Par

Clément Mazella

Publié le

12 juil. 2025 à 18h34

Samedi 12 juillet, sur la pelouse de Wellington, les All Blacks ont inscrit le premier essai du match face au XV de France via une combinaison où les Tricolores n’y ont vu que du feu. Bénéficiant d’une feinte, et d’une défense française qui s’est resserrée pour jouer un maul, Cam Roigard a pris l’espace libre côté fermé pour aller à dame. Mais après le temps de l’admiration, le temps des questions est venu. La feinte du n°8 néo-zélandais est-elle autorisée ? Une autre faute a-t-elle également eu lieu ? L’arbitre Christophe Ridley pouvait-il annuler l’essai. Actu Rugby décortique toutes ces interrogations avec un arbitre français. 

La feinte est-elle sanctionnable ?

Le n°8 des All Blacks, Christian Lio-Willie, est l’auteur de la feinte qui a trompé plusieurs Tricolores, alors que l’action partait finalement dans le fermé. Que dit le règlement ? Il faut se reporter à la loi 16.11, qui dit : « Pendant un maul, les joueurs ne doivent pas agir de manière à faire croire à leurs adversaires que le maul est terminé alors que ce n’est pas le cas ». 

Sur l’essai des All Blacks, est-ce le cas ? « La feinte, elle arrive au même moment où les All Blacks mettent fin au maul en sortant le ballon dans le fermé avec Savea et Roigard. C’est un peu bordeline, mais en termes de timing, c’est bien joué on va dire », explique l’arbitre français sollicité par Actu Rugby.

« Sur la feinte, j’ai envie de dire bravo. C’est dans le timing, il est bon. C’est bien joué de leur part », rajoute l’officiel de match. 

Lorsque le n°8 des All Blacks fait sa feinte, le ballon semble bien être sorti du maul via le n°7 dans le fermé. Niveau timing, ça semble bon.
Lorsque le n°8 des All Blacks fait sa feinte, le ballon semble bien être sorti du maul via le n°7 dans le fermé. Niveau timing, ça semble bon. (©Canal +)Une faute sur la touche ?

Mais ce dernier tient à nous sensibiliser sur un autre point : « Le plus questionnable au regard de la règle, c’est qu’il y a des joueurs néo-zélandais (le 8, le 5 et le 9) qui quittent l’alignement avant la fin de la touche, passent par une position statique avant d’engager un début de maul. Si on demande qui est relayeur, les All Blacks en ont 3 en fait. Alors que tu ne dois en avoir qu’un ». 

L’arbitre français poursuit son raisonnement : « Les All Blacks ne peuvent faire cela que s’ils restent dynamiques, alors qu’ils passent tous par une position statique. Le 9, il sort de l’alignement, et on vient lui jouer dessus en plus ». Une situation de vouloir faire croire à un ballon porté qui a piégé George-Henri Colombe, celui-ci se resserrant pour contenir l’éventuel maul adversaire, laissant ainsi le seul Nolann Le Garrec défendre dans le fermé. 

« Ce qu’ont fait les All Blacks sur ce coup-là, cela leur donne beaucoup de solutions, et ils n’ont pas le droit. Cela, c’est techniquement questionnable ».

Un arbitre français

Si le n°7 All Blacks est bien le relayer, l'attitude des n°5, 8 et 9, qui quittent la touche, est questionnable.
Si le n°7 All Blacks est bien le relayeur, l’attitude des n°5, 8 et 9, qui quittent la touche, est questionnable. (©Canal +)L’arbitre pouvait-il refuser l’essai ?

Question : l’essai est-il valable ? Et surtout, l’arbitre Christophe Ridley pouvait-il le refuser ? « Ces deux situations dont on vient de parler ne peuvent être uniquement arbitrées par le trio présent sur le terrain. Cela ne peut pas être arbitré dans le cas d’un appel vidéo. C’est très technique, ces deux questions ne peuvent pas être posées », précise l’arbitre français sollicité par Actu Rugby.

Ridley et ses deux assistants ne pouvaient donc réagir qu’au moment des faits, et pas après que Cam Roigard a aplati. Et le seul fait pour lequel ils auraient pu annuler éventuellement l’essai, c’est au sujet de l’attitudes des n°5, 8 et 9 néo-zélandais. Pas au sujet de la feinte, qui est effectuée dans un timing parfait. Et comme on dit : pas vu, pas pris.

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