La co-cheffe de file des Insoumis nantais fait l’objet depuis le début de l’été d’une litanie d’accusations. Une «tentative de déstabilisation» avant les municipales, déplore la mise en cause.

Après un lancement de campagne tout sourire en mars dernier, l’heure n’est plus à la fête chez les insoumis nantais. S’ils sont passés outre l’affaire Andy Kerbrat, puis surmonté l’affaire Cottineau, voici le parti local secoué par une nouvelle crise. L’information a été révélée par Ouest France . Cette fois, la personne visée est l’une des deux chefs de file intronisées trois mois plus tôt, Marina Ferreruela, en position éjectable après la parution d’une note de blog anonyme, sortie le 16 juin sur Le Club de Mediapart, et intitulée «De militante à victime : quand la culture du viol gangrène la gauche».

La militante à l’origine du texte explique dans son billet avoir subi un viol en avril 2024 par, et accuse, sans la nommer, une «cadre très influente du mouvement local» d’une «organisation politique de gauche en Loire-Atlantique» de s’être rangée du côté de l’agresseur présumé et de ne pas l’avoir crue. Des allégations réfutées par Marina Ferreruela, qui assurait le 26 juin au Figaro, n’avoir été alertée que le 7 septembre dernier «d’un problème qui relevait de violences sexistes et sexuelles». «J’ai tout de suite invité la victime à saisir les instances compétentes, à savoir le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles» de La France insoumise, indiquait-elle. Selon nos informations, la militante en chef a également co-signé un mail dès le 15 septembre pour saisir ce comité. «Connaissant très bien l’un et l’autre, nous préférons rester en retrait de toute décision», est-il mentionné dans ce mail marqué «URGENT», selon l’intitulé de l’objet qu’a pu consulter Le Figaro.


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Les écologistes demandent une clarification

«Il est faux de m’accuser de ne pas avoir cru la victime ou de protéger l’agresseur, puisque j’ai moi-même demandé en urgence la suspension de ce militant», se défendait encore Marina Ferreruela, en dénonçant une manière de faire «plus politique que féministe, qui ne profite qu’à nos adversaires». Pour l’Insoumise, le calendrier de ces révélations, dévoilées à l’aube d’une séquence électorale et en pleine période de discussions entre les différentes forces de gauche à Nantes, relève d’un «agenda évident», d’«une tentative de déstabilisation de la campagne» des municipales à venir. Soit un coup bas, fomenté par une poignée de militants, suggère-t-elle.

D’autres allégations ont en effet fusé. D’après nos confrères de Médiacités, le comité du respect des principes – une instance nationale de La France insoumise – a été saisi «une dizaine de fois ces dernières semaines», de faits concernant Marina Ferreruela. Elle est accusée d’actes de harcèlement, d’intimidation et de propos à caractère raciste. Un climat de crise agite donc désormais les coulisses de la locale nantaise du mouvement de gauche. En charge de l’enquête interne, le comité du respect des principes devrait clarifier la situation d’ici fin juillet. En attendant, à Nantes, un rideau de fer s’est abattu sur le continent de l’insoumission. «Les instances nationales nous ont demandé de ne pas communiquer à ce stade, donc je me tiens à cette consigne», écrit laconiquement l’intéressée le 9 juillet au Figaro.

Ils sont très vite montés dans les tours, ça a crié. Une personne s’est même levée pour s’emparer d’une chaise

Laura*, militante insoumise

En interne, la situation demeure étouffante. Une réunion organisée à Nantes, le samedi 5 juillet, a failli dégénérer. Trois militants antiracistes ont perturbé cette rencontre censée faire le bilan de la pré-campagne des municipales, avant la césure estivale. «Leur intervention portait sur les allégations de racisme. Ils sont très vite montés dans les tours, ça a crié. Une personne s’est même levée pour s’emparer d’une chaise», témoigne Laura*, une insoumise qui a assisté à la scène. «Les camarades ne comprennent pas ce qu’il se passe. Il y a une culture du secret, du non-dit», ajoute-t-elle, tout ne précisant que les accusations de racisme ne semblent provenir que d’une poignée de militants «imbus d’eux-mêmes».

Contacté, l’état-major de La France insoumise n’a pas répondu à nos sollicitations. Une délégation nationale aurait fait le déplacement dans la cité des ducs, cette semaine, pour faire le point avec les caciques locaux. Entre-temps, la tempête a semé le doute au sein des autres équipages de la gauche nantaise. Cheffe de file des écologistes, Marie Vitoux indique avoir suspendu les discussions avec le mouvement, le temps que la situation soit clarifiée. «Si les faits devaient être confirmés, ils seraient extrêmement graves et inacceptables. Nous attendons de La France insoumise qu’ils aient une gestion interne à la hauteur des enjeux, qu’ils sanctionnent les personnes responsables et qu’ils désignent leurs nouveaux interlocuteurs». La direction nantaise des Insoumis n’a pas souhaité faire de commentaire. L’été s’annonce brûlant.

*Le prénom a été modifié