Par
Julien Munoz
Publié le
14 avr. 2025 à 18h37
C’est une portion de « plusieurs centaines de mètres », née en même temps que la ligne Paris-Cherbourg, en 1855.
170 ans plus tard, elle se trouve au centre des inquiétudes à moyen terme. Explications.
Le constat
Dans les Yvelines, le remblai d’Apremont, entre Mantes et Evreux, est aujourd’hui « l’ouvrage en terre le plus surveillé de France », résume Théophile Foucart, directeur de la communication Normandie de SNCF Réseau. C’est là que passent tous les trains vers la Haute-Normandie et Cherbourg.
Depuis 2001, des désordres ponctuels ont été constatés sur ce remblai. Des travaux de confortement ont été réalisés à chaque fois. Il est équipé depuis plusieurs années de capteurs permettant une surveillance en continu, complétée par des tournées de contrôle très régulières.
La SNCF attribue ce phénomène à la qualité insuffisante des sols qui composent le remblai, datant de la création de la ligne (sols argileux et crayeux).
Des travaux d’urgence ont dû être menés en 2020, dans le sens Ile-de-France-Normandie. La circulation des trains, actuellement limitée à 40 km/h sur cette portion, avait été réduite à 10 km/h le temps des travaux.
De nouveaux travaux sont indispensables de l’autre côté de la voie, indique SNCF Réseau. Ils permettraient de revenir à la vitesse normale sur cette portion, 160 km/h.
SNCF Réseau
Ces travaux, « urgents », auront des conséquences sur le trafic passager. « Pas d’impact sur le fret », indique SNCF Réseaux, expliquant que le tracé diffère.
Les pistes
Une option invite à régénérer le remblai existant.
Deux solutions ont été présentées aux élus du territoire, ainsi qu’aux associations d’usagers.
La première consiste à construire un nouveau remblai. Elle impliquerait une coupure totale des circulations pendant environ trois mois.
L’autre évoque la pose de dalles sur pieux où les circulations seraient alternées pendant dix-huit mois (avec un plan de transport fortement réduit et des interruptions le weekend). Selon la communication de SNCF Réseau, la première solution aurait la faveur des élus du territoire, consultés fin 2023.
« Le projet n’est pas encore complètement arrêté », indique SNCF Réseau.
Dans un courrier adressé la semaine dernière au ministère des Transports, des élus socialistes normands ont demandé audience, craignant « des conséquences extrêmement lourdes » pour le territoire, demandant l’étude d’alternatives.
La lettre mentionnait également le fait qu’après ces trois mois d’arrêt, étaient attendus six mois supplémentaires de circulation alternée sur onze kilomètres, en raison des travaux dans le tunnel de Bréval, situé à proximité. SNCF Réseau affirme que ces travaux-là ne commenceraient pas avant 2034.
L’alternative
L’option de construire une nouvelle section de ligne a fait l’objet d’une « étude approfondie », indique SNCF Réseau.
Comme l’expliquait Ouest France il y a quelques jours, sept scénarios impliquant la création d’une ligne nouvelle ont été étudiés, avant de devoir être écartée. L’ensemble de ces sept scénarios implique des délais de réalisation bien trop longs (sept ans dans l’option la plus basse) par rapport à l’urgence de la situation (le remblai doit être impérativement régénéré d’ici 2030), « en raison des procédures environnementales et administratives nécessaires ».
Une déclaration d’utilité publique devrait être menée, accompagnée d’études d’impact environnemental, de consultations publiques et d’autorisations administratives. À cela s’ajouteraient d’éventuelles expropriations, ce qui allongerait encore les délais.
La création d’une section de ligne nouvelle serait également d’un coût très élevé, estimé « a minima à 150 millions d’euros et jusqu’à 600 millions d’euros » selon les scénarios envisagés, soit « dix à quarante fois plus cher » que les solutions de régénération du remblai.
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