• Donald Trump a adopté ce lundi un ton inhabituellement irrité contre Vladimir Poutine, qui l’a « extrêmement déçu » : il accuse le dirigeant russe de torpiller tout espoir d’accord.
  • Le président américain se dit prêt à imposer des droits de douane massifs à Moscou et ses partenaires commerciaux, si aucun compromis n’est trouvé d’ici 50 jours.
  • Pour la première fois depuis son second mandat, il confirme par ailleurs l’envoi important d’armes en Ukraine, mais via un achat des équipements par les pays de l’Otan.

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Ukraine : 4ᵉ année de guerre

« À un moment donné, parler ne suffit pas. » À rebours de son ton très conciliant avec la Russie depuis des mois, Donald Trump a assumé un véritable volte-face ce lundi 14 juillet, annonçant renforcer le soutien américain à l’Ukraine (nouvelle fenêtre) par la vente d’armes à l’Otan, une première depuis son arrivée au pouvoir en janvier. Il pose aussi un ultimatum en menaçant Moscou et les alliés de ce dernier de lourds droits de douane. 

Le président américain s’exprimait devant les journalistes depuis le Bureau ovale, aux côtés du secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, avec qui il venait de s’entretenir. D’emblée, il a fait part de sa frustration face à l’attitude de son homologue russe Vladimir Poutine, avec qui il s’est entretenu par téléphone à plusieurs reprises (nouvelle fenêtre) depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, sans jamais obtenir d’avancées tangibles (nouvelle fenêtre) en vue d’un cessez-le-feu. 

Depuis plusieurs semaines déjà, le dirigeant a fait part de son agacement (nouvelle fenêtre), mais cette fois, il a encore monté le ton. « Je ne suis pas content du tout envers la Russie (…). Je suis extrêmement déçu par le président Poutine, car je pensais que nous aurions un accord il y a deux mois, mais ça ne semble pas se concrétiser », a-t-il fustigé, soulignant que « nous pensions avoir un accord à quatre reprises environ ».

50 jours avant d’enclencher l’arme commerciale

« Je parle beaucoup » à Vladimir Poutine, mais « je raccroche, je me dis que c’était un appel sympathique, puis des bombes sont envoyées sur Kiev », a-t-il insisté, tandis que les attaques russes, notamment par drones, se sont largement intensifiées ces dernières semaines (nouvelle fenêtre). « Une fois que cela s’est produit trois ou quatre fois, vous vous dites : cette discussion ne voulait rien dire », a-t-il cinglé, refusant toutefois de qualifier le Kremlin « d’assassin », mais uniquement de « personne dure ». 

Pour forcer le dirigeant russe à reculer, Donald Trump a ainsi menacé d’utiliser l’arme commerciale. « Nous allons prévoir des tarifs douaniers très sévères, si nous n’avons pas d’accord dans les 50 jours : des tarifs de 100%, on pourrait les appeler des droits de douane secondaires », a-t-il déclaré. Concrètement, il envisage d’imposer des droits de douane de 100 % à la Russie et des sanctions secondaires pour les pays qui achètent du pétrole russe, a précisé un responsable de la Maison-Blanche à CNN (nouvelle fenêtre). « J’espère que nous n’aurons pas à aller jusque-là », a toutefois glissé le président américain. 

« Une très grosse affaire conclue » pour livrer des armes via l’Otan

Quant à l’Ukraine, elle va recevoir une quantité importante d’armes américaines pour renforcer son effort de guerre, une première depuis l’investiture de Donald Trump. Ces équipements seront livrés par les États-Unis à l’Otan, qui va les acheter, avant de les livrer à Kiev. « C’est une très grosse affaire que nous avons conclue. Des équipements militaires d’une valeur de plusieurs milliards de dollars vont être achetés aux États-Unis, aller à l’Otan, etc. et seront rapidement distribués sur le champ de bataille », a détaillé le président américain. « Cela signifie que l’Ukraine mettra la main sur un très grand nombre d’équipements (nouvelle fenêtre) militaires », a renchéri Mark Rutte, citant du matériel de « défense aérienne », des « missiles » ou encore des « munitions ». 

Parmi ces équipements, la livraison des batteries de missiles Patriots a été confirmée. « Il y a quelques pays qui ont des Patriots et qui vont les envoyer en Ukraine, et nous allons les remplacer cela. Mark (Rutte) va faire la coordination avec l’Otan. Cela devrait commencer bientôt », a lancé Donald Trump. Il avait annoncé ce week-end qu’il enverrait à Kiev davantage de ces systèmes de défense antiaérienne, essentiels pour contrer les frappes russes. À cela s’ajouteraient des missiles à courte portée, des obus Howitzer et des missiles air-air à moyenne portée, a indiqué une source au fait des négociations à CNN. 

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Comme pour anticiper les réactions de son électorat, Donald Trump a martelé que les armes seraient bien vendues et non données : « nous allons leur envoyer des armes et (l’Otan) va les payer, les États-Unis ne feront aucun paiement », a-t-il appuyé. Tout au long de l’échange, il a d’ailleurs répété que la guerre avait coûté aux États-Unis « 350 milliards de dollars ». Or selon l’institut économique IfW Kiel, l’aide américaine globale, à la fois financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d’euros (environ 130 milliards de dollars au cours actuel), entre début 2022 et fin 2024. « Ce n’est pas ma guerre », a-t-il aussi répété à de nombreuses reprises, exhortant à ce « qu’elle se termine », montrant clairement que sa patience arrivait à bout. 

M.L. avec AFP