Sur son réseau social Truth Social, Donald Trump a posté samedi, en début d’après-midi, la sanction douanière de 30% à l’Union européenne. Le fait d’utiliser uniquement son réseau social pour informer l’Europe des nouveaux droits de douane montre tout le mépris qu’il a pour les autres dirigeants.

30%Photo d’illustration (Crédits : Truth Social Trump)

Ce poste, loin d’être une simple communication diplomatique, est un outil de pression économique et politique. Mettant en avant la supériorité économique des États-Unis et accusant l’Union européenne de pratiques commerciales injustes, le ton général de la lettre reste ferme et intransigeant, avec des menaces voilées de mesures plus sévères si les conditions ne sont pas remplies.

« Madame la Présidente,

C’est un grand honneur pour moi de vous adresser cette lettre, car elle démontre la force et l’engagement de notre relation commerciale, et le fait que les États-Unis d’Amérique ont accepté de continuer à travailler avec l’Union européenne, malgré l’un de nos plus importants déficits commerciaux avec vous. Néanmoins, nous avons décidé d’avancer, mais seulement avec un COMMERCE plus équilibré et plus juste. Par conséquent, nous vous invitons à participer à l’économie extraordinaire des États-Unis, le premier marché au monde, et de loin.

Nous avons eu des années pour discuter de notre relation commerciale avec l’Union européenne, et nous avons conclu que nous devons nous éloigner de ces déficits commerciaux à long terme, importants et persistants, engendrés par vos politiques tarifaires et non tarifaires et vos barrières commerciales. Notre relation a été, malheureusement, loin d’être réciproque.

À partir du 1er août 2025, nous appliquerons à l’Union européenne un tarif de seulement 30 % sur les produits de l’UE envoyés aux États-Unis, séparément de tous les tarifs sectoriels. Les marchandises transbordées pour éviter un tarif plus élevé seront soumises à ce tarif plus élevé. Veuillez comprendre que le chiffre de 30% est bien inférieur à ce qui est nécessaire pour éliminer la disparité du déficit commercial que nous avons avec l’UE.

Comme vous le savez, il n’y aura pas de tarif si l’Union européenne, ou les entreprises au sein de l’UE, décident de construire ou de fabriquer des produits aux États-Unis et, en fait, nous ferons tout notre possible pour obtenir des approbations rapidement, professionnellement et de manière routinière – en d’autres termes, en quelques semaines.

L’Union européenne permettra un accès complet et ouvert au marché des États-Unis, sans que nous soyons soumis à des tarifs, dans une tentative de réduire le grand déficit commercial. Si, pour une raison quelconque, vous décidez d’augmenter vos tarifs et de riposter, alors, quel que soit le nombre que vous choisissez pour les augmenter, il sera ajouté aux 30 % que nous facturons.

Veuillez comprendre que ces tarifs sont nécessaires pour corriger les nombreuses années de politiques tarifaires et non tarifaires de l’Union européenne et les barrières commerciales, qui causent les grands et insoutenables déficits commerciaux contre les États-Unis. Ce déficit est une menace majeure pour notre économie et, en effet, notre sécurité nationale !

Nous nous réjouissons à l’idée de travailler avec vous en tant que partenaire commercial pour les nombreuses années à venir. Si vous souhaitez ouvrir vos marchés commerciaux jusqu’à présent fermés aux États-Unis, et éliminer vos politiques tarifaires et non tarifaires et vos barrières commerciales, nous envisagerons peut-être un ajustement à cette lettre. Ces tarifs peuvent être modifiés, à la hausse ou à la baisse, en fonction de notre relation avec votre pays. Vous ne serez jamais déçue par les États-Unis d’Amérique. »

Un ultimatum économique

Dès les premières lignes, Trump met en avant la puissance économique des États-Unis, les décrivant comme le « premier marché au monde, et de loin ». Cette affirmation, bien que factuelle, est utilisée pour établir une position de supériorité.

«  C’est un grand honneur pour moi de vous adresser cette lettre  », écrit Donald Trump, comme pour rappeler à l’UE la faveur qui lui est accordée.

Le ton de la lettre est clairement ultimatum. Le président insiste sur la nécessité d’un commerce « plus équilibré et plus juste », tout en annonçant des mesures unilatérales.

«  À partir du 1er août 2025, nous appliquerons à l’Union européenne un tarif de seulement 30 % sur les produits de l’UE envoyés aux États-Unis », peut-on lire. Cette annonce, présentée comme une décision irrévocable, est accompagnée d’une menace à peine voilée : «  Si, pour une raison quelconque, vous décidez d’augmenter vos tarifs et de riposter, alors, quel que soit le nombre que vous choisissez pour les augmenter, il sera ajouté aux 30 % que nous facturons.  »

L’auteur n’hésite pas à accuser l’Union européenne de pratiques commerciales injustes. « Nos relations ont été, malheureusement, loin d’être réciproques », écrit-il, pointant du doigt les « politiques tarifaires et non tarifaires et [les] barrières commerciales » de l’UE. Ces accusations, formulées de manière directe et sans nuances, donnent à la lettre un ton accusateur et critique.

Une soi-disant «menace pour la sécurité nationale»

L’un des passages les plus marquants de la lettre est sans doute celui où l’auteur évoque les déficits commerciaux comme une « menace majeure pour notre économie et, en effet, notre sécurité nationale ».

Cette déclaration, qui lie économie et sécurité nationale, est une tactique classique pour justifier des mesures protectionnistes. Elle renforce également le ton menaçant de la lettre, suggérant que des actions plus sévères pourraient être prises si les exigences américaines ne sont pas satisfaites.

Une ouverture condescendante en fin de missive

Malgré le ton ferme et menaçant, Trump termine la lettre sur une note apparemment positive : « Nous nous réjouissons à l’idée de travailler avec vous en tant que partenaire commercial pour les nombreuses années à venir. »

Cependant, cette ouverture est conditionnelle et semble plus condescendante que sincère.

« Si vous souhaitez ouvrir vos marchés commerciaux jusqu’à présent fermés aux États-Unis, et éliminer vos politiques tarifaires et non tarifaires et vos barrières commerciales, nous envisagerons peut-être un ajustement à cette lettre », écrit-il, rappelant ainsi que toute coopération future dépendra du bon vouloir des États-Unis.

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