Alors que se poursuivent les tests de développement d’un moteur V4 et d’une nouvelle moto prototype bâtie autour de cette pièce inédite, Yamaha continue d’évaluer la possibilité de changer de MotoGP la saison prochaine. Cette décision n’est pas encore actée, celle-ci devant s’appuyer sur les résultats des essais menés, tant en termes de fiabilité que de performances, et ce avec des enjeux colossaux.
Le premier d’entre eux concerne Fabio Quartararo, qui dit baser sa future décision de rester ou non dans l’équipe au-delà de 2026 sur les performances qu’il sera en mesure de réaliser l’an prochain, Yamaha sait donc que toute erreur d’orientation se paierait très cher.
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Dans ce contexte, Paolo Pavesio, directeur exécutif de Yamaha Motor Racing, livre un discours teinté d’ambition mais néanmoins prudent à l’heure de donner les dernières indications quant aux plans du constructeur. Le patron du programme course d’Iwata assure que lancer le V4 dès 2026 est un objectif clair, mais il accompagne ces propos de l’usage du conditionnel, une précaution sage à quatre mois du début des tests d’intersaison.
« Il est clair qu’en étant les seuls à avoir une certaine configuration, nous devions prendre une décision audacieuse, et nous l’avons fait », rappelle le responsable italien, Yamaha étant actuellement la dernière marque en MotoGP à utiliser un quatre cylindres en ligne, désormais dépassé par les V4. Si le changement est inéluctable pour l’entrée dans le prochain cycle réglementaire, la question est de savoir si le V4 sera éprouvé en course dès 2026.
En vrai, ils savent très bien ce qu’ils ont besoin de faire pour me garder.
« Nous devons clairement passer à cette architecture moteur pour 2027. C’est en quelque sorte un saut dans un monde inconnu : la moto change, son équilibre aussi, il y a des choses à apprendre. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’anticiper ces efforts et de peut-être concevoir une moto pour une seule année », souligne Paolo Pavesio, sachant que le gros changement de règlement annoncé pour 2027 imposera de concevoir une nouvelle machine.
Et l’Italien d’ajouter : « Nous ne sommes pas encore certains de courir avec la nouvelle moto basée sur le V4 en 2026, bien que ce soit clairement notre objectif. Nous devons commencer à recueillir de nouvelles informations et apprendre un nouveau type de configuration, en pensant à 2027 mais en commençant potentiellement dès 2026. C’est pour cela que nous faisons ce que nous faisons. »
Interrogé sur les propos du responsable italien quant au manque de certitude sur l’utilisation du V4 l’année prochaine, Fabio Quartararo réagit en rappelant ses attentes, non pas autour de cette architecture mais des performances qu’il veut pouvoir réaliser : « Je ne sais pas, je ne sais pas ce qu’il en pense. Je pense qu’il n’est pas trop dans la technique. Mais, en vrai, ils savent très bien ce qu’ils ont besoin de faire pour me garder. En vrai, je m’en fous que ce soit le V4 ou pas, je veux juste avoir une moto compétitive pour l’année prochaine. »
Fabio Quartararo
Photo de: Alexander Trienitz
Questionné sur ses relations avec Yamaha, pour savoir si celles-ci se tendent autour de ce sujet, le pilote enchaine : « C’est sûr que ça se tend un petit peu, parce qu’on attend toujours de plus en plus de choses, des améliorations. On voit qu’on n’en a pas vraiment. Avec le V4, on a un feedback qui est assez bon mais les chronos sont super lents. »
« En vrai, moi, ce qui me parle ce sont les chronos. La sensation d’une moto peut être bonne mais… C’est sûr que la moto qu’on a actuellement, si on roule deux secondes plus lentement, elle est incroyable, hein. Le problème, c’est que déjà, nous, il nous manque une demi-seconde et si on est à deux secondes et demie des chronos de devant, c’est sûr que la moto ne peut qu’aller bien. »
Développer trois mois en parallèle, le gros challenge de Yamaha
Le calendrier, qui veut que le MotoGP adoptera un nouveau règlement technique et des machines de 850cc en 2027, impose donc à Yamaha de travailler sur trois fronts en parallèle : sa moto actuelle, celle conçue pour le V4 avec le règlement en vigueur – qu’elle soit finalement adoptée en course ou non -, et une troisième répondant aux contraintes de 2027.
« C’est un challenge incroyable, mais aussi un moment excitant », souligne Paolo Pavesio. « Nous essayons de faire autant que nous le pouvons sur la moto actuelle, afin de la rendre plus compétitive, et je pense que nous avons déjà vu une augmentation claire des performances. Nous développons une moto pour 2026 et nous travaillons aussi en parallèle sur la moto de 2027. C’est complexe, c’est excitant, mais cela est nécessaire aussi si nous voulons revenir là où nous voulons être. »
Pour le moment, le V4 puis la moto qui a commencé à être développée autour du moteur ont été utilisés par les pilotes essayeurs, Augusto Fernández et Andrea Dovizioso. Les titulaires de Yamaha ont tout au plus pu partager la piste avec ce prototype lors d’essais privés. D’après les dernières informations, Fabio Quartararo et Álex Rins devraient réaliser un premier test de ce tout nouveau matériel le 15 septembre, à Misano.
Avec Fabien Gaillard
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