Il lui reste encore dix tournois pour retrouver ce qui se fait de mieux sur la planète golf. Avant de se lancer dans la deuxième moitié de saison, le Brabançon est revenu sur son parcours démarré en fanfare il y a deux ans. Inspiré par Thomas Detry et Thomas Pieters, il avait opté pour la filière américaine pour cumuler ses études universitaires et le golf.
Un 12 juin 2023 qui bouleverse sa vie
Le 12 juin 2023 a bouleversé sa vie sportive. Avec un premier tournoi remporté sur le Korn Ferry Tour dès sa première tentative. Impressionnant avec deux eagles, 21 birdies, quatre bogeys et 88 % de greens touchés en régulation sur les quatre tours joués, il s’est imposé après le premier tour de play-off (66, 67, 66 et 65). « Je ne m’y attendais pas du tout, se souvient-il. J’ai dû changer mes objectifs du jour au lendemain. J’avais démarré ma saison en juin après une quinzaine de tournois. Je ne pouvais pas nourrir de grands espoirs en termes de ranking. »
Grâce à ce succès, sa carrière a pris un coup d’accélérateur. « Moi, je voulais juste garder mon droit de jeu sur le Korn Ferry Tour. Je devais finir dans le top 30 pour accéder sur le PGA Tour. » Au terme d’une demi-saison remarquable, le Brabançon a achevé à la onzième place, poussant les portes du PGA dès ses 23 ans. « Je ne garde que du positif de mon premier titre. Sur le Korn Ferry Tour, les scores sont plus bas car les terrains sont plus faciles. L’essentiel reste d’être constant sur les quatre jours. »
Un changement de grip qui complique son baptême sur le PGA
Avec une expérience très faible, Adrien Dumont de Chassart découvre donc le fameux PGA Tour en 2024. Un autre monde s’ouvre à lui. Un monde exigeant et sans pitié. Sa mission est d’autant plus ardue qu’il n’a jamais pu défendre ses chances à la régulière. À la fin de l’année 2023, un grain de sable a enrayé sa gestuelle. « J’ai été victime d’un souci au poignet qui m’a contraint à changer de grip. Un tel changement ne se digère pas en quelques semaines. »
Le grip améliore le contrôle du club, la stabilité du swing et la précision des coups. Autant dire qu’Adrien Dumont de Chassart se lançait dans la grande jungle américaine sans aucun repère. « Sur le premier tournoi de l’année, j’avais perdu mes repères. » Au Sony Open in Hawai, il ne franchit pas le cut avec un + 10. Sur douze tournois, il cale à sept reprises avant le cut.
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Depuis quelques mois, je suis totalement à l’aise avec ce nouveau grip. J’ai à nouveau confiance en mon swing. »
Durant cette année d’apprentissage basée sur des frustrations, il s’est rassuré en achevant l’année 2024 avec des résultats plus en adéquation avec son potentiel. « En 2024, je n’ai disputé que des tournois sur le PGA mais j’ai vu une amélioration sur la fin. J’apprivoisais de mieux en mieux mon grip. Depuis quelques mois, je suis totalement à l’aise avec ce nouveau grip. J’ai à nouveau confiance en mon swing. »
À cause de sa mésaventure de l’année dernière, il a fait un pas de côté en retournant sur le Korn Ferry Tour. Il aurait pu utiliser sa carte partielle sur le PGA en 2025. « Mais, en début de saison, j’ai fait mes calculs. En huit ou neuf tournois, je devais réaliser cinq tops 3 pour accrocher le top 100 décisif. »
Neuf places à boucher pour retrouver le Graal
Il s’est sagement dirigé vers l’antichambre. Cette saison, il vise clairement une place dans le top 20 pour retrouver sa carte sur le PGA. À l’heure actuelle, il s’est hissé à la 29e position. « J’ai sorti beaucoup de tops 20 mais il me manque une grosse performance pour prendre les gros points. Sur les dix derniers tournois, je dois réussir un ou deux tops 3 ou, encore mieux, avoir une victoire. »
