Aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, les critiques des expérimentations menées par le professeur Philippe Bachellier sur des malades du cancer sont étouffées. Soutenu par les instances dirigeantes, le chirurgien considère comme hostile toute personne qui émet des doutes. Une plainte pour harcèlement a été déposée contre lui en septembre 2023.
Guillaume Krempp
Publié le 14 juillet 2025 ·
Imprimé le 14 juillet 2025 à 10h52 ·
12 minutes
« Bonjour, je suis de la DGSI. Arrêtez d’embêter le professeur Bachellier. » Voici l’extrait d’un appel en numéro masqué reçu par l’auteur de ces lignes. L’échange téléphonique a eu lieu quelques jours après avoir sollicité un entretien avec le chirurgien Philippe Bachellier. L’ancien chef du pôle des pathologies digestives hépatiques et de transplantation au centre hospitalier universitaire (CHU) de Strasbourg a fait l’objet d’une enquête du journal Le Point en mai 2024. Témoignages de chirurgiens à l’appui, le professeur Bachellier est accusé d’avoir opéré des dizaines de personnes atteintes de cancer contre toute indication médicale. Des patients ont ainsi subi une opération inutile qui a encore dégradé leur fin de vie.
Un an plus tard, Rue89 Strasbourg a voulu comprendre le silence, médiatique et institutionnel, qui a suivi ces révélations. Une dizaine d’anciens collègues du chirurgien ont accepté de répondre à nos questions, sous couvert d’anonymat.
Le chirurgien de la dernière chance
Du cinquième étage de l’hôpital de Hautepierre, Philippe Bachellier fait rayonner le CHU de Strasbourg au niveau national. Aidé par une communicante salariée de l’association SOS Foie Pancréas, l’éminent chirurgien fait venir en Alsace des patients de toute la France. Ces derniers sont attirés par une opération de la dernière chance, là où aucun autre spécialiste du foie ou du pancréas ne souhaiterait opérer. Gaël (le prénom a été modifié), un soignant et ancien collègue du professeur Bachellier, explique :
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