Depuis le poste de pilotage, Mikey Sagaert règle le curseur sur l’écran radar. Sur le fond noir, des dizaines de taches colorées affichent la trace des navires aux alentours. Entre deux zooms, le commandant du navire lève les yeux vers les appareils radio, juste au-dessus. Les phrases grésillent et se mêlent au bruit des vagues de la mer du Nord. Cet après-midi, le Castor – l’un des patrouilleurs de la marine belge – est à l’eau pour un transfert de personnel avec un second navire. Mais peu importe la mission, «on surveille en permanence», pointe Mikey Sagaert, uniforme bleu sur le dos.

Depuis douze ans maintenant, le Castor quitte régulièrement la base navale de Zeebrugge, dans le nord-ouest de la Belgique, pour patrouiller à travers les eaux grisâtres de la mer du Nord. Mais ces dernières années, la surveillance s’est intensifiée. En cause : une «nette augmentation» du nombre de bateaux russes. En 2024, plus de 150 navires russes ont été détectés au large de la côte belge, contre 85 en 2021. «Et depuis le début de l’année 2025, nous sommes déjà à 103», souligne le commandant Sagaert.

Casquette vissée sur la tête, l’amiral Tanguy Botman déambule vers la poupe du navire. Au cours de sa carrière, le chef de la marine belge a passé des dizaines d’années en mer du Nord. Pour lui, pas de doute : «la guerre hybride est déjà en cours» dans la région,