Comment avez-vous posé vos valises à Erquy ?
J’ai découvert le coin il y a une quinzaine d’années, en venant jouer mon spectacle au casino du Val-André, qui m’a fait venir plusieurs fois. Avec le directeur de l’époque, nous sommes devenus très amis et je me suis fait des potes ici. J’ai cherché à acheter face à la mer et j’ai trouvé cet appartement, à Caroual, à Erquy, il y a six ans. J’y viens le plus souvent possible. Je suis originaire de région parisienne mais j’ai toujours été attiré par la mer, même si je ne sais toujours pas nager !
Je passe des heures à regarder la mer, comme chantait Alain Barrière. J’ai un rapport contemplatif avec les vagues, que j’adore entendre la nuit. Sinon, j’aime bien me balader à vélo électrique, en faisant gaffe de ne pas tomber, partir en mer relever des casiers avec les copains et dîner au resto avec eux. On a nos habitudes au port de Dahouët, à Pléneuf-Val-André (22), aux Sables-d’Or, à Fréhel (22), à Dinard (35) ou Saint-Malo (35). Les frites maison, c’est très important !
Je viens d’avoir 78 ans mais j’adore tourner. Je suis tellement heureux sur scène. C’est formidable d’entendre les gens rire.
Vous serez en spectacle à Plédéliac les 19 et 20 juillet. À quoi doit-on s’attendre ?
Je vais me faire plaisir avec un petit tour d’actualité. Ce ne sont pas les sujets qui manquent ! La politique nous apporte tout sur un plateau, sans qu’on ait besoin de se creuser les méninges. J’aime bien taquiner, je ne pourrai pas éviter Macron, Bayrou, Trump… Je suis de l’école du cabaret et des podiums de spectacles d’été, il y aura donc aussi de l’interaction avec le public. Une chanteuse à l’accordéon, Nini Poulain, est programmée en première partie.
Ces « vacances » s’annoncent donc plutôt studieuses…
Je prépare le spectacle de ce week-end et je travaille également à l’écriture de mes mémoires, j’en suis au deuxième chapitre. Je planche dessus chaque matin. C’est un exercice particulier et bouleversant car, quand on pense aux gens, on les revoit vivre.
Bernard Mabille passe le mois de juillet à Caroual, à Erquy, où l’humoriste a acheté un appartement, il y a quelques années. (Le Télégramme/Corentin Le Doujet)Parmi vos rencontres marquantes, lesquelles figureront dans vos mémoires ?
Ma grand-mère, anarchiste extravertie qui chantait à l’entracte des matchs de catch, à Gisors (Eure), ce qui m’a peut-être donné le goût du spectacle. Les dames de la cantine, mon premier public, quand j’étais vendeur de court-bouillon Maggi, déguisé en marin-pêcheur devant une fausse barque. Philippe Tesson, qui m’a recruté comme pigiste, quand il a lancé Le Quotidien de Paris, en 1974. Thierry Le Luron, dont j’avais étrillé un spectacle, qui m’a alors invité à écrire ses textes, « si vous êtes si malin que ça », et dont j’ai été l’auteur pendant sept ans, une véritable star qui éclaboussait tout le monde de sa générosité. Philippe Bouvard, qui m’a intégré dans l’équipe de son émission « Les Grosses Têtes », sur RTL, dans les années 1980, avec Sim, Jacques Martin, Carlos, Jean Yanne… Il fallait se cramponner et être vif, c’était d’une drôlerie ! Laurent Ruquier, quelqu’un de sympa qui a pris la suite. Les frères Morvan, que j’avais invités en première partie à Saint-Brieuc, avant le covid. Et puis les copains, comme Philippe Chevallier et Albert Meslay, originaire de Plédéliac, qui me fait hurler de rire. J’adore les gens loufoques et lunaires. J’ai eu une belle vie de rencontres. Ce qui est terrible, à mon âge, c’est que les copains meurent. Le répertoire de mon téléphone se vide et, du coup, quand je m’emmerde, je m’appelle !
Et la retraite dans tout ça ?
Je viens d’avoir 78 ans mais j’adore tourner. Je suis tellement heureux sur scène. C’est formidable d’entendre les gens rire. Je reviens d’une cinquantaine de dates au théâtre, avec Philippe Chevallier, et je repars à la rentrée, avec un one-man-show et pas mal de dates en Bretagne, en janvier 2026. Je trouve très agréable de se poser puis de partir. D’ailleurs, cet été, je vais aller voir ma fille au Québec. J’ai six enfants, installés au Brésil, en Australie, au Canada… Je vis avec une valise à roulettes.
Pratique
Bernard Mabille en spectacle, avec l’accordéoniste chanteuse Nini Poulain en première partie, samedi 19 juillet, à 20 h 30, et dimanche 20 juillet, à 15 h, à la Ferme d’antan de Saint-Esprit-des-Bois, à Plédéliac (22). Tarifs : 18 euros sur réservation, 20 euros sur place. Réservation : www.ferme-dantan22.com (onglet spectacle). Petite restauration dès 19 h 30 le samedi.