De la baie de Sanary jusqu’à Bandol et autour des îles des Bendor et des Embiez, le plan d’eau est relativement calme en ce week-end de la mi-juillet. Une mer légèrement formée a sûrement décidé certains plaisanciers de ne pas larguer les amarres. Pour ceux qui barbotent, difficile d’échapper en ce 12 juillet à la vigilance des forces de l’ordre en mer. Mobilisées pour une opération conjointe « sécurité mer », l’unité littorale des Affaires maritimes du Var, la police nationale et la gendarmerie maritime quadrillent le secteur.

Leur but: contrôler la régularité des bateaux à moteur et les scooters des mers, mais aussi tout pratiquant d’une activité nautique (plongée, kitesurf, wingfoil…). Mais aussi s’assurer des bons comportements pour ne pas détériorer la posidonie au mouillage ou en cas de détresse.

En baie de Sanary, voilà que l’imposant semi-rigide de dix mètres de long de la police nationale a mis les gaz et prend en chasse un bateau à moteur qui file un peu trop vite sur l’eau en direction de la pointe de la Cride. À la barre, Bruno, le chef de la brigade nautique départementale a repéré l’infraction. « Quand on dépasse les 5 nœuds autorisés dans la bande des 300mètres depuis le littoral, le bateau crée un sillage. Là, je me cale à sa vitesse.  » À bord, le radar indique une vitesse de 14 nœuds. Le pilote allume le gyrophare et fait hurler la sirène.

Le capitaine du bateau de plaisance est vite rejoint. À l’avant, Kévin et Christophe prennent le relais. « Bonjour, coupez le moteur, on procède à un contrôle « .


Les scooters des mers sont dans le collimateur des policiers.
Photo camille dodet.

« L’extincteur est périmé depuis 2022 »

D’identité, du permis de bateau, des gilets de sauvetage, du double coupe-circuit, de la lampe étanche en état de marche et de l’extincteur. Kévin brandit la bonbonne. « Elle est périmée depuis 2022, Monsieur « . « Ah, zut, je ne savais pas », concède celui qui arbore un tee-shirt « capitaine Bruno », devant les yeux un peu inquiets des autres passagers. D’autant qu’il a oublié sa pièce d’identité à terre.

La sentence tombe. Par un autre Bruno. « On ne va pas vous verbaliser pour l’excès de vitesse car il n’y avait pas de baigneur et aucun danger. Par contre, on vous convoque pour défaut de matériel de sécurité. » Ça parlemente de bord à bord. Finalement, les deux parties s’accordent pour se retrouver en mer un peu plus tard pour établir l’amende sans sacrifier la balade des contrevenants. Près de 150 euros pour un extincteur qui en coûte 15, ça fait cher l’oubli…

« Notre but est que les gens comprennent. Là, on n’allait pas l’assassiner mais je pense que la prochaine fois, il contrôlera son matériel avant de prendre la mer « , résume Bruno, attaché au bon feeling des situations.

Œuvre de pédagogie

Illustré un peu plus tôt avec un simple conseil donné à un autre propriétaire de bateau qui n’avait pas attaché le coupe-circuit à son poignet et qui montrait des signes de nervosité au moment de déballer tout ce qu’on lui demandait. « Si vous passez par-dessus bord, le temps que quelqu’un d’autre coupe le moteur, on fait de la viande hachée« , lance crûment Kévin.

Plus tard, un homme sur un scooter des mers se fait contrôler. Ce garagiste joue carte sur table: « Désolé, je n’ai rien sur moi, je suis en tort… » Ni papiers, ni permis pour cet engin qu’il a mis à l’eau pour l’essayer avant de le revendre. Prié de regagner la côte, il a été convoqué au commissariat de Toulon le lendemain matin pour répondre de sa légèreté.

Au fil des rencontres, les trois policiers font œuvre de pédagogie et n’hésitent pas à détendre tout le monde quand ça se passe bien. « Il y a une constance: il manque toujours un truc mais dans l’ensemble ça se passe bien. Les gens sont compréhensifs même quand on verbalise. On ne constate pas d’évolution des comportements », assurent-ils.

Deux équipes de trois personnes se relaient du 15 juin au 15 septembre pour assurer leur mission de sécurité en mer depuis leur port d’attache: la base navale de Toulon. « On a tous des profils différents alors être en mer, c’est une parenthèse, une réinvention de nos métiers », se réjouit Bruno, en responsabilité depuis 2021. Avec ses collègues, il s’efforce de rendre celles des plaisanciers, sinon agréable, du moins responsable.