La saison s’achèvera le 2 octobre au terme d’une série de quatre tournois qui distribuent plus de points que les 26 autres. « J’y crois. Je suis vraiment à l’aise avec mon grip. Je veux retrouver le PGA Tour. Je n’y avais pas bien joué il y a deux ans. Si je reviens, je serai un autre joueur. Quand j’ai découvert le PGA, j’étais au plus bas à cause de mon grip. Le challenge est excitant. »
Il sera d’autant plus excitant qu’il s’est reconstruit un mental cette année. « Les terrains sur le Korn Ferry Tour sont plus faciles. J’ai souvent été en contact avec les joueurs de tête. Tu joues pour la victoire. Par conséquent, tu apprends à gérer tes pensées et tes émotions. Quand tu joues le dimanche pour le titre, c’est à ce moment que la pression est maximale. »
Colsaerts: « Je ne suis pas à la rue. »Il rêve d’Augusta, du British et de la Ryder Cup
Adrien Dumont de Chassart entame donc une période de vérité durant les trois prochains mois. Tous les ingrédients sont réunis pour qu’il retrouve sa place dans le top 20 et donc son droit d’accès sur le PGA. « Depuis que je suis tout petit, je rêve de remporter un tournoi sur le PGA et de disputer la Ryder Cup. »
Celui qui a disputé l’US Open en 2022 se voit également participer un jour à deux autres tournois mythiques : Augusta et le British Open. Pour le moment, il figure à la 233e place mondiale. « J’ai besoin d’un top 100 pour avoir accès à un Majeur. Seul un top 50 me permettra d’avoir accès aux trois autres Majeurs. J’avais goûté à l’US Open à Boston. L’expérience avait été exceptionnelle. Je vivais en tant qu’amateur l’un des mes premiers tournois professionnels aux USA. »
Marcher sur les traces de Detry
Thomas Detry a réussi une pareille performance. À 32 ans, le Bruxellois enchaîne les quatre tournois les plus importants de la saison. Adrien Dumont de Chassart suit bien sûr les pérégrinations de son aîné. « On s’entend vraiment bien avec Thomas. Nous avons le même coach. Il peut me comprendre. Mais, le golf reste un sport individuel. Si j’ai une question, je ne vais pas l’appeler. En revanche, je préfère papoter avec lui sur un green. J’aime faire quelques trous avec lui. »
Detry: « J’aurais pu finir dans le top 10 à l’US Open. »
À travers son discours, Adrien Dumont de Chassart dégage une certaine assurance. Il montre qu’il tient les rênes de son destin. Il fait partie de ces privilégiés qui ont percé dans le milieu du golf. « Suis-je heureux ? En golf, chacun vit des jours où tout va bien et d’autres où tout est plus compliqué. Moi, je le comprends et je l’accepte. J’évite d’être trop acharné ou frustré. Le golf t’impose de relativiser et d’accepter les jours comme ils viennent. Je travaille beaucoup sur moi. Ma vie est chouette. Je n’ai vraiment pas à me plaindre. »
Laisser le golf au golf
S’il devait donner un conseil à un jeune de quinze ans qui rêve de se lancer sur le circuit, il lui dirait de vivre à 100 % là où il est. « Quand je suis au golf, j’y suis à 100 %. Quand je rentre à la maison, je laisse le golf au golf. C’est pour la théorie. Après une mauvaise journée sur les greens, j’éprouve des difficultés à me déconnecter. Cette déconnexion est essentielle pour rester une personne agréable à vivre. »
Il en a fait du chemin depuis qu’il partageait son temps entre le golf et le tennis. Compétiteur jusqu’au bout des ongles, il refusait l’idée même de la défaite. Il pouvait même être un très mauvais perdant. « À 25 ans, j’ai pas mal avancé sur ce plan », conclut celui qui avait même joué à l’AFT de Mons au côté notamment d’Arnaud Bovy.
Nous avons rencontré Yannick Noah sur un terrain de golf en Belgique.