par Sabine Siebold et Daphne Psaledakis
Les ministres européens
des Affaires étrangères ont reproché vendredi à Moscou de faire
échouer les efforts américains visant à instaurer la paix en
Ukraine et ont appelé à exercer une pression ferme sur la Russie
pour qu’elle accepte un cessez-le-feu.
S’exprimant à l’occasion de la deuxième journée d’une
réunion de l’Otan à Bruxelles, où se trouve le secrétaire d’Etat
américain Marco Rubio, les ministres ont ainsi tenté de
convaincre l’administration Trump d’adopter une ligne plus dure
à l’égard de Moscou.
La Russie « doit une réponse aux États-Unis » qui ont
« travaillé très dur pour parvenir à un effort de médiation et à
une proposition de cessez-le-feu », a dit le ministre français
des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Son homologue britannique, David Lammy, a déclaré que le
président russe, Vladimir Poutine, « continuait à se voiler la
face et à traîner les pieds ».
« Il pourrait accepter un cessez-le-feu maintenant, mais il
continue de bombarder l’Ukraine, sa population civile, son
approvisionnement en énergie. Nous vous voyons, Vladimir
Poutine, nous savons ce que vous faites », a-t-il ajouté.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena
Baerbock, a jugé pour sa part que les déclarations du président
russe au sujet des négociations n’étaient « rien d’autre que des
promesses vides » et que le chef du Kremlin « jouait la montre en
formulant toujours de nouvelles exigences ».
D’autres ministres, tels que ceux du Canada et de l’Estonie,
ont quant à eux appelé à fixer un calendrier pour que la Russie
accepte un cessez-le-feu.
Le président américain Donald Trump, qui a promis de mettre
rapidement fin à la guerre en Ukraine déclenchée il y a trois
ans, déclare depuis des semaines que Vladimir Poutine est
déterminé à aboutir à la paix.
Mais des sources ont déclaré à Reuters que la Maison Blanche
se méfiait de plus en plus des intentions du président russe.
« LA RUSSIE DOIT EN FAIRE PLUS »
Moscou a rejeté en mars une proposition américaine
d’instaurer un cessez-le-feu complet de 30 jours, après que
l’Ukraine a donné son accord à ce projet.
Russes et Ukrainiens sont ensuite convenus d’une trêve
limitée aux attaques contre leurs infrastructures énergétiques
respectives, qu’ils s’accusent mutuellement de ne pas respecter.
Washington affirme pour sa part rester en contact avec les
deux parties et faire pression en faveur d’une trêve.
Un haut fonctionnaire du département d’État a évoqué jeudi
en fin de journée « un soutien écrasant à l’Ukraine, à la fin de
la guerre, aux efforts du président Trump pour mettre fin à la
guerre, mais aussi une reconnaissance du fait que la Russie doit
en faire plus dans ce contexte. »
Il n’y a pas nécessairement de consensus sur un calendrier
pour accroître la pression sur la Russie, mais « le plus tôt
serait le mieux », a-t-il ajouté. « Il y a eu un consensus sur le
fait que la Russie doit en faire plus, qu’elle doit accepter un
cessez-le-feu. »
L’ouverture de Donald Trump à l’égard de Moscou et ses
pressions sur Kyiv ont ébranlé la confiance des Européens dans
les États-Unis en tant que protecteur du continent contre toute
attaque de la Russie.
Un diplomate de haut rang de l’Otan a évoqué un malaise
parmi les Européens du fait de ne pas être encore impliqués dans
des négociations dont le résultat « déterminera la situation de
la sécurité en Europe pour les prochaines décennies ».
(Reportages de Sabine Siebold et Daphne Psaledakis, avec Benoit
Van Overstraeten, Lili Bayer, Ingrid Melander et Charlotte Van
Campenhout, rédigé par Ingrid Melander, version française
Benjamin Mallet, édité par Sophie Louet)