire ou les neutrinos — pourraient se dissimuler dans cette zone et fausser les mesures. D’autres rappellent que le modèle standard repose sur une distribution homogène de la matière, ce que cette hypothèse remet clairement en cause.
Cette hypothèse pourrait bouleverser notre place dans le cosmos et forcer les scientifiques à revoir leur modèle
Depuis toujours, la science moderne nous enseigne l’humilité : nous ne sommes pas au centre de l’Univers. Mais cette théorie du vide cosmique renverse cette perspective. Et si, cette fois, notre position était réellement exceptionnelle ?
En effet, vivre dans une bulle aussi vaste pourrait fausser l’ensemble de nos mesures : l’expansion, la densité, voire l’âge de l’Univers. Ce n’est pas rien. Cela signifierait que ce que l’on prend pour une vérité universelle serait peut-être une simple illusion locale.
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Pour aller plus loin, les chercheurs veulent confronter leur modèle à d’autres hypothèses. Ils prévoient d’utiliser des chronomètres cosmiques, des cartographies de flux gravitationnels et des simulations de l’évolution de la matière. Ainsi, ils espèrent déterminer si cette bulle est bien réelle, ou si un autre phénomène pourrait mieux expliquer les écarts observés.
Si cette hypothèse est confirmée, alors la cosmologie devra s’adapter. Elle devra intégrer cette idée d’un Univers inégal, variable, localement perturbé. Ce serait un changement majeur.
Et si notre Univers n’était pas si homogène qu’on ne l’imaginait ?
Cette hypothèse, aussi vertigineuse soit-elle, souligne un principe fondamental : la science avance grâce au doute. Ce que nous croyons stable peut, en réalité, dépendre de l’endroit d’où nous regardons.
Peut-être que nous vivons dans un immense vide. Peut-être que tout ce que nous observons est déjà partiellement déformé. Mais ce vide n’est pas un manque. C’est un indice. Une possibilité. Une ouverture.
Et s’il nous aide à comprendre enfin pourquoi l’Univers ne se comporte pas comme prévu, alors ce vide pourrait bien devenir l’une des plus grandes révélations cosmologiques du siècle.