Par
Ovale Masqué
Publié le
13 juil. 2025 à 18h22
Décidément, Fabien Galthié est un magicien. Après avoir fait du XV de France une des 5 meilleures équipes du monde (sur 7 au total) en l’espace de 4 ans, le sorcier de Cahors continue de nous étonner. Samedi à Wellington, il nous a tous fait remonter dans le temps d’une bonne dizaine d’années.
On pensait que c’était terminé, ces tournées suicides dans l’hémisphère sud, ces matchs pénibles à 9h du mat où chaque voyage à la machine à café était l’assurance de rater un essai de l’équipe adverse. Eh bien non ! Le temps d’un rêve, un beau rêve de 80 minutes, on est revenus aux années PSA. Rien que la compo en mode salade de restes, déjà, c’était magnifique. Erdocio, Colombe, Barlot, Halagahu, Brennan, Von Tonder, Abadie, Bochaton… autant de noms qui nous faisaient saliver en nous disant « mmh, ce pack n’aurait aucun mal à décrocher une belle 9e place en Top 14 ».
Les pancartes sont aussi bien bricolées que le XV de départ. (©Canal +)
À ce niveau-là, il fallait pousser le vice jusqu’à faire revenir Guilhem Guirado pour l’interview d’après-match. « Ça s’est joué à des détails » (4 essais, principalement). « On mesure l’écart qui nous sépare des plus grandes nations ». « On va continuer à travailler ». » Retirez-moi mes lacets, les poutres de ma chambre d’hôtel me font de l’œil ». Ça aurait été un beau moment de nostalgie, un peu à l’image de l’arrangement de l’hymne néo-zélandais qui nous a rappelé que les années 80, c’était surtout cool du point de vue des gens qui n’ont pas vécu les années 80. Bon au moins, on a eu le Ka Mate original, sympa de savoir qu’il est encore utilisé (en général contre les équipes qu’on ne craint pas une seule seconde).
Faire le kéké pendant le haka, c’est quand même mieux quand t’es sûr de ne pas en prendre 40. (©Canal +)
Est-ce que ça vaut bien la peine de faire un compte rendu ? Oui, mais un compte rendu hommage à ce XV de France et à ses héros tombés qu’on ne reverra jamais pour certains. Au programme : des fautes de frappe, des blagues approximatives, des GIFs flous et une absence de conclusion.
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Tout avait pourtant si bien commencé. Peut-être un peu vexée d’être réduite à « ne sachant que jouer la dépossession », l’équipe de France a entamé la rencontre avec une longue séquence ballon en mains. Peut-être est-ce dû à la présence d’un Brennan dans la compo, mais on a presque cru voir l’Irlande pendant un moment. Hélas, malgré une passe laser de Yoris Segonds, la séquence de pilonnage française s’est conclue par un en-avant de George-Henri Colombe, pour ce qui restera d’ailleurs la seule action marquante du match du futur Toulousain (si Didier Lacroix ne décide pas de le refiler à Toulon après avoir vu ça).
Non seulement cette passe est stylée mais en plus elle annule toute possibilité de décalage. Beau et inutile. Français, tout simplement.. (©Canal +)
À partir de ce moment-là, on peut dire que le match est déjà terminé pour les Français, qui ont tout donné pendant 2 minutes avant d’exploser (blague par rapport à leur expérience, comparaison sexuelle ? Non c’est trop facile tu vaux mieux que ça. Ou peut-être pas en fait, tu crois que tes lecteurs viennent pour lire des citations de Cioran ? Oui je vous laisse les notes, j’avais prévenu que ce serait un brouillon).
Tout commence par dérailler avec Léo Barré (et c’est là que ça devient mal barré ?? non respecte-toi putain) qui tente un petit coup de pied par-dessus pour lui-même dans ses 22 mètres. Contré. T’as cru que t’étais Jalibert ou quoi ?
Mais non Léo il te manque encore la mèche, les tatouages et ce petit air satisfait du mec qui sait qu’il est bon et qui n’a aucune intention de faire semblant d’être modeste. (©Canal +)
La perte de balle aboutit à une pénalité inscrite par Beauden Barrett, 3-0. Au moins cette semaine ils tentent les pénalités. Après tout, ils ne connaissent aucun joueur dans la compo, mais si ça se trouve Esteben Abadie est le nouveau Pieter-Steph Du Toit, dans le doute il faut rester prudent.
Notre seule chance de garder nos ballons en touche : faire n’importe quoi. (©Canal +)
Dès les premiers instants, on sent que ça ne va pas être la même limonade que la semaine dernière. Les Néo-Zélandais dominent clairement les impacts, et ils parasitent la conquête française grâce à Fabian Holland qui vole tous les ballons en touche (le hollandais volant ??? Holland est voleur, il a volé toutes les voix de la gauche et il les a mises dans son c** ? bof trop politique). Beaucoup plus précis et appliqués que la semaine dernière, les All Blacks ne tardent pas à trouver la faille en attaque. Après une combinaison ingénieuse et une feinte de maul, Roigard se fait la malle pendant que toute l’équipe française semble être en pleine partie de 1-2-3 soleil. Pas mal, après c’est le genre de move que tu gardes pour une finale de Coupe du monde, dommage de le gâcher pour battre le Ventre-Mou Squad.
