« Une décision incompréhensible « , que Monique Bailet n’hésite pas à qualifier de « politicienne ». L’adjointe de Christian Estrosi déléguée au Territoire Nice-Ouest dénonce une position motivée par des « calculs électoraux à l’approche des prochaines échéances ».

En ligne de mire: le conseil départemental, son président Charles Ange Ginésy, mais aussi (et peut-être surtout) Éric Ciotti, probable candidat à la mairie de Nice et président de la commission des finances de cette collectivité qui a refusé de sortir le carnet de chèque.

C’était lundi après-midi, lors d’un conseil d’administration de l’Établissement public d’aménagement (EPA) de la plaine du Var. Les différents partenaires de l’Opération d’intérêt national initiée en 2008 ont ratifié un protocole additionnel, prorogeant de six ans – jusqu’en 2038 – le plan d’actions de l’EPA… rallongeant, au passage, son financement.

Toutes les collectivités étaient invitées à remettre au pot. « Et toutes ont accepté, souligne le président du conseil d’administration de l’EPA, Xavier Latour. Y compris l’État, qui a augmenté sa contribution de 21 millions d’euros dans le contexte budgétaire que l’on connaît. »

Le conseiller municipal et métropolitain de la majorité de Christian Estrosi, qui y voit un « renouvellement de la confiance de l’État dans l’EPA » et, au travers lui, dans l’opération d’intérêt national de l’éco-vallée. « S’il avait des doutes, poursuit-il, il aurait eu un prétexte pour en sortir. »

Les engagements initiaux tenus

C’est précisément ce qu’a fait le conseil départemental, « seule collectivité à avoir refusé » de rallonger sa contribution. Le Département s’en tiendra à ses engagements initiaux, qui s’élèvent déjà à 15 millions d’euros, mais n’entend pas mettre plus d’argent. Une rallonge de 10 millions lui était demandée. Du coup, sa contribution au projet dont l’enveloppe globale, étalée de 2012 jusqu’en 2038 désormais, vient de chuter « de 16,7% à 9,8% », pointe Xavier Latour. Un « coup dur, financièrement », reconnaît l’élu, même s’il assure que cela « ne remettra pas en cause l’économie globale du projet » d’aménagement de la plaine du Var.

Un projet de plus en plus décrié par le Département. En début d’année, Éric Ciotti avait questionné le gouvernement sur « la très mal nommée éco-vallée », dénonçant une « vaste opération immobilière de bétonisation accélérée où est prévue aujourd’hui la construction de plus d’1,5 millions de m² de plancher sur 103 hectares ».

L’élu départemental demandait à l’État de reprendre la main et de diligenter « une mission du Conseil général du développement durable pour voir pourquoi on en est arrivé là, pourquoi il y a ces dérives… »

Trop de béton

Charles Ange Ginésy explique avoir, lui aussi, « alerté les dirigeants de l’EPA sur le dévoiement de l’ambition initiale de l’Opération d’Intérêt National (OIN) » depuis son élection à la tête du Département en 2017. « Le projet actuel ne répond plus aux exigences sociales et environnementales de 2025, estime-t-il. Il conduit à une urbanisation galopante de la plaine du Var alors qu’il s’agit d’un secteur stratégique des Alpes-Maritimes… »

Pour lui, l’éco-vallée qui n’en a « plus que le nom », « a été complètement dénaturée dans une vaste opération d’aménagement immobilier, d’urbanisme commercial et de transfert par délocalisation d’entreprises déjà installées dans les Alpes-Maritimes ».

Pas question pour Charles-Ange Ginésy de « payer aveuglément pour voir la plaine du Var bétonnisée » et de contribuer à combler le « lourd déficit opérationnel de plus de 60 millions d’euros » auquel serait, selon lui, confronté l’EPA. Un prétexte qui, pour le président du conseil d’administration de l’établissement Xavier Latour, ne tient pas.

« Sur les 200 hectares aménagés dans le cadre de l’EPA, 88% étaient déjà urbanisés » et souvent « pollués », souligne l’élu métropolitain, qui préfère parler de « restructuration » et de « revitalisation » dans le cadre d’une Opération d’intérêt national qui a « sanctuarisé 1.100 hectares de terres agricoles » et créé « 125 hectares » d’espaces verts en plus. Tout en créant « 12.000 logements et 30.000 emplois » pour satisfaire les besoins de « la ville nouvelle ».

Chacun a manifestement sa vision de ce territoire en pleine transformation.