Il avait promis 2.000 milliards de coupes dans le budget fédéral des Etats-Unis, soit un tiers des dépenses publiques américaines. Il avait juré de mettre fin à « l’État obèse », « au gaspillage », à « la fraude » pour rendre au gouvernement son efficacité et aux contribuables leur argent. Qu’elles viennent d’Elon Musk ou d’un autre, les promesses n’engagent que ceux qui les croient tandis qu’à cette heure, le site du DOGE indique une estimation totale de 140 milliards d’économie. Les trois sous-sections, avec chaque ligne de coupe plus ou moins sourcée, font état de la suppression de 7.279 contrats (pour 25 milliards), de 9.283 subventions (pour 33 milliards) et de 676 baux (pour 400 millions).

Près de trois mois après le début du mandat de Donald Trump et des centaines de tweets annonçant avoir débusqué des dépenses absurdes, Elon Musk pourrait quitter d’ici début mai le DOGE. L’échéance de son contrat de 130 jours arrive en effet à son terme, tel que prévu par la loi américaine pour les employés spéciaux du gouvernement. L’occasion de se poser la question d’un (premier) bilan de son action, entre coupes budgétaires, licenciements de fonctionnaires et pertes personnelles.

Des saignées dans des programmes d’Etat

Avec l’ambition qui le caractérise, Elon Musk et son DOGE ont donc attaqué la mandature bille en tête. Cela a commencé avec la signature par Donald Trump dès le 20 janvier, jour de son investiture, d’un décret suspendant l’essentiel de l’aide humanitaire américaine – l’USAID – et son budget de 42 milliards de dollars. Le but : réaligner « l’aide étrangère sur le programme de politique étrangère du président Trump ».

Le 10 mars, le ministre des affaires étrangères américain, Marco Rubio, indiquait que cette revue menée par le DOGE avait mené à la suppression de 83 % des programmes.

L’USAID n’a pas été le seul programme à connaître des coupes massives. Les départements de la Santé, de l’Education et de l’Agriculture ont également vu leur budget dégrossi à la hache. En vrac et pour exemple, le DOGE a mis fin à deux programmes fédéraux du ministère de l’Agriculture qui dépensaient plus d’1 milliard de dollars par an pour aider les écoles et les banques alimentaires à acheter de la nourriture provenant de fermes et de ranchs locaux, rapporte Reuters. Autre exemple à 1 milliard, la fin d’un programme de recherche chargé d’évaluer la progression des étudiants américains.

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Les exemples pourraient se multiplier avec une constante : celle de viser d’abord des programmes à vocation sociale ou éducative. Ce que confirme le site internet du DOGE, qui répertorie l’ensemble des actions et coupe effectuées. Ainsi, les ministères de la Santé et de l’Education figurent aux deux premières places des administrations sur lesquelles « le plus d’économies » ont été réalisées, pour un total de 22 Départements listés.

Des licenciements de masse

Nécessairement, ces coupes budgétaires et fins de programmes s’accompagnent de vagues de licenciement dans les administrations. Au 1er avril, 10.000 fonctionnaires du ministère de la Santé ont été licenciés brutalement, comme annoncé par Robert F. Kennedy Jr. une poignée de jours plus tôt. Une cohorte de personnes sans emplois qui rejoigne donc les quelque 62.000 suppressions de postes de fonctionnaires comptabilisés en février par l’organisme spécialisé Challenger.

Ce même organisme a relevé au premier trimestre 2025 les prévisions de licenciements de 280.253 employées fédéraux, parmi lesquels de 200.000 en périodes probatoires auxquelles le gouvernement souhaitait mettre fin, rapporte CNN. Une purge de masse mise en suspend par deux juges de la Cour suprême américaine.

Le site du DOGE, toujours, tient une comptabilité du nombre d’employés fédéraux qu’il situe à un peu plus de 2.2 millions, pour une masse salariale actuelle de 211,3 milliards de dollars par an.

Une dépréciation de sa fortune personnelle

Etre le fer de lance d’une politique antisociale tournée vers l’extrême droite – lorsqu’il ne s’agit pas de référence claire au nazisme – n’est visiblement pas bon pour le business. Selon le magazine Forbes, la fortune personnelle d’Elon Musk a fondu de 100 milliards de dollars entre fin décembre 2024 et le 1er avril (de 440 milliards de dollars à 340 milliards). Une perte essentiellement due à la chute de la valeur de son entreprise Tesla, dont le cours en bourse a baissé de près de 50 % en trois mois (de 462 dollars par action au 24 décembre à 267 dollars ce jeudi).

Cette perte de confiance des marchés financiers émane en partie de la rue, avec les manifestations anti-Musk et anti-DOGE et un recul de 13 % des ventes de Tesla dans le monde au premier trimestre 2025.

Si cela a de quoi le contrarier, Elon Musk n’a toutefois pas trop à s’inquiéter : Il demeure l’homme le plus riche du monde. Et les marchés financiers, comme les consommateurs, ont la mémoire plutôt courte : sitôt son départ du gouvernement évoqué par Donald Trump, le cours de l’action a rebondi.