L’arrêté du maire de Nice Christian Estrosi, qui cherchait à limiter les escales de paquebots géants près de sa ville, n’est pas de sa compétence. C’est ce qu’a estimé dimanche 13 avril la justice administrative, saisie par le préfet des Alpes-Maritimes. L’édile, qui avait agi en tant que président de la métropole Nice Côte d’Azur, n’est « pas compétent pour édicter de telles mesures » et seul le préfet des Alpes-Maritimes peut « dans le cadre de ses pouvoirs de police du plan d’eau, organiser les entrées, les sorties et les mouvements des navires », a expliqué le tribunal dans un communiqué.

Après avoir annoncé fin janvier une interdiction des plus gros navires de croisière dans la baie de Villefranche-sur-Mer, près de Nice, Christian Estrosi avait finalement renoncé, fin février. Mais il a pris, début juillet, un nouvel arrêté limitant à Villefranche le nombre de navires de plus de 2.500 passagers à 65 par an, et interdisant dans le port de Nice les escales de bateaux de plus de 450 passagers. L’élu a justifié cet arrêté en évoquant « l’urgence climatique, la protection de la biodiversité marine, la promotion d’un tourisme raisonné et la protection du patrimoine ».

La gestion des escales, une compétence partagée

Le préfet des Alpes-Maritimes avait saisi jeudi le tribunal administratif, en estimant que cet arrêté était « entaché de plusieurs illégalités et de nature à compromettre l’exercice d’une liberté publique ou individuelle ». La gestion des escales – depuis le mouillage jusqu’au débarquement dans les ports des passagers en excursion – relève de compétences partagées entre préfecture, préfecture maritime, métropole et département, avait expliqué la préfecture vendredi 11 juillet.

Enfin, lors d’une table ronde organisée vendredi à la préfecture, des représentants du monde économique, maritime et politique s’étaient mis d’accord pour lancer une concertation à partir de septembre sur les conditions d’accueil des navires de croisières.

Les critiques de son rival, Éric Ciotti

Réagissant à l’ordonnance du tribunal administratif de Nice ce dimanche, Christian Estrosi a insisté dans un communiqué sur la nécessité de « protéger la santé des habitants ». « Si aucune mesure de police administrative n’est édictée dans des délais raisonnables pour prévenir les effets néfastes » des méga croisières, la métropole « engagera la responsabilité de l’État devant le juge administratif pour carence fautive », a-t-il prévenu.

Éric Ciotti, président de l’UDR et probable rival de Christian Estrosi pour la mairie de Nice l’an prochain, a raillé sur X l’attitude de son adversaire : « Faut-il y voir une nouvelle démonstration de l’incompétence d’un élu à la dérive, ou simplement une quête effrénée du buzz pour le buzz ? Sans doute un peu des deux ».