Tu me Roigard, tu me Roigard plus. (©Canal +)
10-0 pour les All Blacks. J’ai été un peu sévère en disant que les Bleus avaient joué leur seule cartouche dès l’entame de match. Les voilà qui initient une action intéressante avec du mouvement et des passes. Une action que Beauden Barrett vient annihiler avec un en-avant volontaire. N’est pas Eben Etzebeth qui veut, l’ancien meilleur joueur du monde écope d’un carton jaune. Le Garrec réduit le score, 10-3.
Mocheden Barrett (putain c’est nul, vivement que la saison se termine) (©Canal +)
Les Bleus seraient bien avisés de profiter de leur supériorité numérique pour recoller au score, et pourquoi pas faire douter un peu les Tout Noirs, eux qui sont persuadés d’être victimes d’un complot arbitral depuis la semaine dernière (et plus globalement d’être victimes d’un complot arbitral dès qu’ils perdent un match, en même temps ça leur arrive assez peu ils ont jamais vraiment réussi à s’habituer). Hélas, les Français peinent encore à concrétiser. Théo Attissogbe tente une Bielle-Biarrey sur son aile, mais c’est du Bielle-Biarrey de fin de saison 2025 : celui qui est tout pâlot et qui ressemble à un enfant visité par un clown à l’hôpital.
Les Bleus, toujours persuadés qu’ils explosent s’ils gardent le ballon dans les mains plus de trois secondes. (©Canal +)
Même à 14, ce sont bien les Néozèdes qui dominent les débats. Devant notamment. Après une faute française, ils tapent en touche et partent sur un ballon porté. Le pack français se fait rouler dessus beaucoup trop facilement et Ardie Savea va aplatir, 17-3.
Et pourtant Yoris défend comme un mort de faim… (©Canal +)
Tout cela commence à sentir mauvais et on se dit qu’il est encore temps de se recoucher, après tout il y a une grosse étape de plaine du Tour de France qui nous attend cet après-midi, il faut garder de l’énergie pour admirer Lenny Martinez se faire lâcher dans des pentes à 2%. Josh Brennan a envie de se reposer lui aussi, et pour s’offrir une petite pause il décide d’effectuer un plaquage cathédrale sur Jordie Barrett. Bon, son père aurait qualifié ça de chapelle en tôle, mais les critères de violence ont changé depuis son époque. Après bunker, le deuxième ligne toulousain s’en sort avec jaune, le TMO ayant sans doute jugé que ce match n’avait pas besoin d’être plus inintéressant qu’il ne l’est déjà.
Son père aurait frappé un spectateur en rentrant au vestiaire, cette génération c’est vraiment des chochottes. (©Canal +)
Les All Blacks, eux, profitent bien évidemment de la situation pour enfoncer le clou (Karim Leklou ? Karim Ghezzal ? Karim le LOU ? non c’est nul il est même plus dans le staff abruti). Penaltouche, ballon porté, et essai de Codie Taylor. Ah c’est pas les Adidas All Blacks © Youtube Highlights là, mais du solide, sérieux et appliqué. D’une certaine façon, on peut dire qu’on se fait respecter et bien respecter.
Oh une chistéra inutile de Le Garrec ! Allez c’est bon on remballe, match terminé pour lui. (©Canal +)
Désormais, plus rien ne peut arrêter la marée noire (ce cliché ? t’as cru que t’étais Richard Escot ? ah si seulement t’avais son salaire pour écrire 4 papiers par an…). Même l’énorme talent de Yoris Segonds ne suffit plus. L’ouvreur bayonnais perd un duel contre Ardie Savea, dans un moment fugace qui nous offre une confrontation entre deux joueurs qui sont peut-être, actuellement, les deux meilleurs au monde.
Pourquoi choisir entre ces deux monstres quand on peut admirer les deux… (©Canal +)
Ça va trop vite derrière, et là on retrouve enfin les All Blacks bling bling qui font des aufelodes et des grandes courses. En bout d’action, Vaa’i peut inscrire un 4e essai pour les hommes à la fougère et tirer la langue comme un gogolito.
