Face à un numerus clausus strict en Allemagne, de nombreux étudiants se tournent vers des universités étrangères. Selon une étude du Centrum für Hochschulentwicklung (CHE, Centre pour l’enseignement supérieur), citée par le quotidien Die Zeit, au moins 9 100 Allemands sont actuellement inscrits en médecine hors de leurs frontières. Cela représente “au moins un étudiant en médecine allemand sur dix”. L’Autriche, la Hongrie, la Bulgarie ou encore la Pologne figurent parmi les destinations privilégiées. Rien qu’en Autriche, plus de 2 500 étudiants allemands étaient inscrits en médecine en 2022-2023. En Hongrie, ils étaient 2 018.

Le coût des études varie fortement selon les pays : de 3 000 à 29 000 euros par an. En Autriche, les universités publiques ne demandent pas de frais de scolarité, mais “en Hongrie et en Tchéquie, les frais atteignent environ 16 000 euros par an”. Cette charge financière pousse à une réflexion approfondie avant de s’engager, comme le souligne Caroline Friedhoff, coautrice de l’étude.

Mais cette mobilité a un angle mort préoccupant : nul ne sait ce que deviennent ces diplômés. “Même les autorités compétentes pour la reconnaissance et l’homologation des diplômes en Allemagne n’ont quasiment aucune donnée à l’échelle nationale”, déplore Gero Federkeil, responsable des projets internationaux du CHE.

Dans un pays où plus de 5 000 postes de généralistes sont déjà vacants et où un quart des praticiens prévoit de prendre sa retraite d’ici à cinq ans, ces départs inquiètent. Le CHE appelle à une prise en compte systématique des profils formés à l’étranger. En effet, si l’Allemagne veut enrayer la pénurie de médecins, elle devra non seulement augmenter ses capacités de formation, mais aussi mieux accompagner le retour de ces diplômés exilés.