Il est trois heures du matin ce lundi 14 juillet quand Dylan appelle son ami, Voulko. Sa voiture est en feu sur le haut de l’Avenue de Barasson, à la sortie de la cité ouvrière de Saint-Auban. « Je pense que c’est en lien avec les histoires lourdes de notre passé que nous racontons dans notre livre. Nous avons changé les noms, mais certains ont dû se reconnaître. Le pare-brise de mon père a déjà été cassé il y a deux mois. Je pense que c’est pour impressionner, mais on n’est jamais à l’abri de rien » souffle Dylan. Le jeune homme entend porter plainte. « Avec notre récit, on ne veut pas donner une mauvaise image de Saint-Auban, seulement parler de nos blessures personnelles, de ce qu’on a vécu, pour montrer ce que vivent certains jeunes, même dans une petite cité ouvrière comme Saint-Auban. On ne pensait pas que ça irait jusque-là ».

« Ce sont peut-être des gens qui ne veulent pas que le livre perdure »

Né à Digne d’une mère fleuriste et d’un père carreleur, Dylan a vécu un traumatisme à 8 ans, puis a subi du harcèlement avant de se réfugier dans le sport et s’engager dans la légion étrangère. Après un périple au Mexique qui ne se passe pas comme prévu, « il choisit l’honnêteté par rapport à beaucoup de personnes avec qui il a grandi ». Ces mots, ce sont ceux de Voulko, son ami avec qui il a travaillé sur le livre « L’Enfer du décor », qu’ils ont coécrit avec l’auteur Omar Benlaâla. « Dans notre livre, on parle de sujets tumultueux. Donc soit c’est de la jalousie, soit ce sont des gens qui ne veulent pas que le livre perdure » estime Voulko. En faisant paraître ce récit, lui voulait montrer le côté « sombre et destructeur de l’illégalité, sans jamais vouloir le glorifier ». « Le spectacle fait rêver, mais les coulisses sont cauchemardesques ». Il choisit alors de raconter comment, enfant, il prend goût au vol, mais aussi le jour où son meilleur ami s’est fait tirer dessus à l’âge de 17 ans, en passant par les centres, les foyers, la vie de SDF et les multiples passages devant les juges. « L’Enfer du décor, ce n’est pas par rapport à Saint-Auban, on voulait parler de notre vie à Marseille, à Lyon, au Mexique. On a mis Saint-Auban car on a passé la moitié de notre vie là-bas. Mais le but de témoigner, c’est qu’on voudrait donner une lueur d’espérance aux jeunes. J’ai été à leur place, il vaut mieux des exemples et des témoignages que de grosses morales qui peuvent faire l’effet inverse ».