Quand il retire ses lunettes, ses yeux bleus surgissent. Brillants de malice et de passion. Vendredi soir, CharlÉlie Couture était à La Crau. Un concert gratuit, né de rencontres… et d’un peu de hasard. L’an passé, l’humoriste Mathieu Madénian se produisait sur la même scène. C’est lui qui a soufflé le nom de CharlÉlie à la municipalité. Douze mois plus tard, et après quelques coups de fil, l’artiste aux multiples casquettes débarquait avec ses 26 albums dans les valises. Il nous avait promis 5 à 10 minutes d’interview… nous avons allègrement dépassé la demi-heure d’entretien. De ses attaches dans le Var à sa vision de l’art, de la musique à ses projets, CharlÉlie a fait sauter les coutures.
Il paraît que vous avez quelques attaches dans la région…
Beaucoup, même! Ma femme est originaire de Toulon, elle y a vécu et y a fait ses études. Sa mère vivait encore ici il y a quelques mois, elle vient tout juste de déménager. Je suis venu régulièrement. Je disais d’ailleurs à ma femme que ça m’a fait bizarre qu’elle ne soit pas là. Elle m’attendait toujours à la descente du train quand je venais jouer dans la région.
Avec « Contre-toi », vous avez sorti votre 26e album. Un 27e, consacré à l’environnement et aux duos, est en préparation… Vous ne vous arrêtez donc jamais?
C’est un peu comme les locomotives: elles consomment plus d’énergie à se remettre en route qu’à avancer. Ce métier m’a permis de traverser les périodes difficiles. L’essentiel, c’est d’avoir des objectifs, de se fixer des buts dans la vie. Ça permet de traverser le brouillard. J’ai déjà une histoire derrière moi, mais je prends toujours autant de plaisir à faire ce que j’ai à faire.
Lors d’un concert comme celui de La Crau, vous reprenez certains de vos standards. Ressentez-vous parfois une forme de lassitude par rapport à ces morceaux?
J’ai fait 26 albums, des centaines d’expositions, publié 25 ouvrages… Et pourtant, on met toujours en avant Comme un avion sans aile, même quand je propose quelque chose de nouveau. Tout est parfois résumé à ça. Ça force à l’humilité, même si j’assume ce titre que je reprends encore comme ce [vendredi] soir.
Vous vous définissez comme « multiste », une sorte de touche-à-tout inclassable…
Commercialement parlant, ce n’était pas une bonne idée d’être pluridisciplinaire. (rires) Mais bon, c’est dans ma nature. Un type qui est, comme je me considère, multiste, pluridisciplinaire – un peu comme un triathlète – ne va pas changer ce que la nature a fait de lui. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et l’importance considérable qu’a pris la communication, on tend vers des choses plus simples.
Vous ne vous y retrouvez pas?
Quand tu arrives avec un message un peu plus complexe, comme celui qui dit que l’inspiration passe avant la réussite, c’est trop compliqué. On veut juste des gens qui nous distraient, qu’on consomme comme des fruits sucrés. Et voilà. La culture est très souvent associée à la distraction, au plaisir, à la joie… Je ne suis pas contre, mais je crois que la vie de quelqu’un ne se résume pas à des sourires de jour de noces.
Le fait de jongler entre les différentes formes d’art vous permet-il de dire des choses différentes selon le support?
La musique est le seul art qui provoque cet état de transe, qui met le corps en mouvement. La peinture ou la littérature ne le permettent pas. Faire des concerts m’a permis de traverser des périodes difficiles, comme celle de mon cancer, grâce à cette énergie partagée avec le public. Quand je peins ou que j’écris, je suis heureux de le partager, mais ce n’est pas la même intensité qu’un disque.
L’ami de Woody de « Toy Story »
Dans sa carrière, CharlÉlie Couture a signé une vingtaine de bandes originales de films. Mais pour les plus jeunes, il est aussi la voix de Woody dans Toy Story, pour la chanson culte Je suis ton ami. Une histoire qui lui est tombée dessus presque par hasard.
« J’ai toujours apprécié le travail de Randy Newman, le compositeur de Toy Story. On est venu me proposer ses chansons pour le film. J’ai accepté, à condition de faire une adaptation, pas une simple traduction. C’est comme ça que ça s’est fait! C’était tout de même une drôle d’expérience. Travailler avec Disney, c’est une industrie qui arrive. C’est le Caterpillar face à un escargot! »
Un titre que l’on retrouve dans le premier opus de la saga… mais aussi dans le dernier en date, sorti en 2019.
Charlélie Couture sera au Théâtre de Grasse le 6 mai 2026 à 21h. 28 euros. www.theatredegrasse.com