L’envoyé spécial du président américain Donald Trump pour l’Ukraine et la Russie a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Kyiv lundi, alors que l’anticipation d’un éventuel changement de politique de l’administration américaine concernant cette guerre de trois ans grandissait.
La semaine dernière, M. Trump a annoncé qu’il ferait une «déclaration majeure» sur la Russie lundi. Il devait rencontrer le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Mark Rutte, à Washington. Ce dernier prévoyait également de s’entretenir avec le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, et le secrétaire d’État, Marco Rubio, ainsi qu’avec des membres du Congrès.
Donald Trump a fait de l’arrêt rapide de la guerre l’une de ses priorités diplomatiques et a exprimé de plus en plus sa frustration concernant la position inflexible du président russe Vladimir Poutine sur les efforts de paix menés par les États-Unis.
M. Trump se vante depuis longtemps de ses relations amicales avec Vladimir Poutine et, après son entrée en fonction en janvier, a déclaré à plusieurs reprises que la Russie était plus disposée que l’Ukraine à conclure un accord de paix. Parallèlement, M. Trump a accusé le président Zelensky de prolonger la guerre et l’a qualifié de «dictateur sans élections».
Toutefois, l’assaut incessant de la Russie contre les zones civiles d’Ukraine a mis M. Trump à rude épreuve. En avril, le président Trump a exhorté Vladimir Poutine à arrêter les frappes meurtrières sur Kyiv, et le mois suivant, il a écrit sur les réseaux sociaux que le dirigeant russe «était devenu complètement fou», alors que les bombardements se poursuivaient.
«Je suis très déçu par le président Poutine. Je pensais qu’il était sincère, a affirmé M. Trump dimanche soir. Il parle si bien, puis il bombarde des gens la nuit. Nous n’aimons pas ça.»
M. Zelensky a déclaré que lui et l’envoyé de M. Trump, le lieutenant-général à la retraite Keith Kellogg, avaient eu une «conversation productive» sur le renforcement des défenses aériennes ukrainiennes, la production conjointe d’armes et l’achat d’armes américaines en collaboration avec les pays européens, ainsi que sur la possibilité de sanctions internationales plus strictes contre le Kremlin.
«Nous espérons que les États-Unis feront preuve de leadership, car il est clair que Moscou ne s’arrêtera pas tant que ses ambitions ne seront pas contrées par la force», a affirmé M. Zelensky sur Telegram.
Envoi de missiles Patriot
La Russie a bombardé des villes ukrainiennes, dont la capitale, Kyiv, avec des centaines de drones, de missiles de croisière et de missiles balistiques, que les défenses aériennes ukrainiennes peinent à contrer.
Le mois de juin a enregistré le plus grand nombre mensuel de victimes civiles des trois dernières années, avec 232 morts et 1343 blessés, selon la mission des Nations unies pour les droits de la personne en Ukraine. La Russie a lancé dix fois plus de drones et de missiles en juin qu’au même mois l’année dernière, a-t-elle précisé.
Parallèlement, l’armée russe, plus puissante, redouble d’efforts pour repousser les défenseurs ukrainiens sur certaines parties de la ligne de front longue de 1000 kilomètres.
M. Trump a confirmé que les États-Unis envoyaient à l’Ukraine davantage de missiles de défense aérienne Patriot, dont elle a cruellement besoin, et que l’Union européenne (UE) financerait l’acquisition de «divers équipements très sophistiqués» d’armement.
Si l’UE n’est pas autorisée par ses traités à acheter des armes, ses États membres peuvent le faire et le font, tout comme les pays membres de l’OTAN achètent et envoient des armes.
L’Allemagne a proposé de financer deux systèmes Patriot, a indiqué lundi à Berlin le porte-parole du gouvernement, Stefan Kornelius. Quant au financement de systèmes supplémentaires par d’autres pays européens, il faudra en discuter, a-t-il ajouté.
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, se rendait lundi à Washington pour rencontrer le secrétaire américain à la Défense, M. Hegseth.
Un proche allié de M. Trump, le sénateur républicain de Caroline du Sud, Lindsey Graham, a déclaré dimanche que le conflit approchait d’un point d’inflexion, le président Trump manifestant un intérêt croissant pour aider l’Ukraine à lutter contre l’invasion russe à grande échelle. Il s’agit d’une cause que M. Trump avait auparavant qualifiée de gaspillage de l’argent des contribuables américains.