Un coup de baguette magique sur Mathieu Stepson. Vainqueur de la saison 19 de « La France a un incroyable talent » sur M6, le jeune homme est actuellement sur scène, au Festival Off d’Avignon, avant de multiplier les dates, notamment au Palais des glaces (25, 26 octobre et 22 novembre 2025) et à La Cigale (25 avril 2026).

Celui qui allie depuis des années l’illusion, la fiction et le mentalisme revient sur son parcours chaotique, son style et ses envies. Et ça vaut le détour.

Comment avez-vous appréhendé ce festival d’Avignon ?

J’avais déjà fait le festival il y a deux ans. C’est un gros avantage, car je sais où je mets les pieds et j’ai toute une équipe qui m’entoure. Aussi, j’ai moins eu besoin de distribuer de flyers sous le soleil qu’il y a deux ans, car la billetterie affiche quasi complet (rires).

Votre spectacle commence avec un drôle de rêve…

Tout commence lorsque je me réveille dans ma loge l’après-midi, avec l’impression d’avoir fait un rêve de « ouf », qui me paraît tellement vrai. Le rêve, c’est le spectacle du soir et j’ai la sensation de me souvenir de tout, de comment les gens s’appellent, des choix qu’ils ont fait, de ce que je leur ai demandé… Je décide de noter ces souvenirs sur un journal. Puis, j’arrive avec sur scène, et tout commence.

Êtes-vous plutôt mentaliste, illusionniste ou magicien ?

Illusionniste. Je trouve qu’il met davantage en avant le travail de l’ombre, car mon travail est de « donner l’illusion que ». La magie, ce ne sont pas que les boîtes, les assistants et le lapin dans le chapeau. Il n’y a pas ces éléments dans mon spectacle.

Sans boîte ni lapin, les enfants se retrouvent-ils dans votre show ?

J’étais assez sceptique lorsque j’ai commencé à jouer mon spectacle. Je me disais que les enfants n’allaient pas forcément suivre… Et j’ai été surpris de voir des 8-10 ans venir à ma rencontre après le show, m’assurant qu’ils avaient adoré. Je pense que pour les 5-6 ans, même pour d’autres spectacles de magie, c’est encore trop jeune.

Replongeons dans votre enfance. D’où vous vient ce goût pour l’univers de la magie ?

Comme plein de gamins, cette passion est née avec la fameuse mallette de magie. Je l’ai reçu vers mes 8 ans. J’avais appris tous les tours de cette mallette.

« David Copperfield a toujours été en avance sur son temps. Il a apporté une vraie modernité à la magie. »

Vos références dans la magie…

David Copperfield, forcément. Pour moi, il a toujours été en avance sur son temps. Il a apporté une vraie modernité à la magie. Je l’ai vu pour la première fois à Las Vegas (Etats-Unis) l’année dernière. C’est un exemple de carrière. Je pense aussi à Xavier Mortimer, qui a une poésie incroyable ou encore à Eric Antoine, qui a apporté de l’humour.

Vous avez connu un parcours assez incroyable avant d’arriver à vivre de votre art…

Depuis tout petit, je veux faire de la magie mon métier. Mais le discours des adultes était différent. Ma mère ne m’a jamais freiné, elle voulait juste que je garde un « vrai » métier sous le coude. J’ai commencé dans une crêperie. Je voulais alors être crêpier ou magicien. J’ai trouvé un CFA en Bretagne qui propose un diplôme spécialisé en crêperie. Je suis parti faire ça. Il n’y a pas une recette pour vivre de la magie.

Comment avez-vous réussi à trouver la recette pour percer dans la magie ?

Après six ans de restauration, je commençais à être dans une routine. J’ai pris la direction de Paris. J’ai d’abord fait de la magie de proximité. J’ai ciblé de grands établissements en envoyant une centaine de cartons que j’avais fait faire. Je n’ai eu aucun retour. Puis, j’ai déposé un CV dans un bistrot des Champs-Elysées, pour être barman.

Dans la partie « loisirs » de mon CV, j’avais noté « magie ». Les responsables m’ont dit qu’ils organisaient, chaque mardi, des soirées magie et que le magicien avec lequel ils travaillaient avait arrêté. J’ai été pris et j’ai commencé à me faire connaître. Deux ans plus tard, l’établissement a fermé et je suis parti à Courchevel, pour y faire de la magie. J’étais payé aux pourboires. Je faisais pareil à Saint-Tropez l’été. Cela a duré huit ans… Ce fut une très bonne école.

Puis arrive votre premier passage dans « La France a un incroyable talent », sur M6…

Après huit ans, j’avais des envies de scène. J’ai cherché une bonne idée de numéro. En 2017, je me suis inscrit à « La France a un incroyable talent ». J’ai terminé demi-finaliste. Ça a été un super tremplin. C’est une émission qui donne de la crédibilité. En 2018, je commence à écrire mon spectacle, puis je fais deux primes de « Diversion », avec Arthur, sur TF1. Mais je n’arrivais pas à trouver de producteur, d’agent. J’ai monté une société pour m’autoproduire.

… puis un deuxième, qui a changé votre vie

Avec cette idée de spectacle, je participe une nouvelle fois à « La France à un incroyable talent ». Je suis alors à dix mille lieux de penser que j’allais gagner. Ce n’était pas le projet. La victoire dans l’émission a tout changé. J’ai eu plein d’appels de producteurs, j’ai même pu choisir.

Avez-vous fait évoluer votre style ?

Mon style s’est affirmé. Je vois des choses qui me plaisent en magie, mais ça ne rentre pas dans mon style. Ce n’est pas facile de tenir une ligne. J’ai toujours un stress de fou. Je déteste le quart d’heure avant que le show commence. Puis, c’est parti.

La télé comme Eric Antoine, ça vous tente ?

Dans dix ou quinze ans, peut-être. Après, du moment où ça tourne autour de la magie, je suis partant. Aujourd’hui, il n’y a que « La France a un incroyable talent » pour voir de la magie à la télévision