Associés au centre pour la première fois, Depoortere et Barassi furent certainement les deux plus grandes satisfactions françaises de la rencontre. Notamment pour leur impact physique.

Dans notre édition de vendredi, à l’heure d’évoquer son association avec Nicolas Depoortere au centre de l’attaque française, Pierre-Louis Barassi voyait un joli clin d’œil du destin : « C’est marrant, parce que Toulouse et Bordeaux sont en train de devenir les grands rivaux. Mais là, on va se retrouver au centre ensemble, tous les deux dans le même bateau. Je trouve ça sympa. » Dans le même bateau, ils le furent effectivement. Et celui-ci prenait l’eau, surtout en première période, dans la baie de Wellington… Une question mérite pourtant d’être posée : que serait-il advenu de l’embarquement tricolore si ces deux-là n’avaient pas passé leur temps à écoper ? Parce que, si deux joueurs furent exemplaires lors de la défaite française, ce sont bien eux. Jamais, face aux innombrables assauts adverses, ils n’ont été pris à défaut dans leur zone. Preuve déjà d’une belle complémentarité, malgré l’absence de vécu commun. « De toute façon, il n’y a pas énormément d’automatismes dans l’équipe, en souriait Barassi avant la rencontre. Des premières associations, il y en a pour tout le monde. » Mais lui semblait avoir un bon pressentiment sur la leur : « On a des profils un peu similaires puisqu’on est des 13 de formation. Mais l’association me plaît bien parce qu’on communique beaucoup. »

À l’arrivée, Barassi et Depoortere sont restés sur la lancée de leur fin de saison canon en club. L’un fut sacré champion de France, quand l’autre a remporté la Champions Cup. Et Fabien Galthié, durant la semaine de préparation, n’avait pas caché vouloir s’appuyer sur la belle dynamique des Toulousains et des Bordelais alignés au Sky Stadium, ainsi que sur leur confiance actuelle. Les deux trois-quarts centres en ont été dignes.

Barassi, deuxième meilleur plaqueur français

Surtout, malgré l’implacable domination néo-zélandaise, ces deux-là ont montré d’emblée qu’ils étaient prêts à rivaliser. Physiquement déjà, puisqu’ils furent parmi les seuls Bleus à gagner tous leurs duels, et à trouver de l’avancée dès qu’un ballon leur passait entre les mains. La preuve par les chiffres ? Ils ont chacun battu deux défenseurs all blacks. Au-delà, même si les espaces étaient peu nombreux au milieu du terrain, Barassi a gagné 22 mètres ballon en mains, quand Depoortere en a « grattés » 26. Et que dire de leur activité défensive ? Surtout le Toulousain sur ce plan, lequel a réalisé pas moins de 13 plaquages (soit le deuxième plus haut total français, derrière le flanker Pierre Bochaton), avec au passage quelques timbres majuscules et certains coups rattrapés de justesse en s’accrochant aux chevilles. Bref, même s’ils sont arrivés en Nouvelle-Zélande après la finale de Top 14, et donc en cours de tournée (ce qui les avait empêchés de postuler pour le premier test), ils ont démontré qu’ils étaient décidés à jouer un rôle majeur dans cette parenthèse sudiste. Fallait les inviter.