Quand Vaa’i rua. (©Canal +)
29-3. On comprend alors ce qu’est ce match pour Fabien Galthié : un match du mercredi. Vous savez, ces matchs de milieu de tournée non-officiels, genre Uruguay – France à Montevideo, des trucs retransmis sur l’Equipe TV que seuls les « passionnés » (je mets des guillemets car je n’ose pas entrer dans le champ lexical de la maladie, de peur d’être taxé de validisme) regardent. Des matchs qui ne servent à rien, si ce n’est au sélectionneur pour rayer des noms. Aujourd’hui, le but n’est pas de gagner le match. Aujourd’hui, le but est de survivre. De s’accrocher à une place en fond de liste et d’espérer encore être appelé à Marcoussis dans le rôle ingrat du sparring-partner pour les Premium. Puis qui sait, avec une ou deux, ou trois ou quatre blessures, retrouver une sélection. Personne n’a envie d’être Felix le Bourhis ou Gregory le Corvec, un nom dont on se souvient au niveau international uniquement car c’est rigolo de les caser dans des quiz rugby.
Après on peut aussi se contenter de peu, comme Halagahu qui célèbre un ballon porté arrêté en chambrant son adversaire. Alors qu’il y a 29-3. (©Canal +)
On ne va pas se mentir, pour George-Henri Colombe, ça va être difficile d’échapper à ce destin. Le pauvre, qui n’avait pas joué un match officiel depuis le mois de mars, était déjà essoufflé pendant le haka. Il est sorti à la mi-temps, à peine plus respecté par Fabien Galthié que par Ronan O’Gara ces dernières semaines (alias la Justice League des managers toxiques). Aux alentours de la 45e minute, ce sont 5 changements de plus qui sont effectués, notamment pour remplacer un pack en souffrance. Et ça va un peu mieux pour les Français, sans qu’on sache vraiment si c’est grâce aux changements, ou parce que les All Blacks sont déjà en mode économie en pensant au 3e test. Après une bonne séquence, une course tranchante de Léo Barré offre un essai français. « Match relancé ! », nous lance Eric Bayle, qui ne s’arrête devant rien pour nous refourguer sa camelote. Ce type serait capable de vendre un pilier droit à un club géorgien.
On sent tout de même que Barré profite d’une de ses rares occasions de l’année de jouer au rugby. (©Canal +)
29-10. L’espoir n’est que de courte durée, puisqu’on sent rapidement que les Tout Noirs peuvent accélérer quand ils en ont envie. Et ils se font plaisir, peut-être même un peu trop, à l’image de Savea qui saccage un surnombre. Un joueur de ce talent qui fait ça, moi je lui foutrai un carton jaune rien que pour le principe.
Une action qui nous rappelle un des plus grands All Black passé en Top 14, Geoffrey Doumayrou. (©Canal +)
Mais ce n’est que partie remise, puisque quelques secondes plus tard, Will Jordan vient marquer son essai. C’est dans le contrat : tu joues contre les All Blacks, tu sais qu’il va y avoir un haka, et tu sais que Will Jordan va marquer. 36-10. Les Bleus, qui méritent aujourd’hui le qualificatif condescendant de « valeureux » qu’on attribue habituellement aux Italiens, aux Gallois et globalement à tous les nuls, se rebellent encore un peu. Mais Brennan ne parvient pas à aplatir dans l’en-but. Un geste technique que les Néo-Zélandais maîtrisent assez bien, eux. Après une nouvelle belle combinaison, Jordie Barrett décale savoureusement Rieko Ioane pour l’essai en coin. Bien sympa d’aider les All Blacks à répéter leurs gammes en tout cas.
Et après ils nous critiquent dans la presse ces ingrats. (©Canal +)
43-10. Ce match n’est plus vraiment un match de rugby, alors on tente des choses rigolotes, comme Le Garrec qui joue vite une pénalité pour… faire quelque chose ?
Surcoteizh comme on dit en Bretagne. (©Canal +)
Après avoir vu ça, Fabien Galthié fait un choix logique et sort Le Garrec pour offrir à Thibault Daubagana sa première sélection à 31 ans. Peut-être Julien Fumat la semaine prochaine ? Allez, Peyo Muscarditz ? Autre curiosité, l’invention d’un nouveau geste technique devant nos yeux ébahis : le coup de boule dans le genou.
Après tout, Morgan Parra avait bien essayé sur Richie McCaw en 2011, avec moins de succès. (©Canal °)
Soucieux de terminer leur tournée leur match sur une bonne note, les partenaires de Gaëtan Barlot (et oui Gaëtan Barlot a été capitaine du XV de France un jour, comme Jules Plisson ou Baptiste Couilloud…) iront chercher un dernier essai pour l’honneur, signé Joshua Brennan. Score final : 43-17. Un bon score finalement, qui peut nous faire dire « on en a pris une bonne mais on n’a pas tout à fait été ridicules ». Un peu comme quand tu perds 6-2, 6-2, 6-2 contre Nadal à Roland-Garros : le score est là pour témoigner qu’un adversaire était bien sur le terrain et qu’il a essayé, un peu.
Barré qui attend la 79e pour réaliser une belle action, il n’est jamais trop tard. (©Canal +)
Que dire après avoir vu ça, à part « j’aurais certainement pu dormir 2h de plus ce samedi » ? Le pire, c’est qu’on va encore se lever samedi prochain, en espérant voir cette fois-ci un vrai match.
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