À côté de cela, les milliers de photos que Frédéric Andrieu a prises dans l’univers du showbiz pourraient paraître bien futiles. Mais il assume : « À sa façon, chaque artiste a quelque chose à transmettre et à vous apprendre. Une photo réussie est une photo qui traduit des émotions humaines. » Il regrette cependant l’évolution de ce monde de paillettes. « La communication a totalement changé, on ne fait plus appel à des photographes. C’est le community manager de la star qui fait les photos avec son téléphone durant la journée. De surcroît, de plus en plus d’artistes demandent à faire valider les clichés par leur imprésario ou leur avocat. Je me pose la question : en quoi sont-ils qualifiés pour juger de la valeur artistique d’un photographe ? » Et parfois, l’admiration se brise net : « Dans ce milieu, l’envers du décor est redoutable. Je préfère ne pas citer de noms précis, mais il y en a quelques-uns qui ne méritent pas leur popularité. »

Frederic Andrieu capture l'instant.Frederic Andrieu capture l’instant. ©Frederic Andrieu / Bestimage

Le sérieux, la compétence, l’efficacité qui l’habitent l’ont finalement emmené sur le chemin du palais royal. Pendant dix-huit ans, Frédéric suit les Souverains dans le monde entier. « Il y a pas mal d’administratif en amont, concernant les autorisations et les accréditations », raconte-t-il. « L’expérience, au fil des années, permet de comprendre où se positionner pour prendre une bonne photo. » Il se souvient notamment de la visite historique de Philippe et Mathilde au Congo : « Le bain de foule était une vraie partie de rugby pour les photographes présents. » « Parfois », ajoute ce reporter de terrain, « le plus compliqué est tout simplement l’attente, comme lors d’une visite présidentielle américaine où nous devons être là cinq heures à l’avance. »

Frederic Andrieu capture la folie lors de la première Boum au Bois de la Cambre.Frederic Andrieu capture la folie lors de la première Boum au Bois de la Cambre. ©F.Andrieu / Agencepeps

A-t-il parfois hésité à déclencher son appareil, par respect ou éthique ? « Je ne me suis jamais posé jamais la question au moment de prendre une photo. Par contre, lors du traitement de l’image, il m’arrive de m’interroger. Et un doute, pour moi, c’est la preuve que la photo n’est pas bonne. » Face à un jeune photographe démarrant aujourd’hui avec le même feu sacré, il dirait encore : « Le métier est devenu très complexe. L’image est banalisée, on la consomme en un dixième de seconde. Le temps d’un swipe sur le téléphone et elle est oubliée. Or, les vraies photos demandent du temps à la prise de vue, au post-traitement et à la diffusion. C’est un long cheminement. Se faire une place dans le métier est possible, mais il faut s’accrocher. »

Comme il l’a fait avec, au bout de la route, les félicitations du jury. Son secret ? « Depuis toujours, je rêve de capter des instants et des émotions qui disparaissent. Pour les conserver éternellement. »

Un grand professionnel.

La reine lors d'une visite officielle à Oman.La reine lors d’une visite officielle à Oman. ©F.Andrieu/Agencepeps