Publié le
14 juil. 2025 à 7h00
Si onze communes de Seine-et-Marne (lire l’encadré ci-dessous) sont considérées comme colonisées par le moustique tigre, la ville de Fontainebleau apparaît cette année comme touchée par une « implantation épisodique ». La cité impériale est d’ailleurs ‘encadrée’ par deux villes colonisées : Milly-la-Forêt (Essonne) à l’ouest et Champagne-sur-Seine, à l’est. La prolifération de cette espèce nuisible est suivie chaque année par l’ARS (Agence régionale de santé) d’Ile-de-France, dans la mesure où cette espèce peut transmettre certaines maladies.
Onze communes de Seine-et-Marne colonisées, Fontainebleau en « implantation épisodique »
« L’implantation épisodique désigne une commune où le moustique tigre a déjà été observé, mais dont la présence n’est pas encore considérée comme durable ni active, indique-t-on à l’ARS (Agence régionale de santé) d’Ile-de-France. Il y a été détecté ponctuellement et pas dans toute la commune. » Un statut qui doit permettre « d’alerter les collectivités sur l’implantation potentielle du moustique et encourager la vigilance et les mesures de prévention, même si la commune ne remplit pas encore les conditions pour être classée comme colonisée. »
Les onze villes colonisées par le moustique tigre en Seine-et-Marne
Onze communes sont considérées colonisées par le moustique tigre en Seine-et-Marne, à l’issue de la dernière saison de surveillance renforcée : Brie-Comte-Robert, Champagne-sur-Seine, Chelles, Champs-sur-Marne, Serris, Chessy, Gouvernes, Roissy-en-Brie, Pontault-Combault, Combs-la-Ville et Villeparisis.
Un classement qui ne surprend pas Jean-Philippe Siblet, le président de l’Association des naturalistes de la vallée du Loing et du massif de Fontainebleau (ANVL). « Il y en aura de toute façon partout en France, c’est inéluctable, prédit-il. C’est comme le frelon asiatique : la prolifération du moustique tigre est une des conséquences visibles du réchauffement climatique. »
Selon lui, cette invasion dans le département est la conjonction de phénomènes météorologiques : « Des hivers très doux et des étés très chauds et humides… des conditions quasi tropicales qui conviennent bien sûr aux moustiques tigres », souligne-t-il. Le président de l’ANVL avance par ailleurs une autre cause : le grignotage de l’Homme sur le milieu naturel : « On supprime des zones tampons et on favorise les contacts avec des animaux sauvages porteurs de maladies ».
Un premier cas autochtone en Ile-de-France en 2024
Dans son dernier bulletin des arboviroses en Ile-de-France (maladie virale d’un arbovirus et transmise par la piqûre d’arthropodes dont les moustiques), Santé publique France, évoque 584 cas importés (confirmés ou probables) en Ile-de-France : 568 cas de dengue, 12 cas de chikungunya et 3 cas de Zika. Cependant, un cas de chikungunya autochtone a été détecté pour la première fois en Ile-de-France en 2024, à Paris.
C’est quoi cette prolifération de moucherons ?
Sur les réseaux sociaux, des habitants de Fontainebleau et environs ont signalé – parfois vidéo à l’appui – la prolifération de petits insectes, depuis le début du mois de juin…Ils étaient tantôt identifiés comme des moucherons, tantôt comme des moustiques tigres mâles et stériles… une technique parfois utilisée en France pour éradiquer la prolifération de l’Aedes albopictus dans les zones les plus touchées. Contactée, l’ARS Ile-de-France indique cependant n’avoir jamais eu recours à ce procédé dans la région et précise « qu’il n’y a pas de surveillance spécifique du moucheron qui ne pose pas de risque de transmission de maladies comme le moustique-tigre. »
De son côté, Jean-Philippe Siblet, le président de l’Association des naturalistes de la vallée du Loing et du massif de Fontainebleau indique avoir aussi constaté la prolifération. « C’est plutôt une bonne nouvelle, assure-t-il. Il ne faut pas s’inquiéter, la nature se régule elle-même. » Le spécialiste explique la présence de ces insectes par les conditions météorologiques : « Un hiver et un printemps pluvieux, suivi de températures caniculaires… c’est le paradis des insectes, détaille Jean-Philippe Siblet. Ce sont des phénomènes cycliques : parfois des moucherons, parfois des hannetons, parfois des éphémères : les mannes ou émergences d’insectes ont toujours existé. »
En Seine-et-Marne, 46 cas d’arboviroses ont été signalés l’an passé : 45 cas de dengue et un cas de zika. Selon les dernières données en date du 9 juillet, aucun épisode de transmission autochtone n’a cependant été signalé depuis le 1er mai en Île-de-France. Pour Jean-Philippe Siblet, « il faut se préparer et apprendre à vivre avec le moustique tigre, prévient-il. On ne peut pas mettre des insecticides partout : ce serait dramatique pour les autres espèces. »
Trois opérations de démoustication en Seine-et-Marne en 2024, aucune à ce jour en 2025
Cependant, l’ARS précise qu’aucune opération de démoustication n’a été menée dans le département en 2025 (trois opérations avaient été menées en 2024 à Combs-la-Ville, Savigny-le-Temple et Champs-sur-Marne). « Elles ne sont pas utilisées pour débarrasser un quartier du moustique tigre, mais uniquement en cas de menace sanitaire potentielle, pour réduire le risque de transmission locale », précise-t-on à l’agence. Elles ne sont décidées qu’après un signalement d’arbovirose et une enquête de terrain dans les 150 m du cas déclaré.
Les habitants peuvent signaler la présence potentielle du moustique-tigre sur la plateforme de signalement dédié de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) en transmettant soit une photo d’un moustique-tigre, soit d’un moustique « dans un état permettant son identification ». Selon l’ARS, 14 signalements exploitables de moustiques tigres ont été reçus à ce jour, émis depuis la Seine-et-Marne.
« D’autres espèces exotiques envahissantes vont apparaître, qu’elles soient animales ou végétales, conclut Jean-Philippe Siblet. Regardez le raisin d’Amérique, cette espèce envahissante arrivée en forêt de Fontainebleau à cause de graines collées sous les chaussures de militaires américains… Elle a trouvé ici les conditions favorables pour se développer : c’est pareil pour ce moustique. »
Renseignements : signalement-moustique.anses.fr
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