Ce n’est pas une impression : la Terre semble bel et bien accélérer sa rotation. Selon les mesures précises des horloges atomiques, le 5 août 2025 pourrait battre un record historique en devenant le jour le plus court jamais enregistré depuis le début des relevés scientifiques.

Traditionnellement, la Terre met un peu moins de 24 heures pour effectuer un tour complet sur elle-même. Mais cette durée n’est pas immuable. Elle varie légèrement au fil du temps, influencée par des facteurs géologiques, climatiques et astronomiques. Et depuis quelques années, la tendance s’inverse : les jours raccourcissent imperceptiblement.

Le 29 juin 2022 avait déjà marqué un tournant, avec une journée écourtée de 1,59 milliseconde. Depuis, plusieurs jours records ont été enregistrés, et les prévisions actuelles laissent entendre que le 5 août 2025 pourrait devenir le plus court jamais observé, avec un écart estimé à environ 1,9 milliseconde par rapport aux 86 400 secondes habituelles.

D’où vient cette accélération ?

Le phénomène est encore mal compris, mais plusieurs pistes sont explorées par les scientifiques. La plus sérieuse concerne les mouvements du noyau terrestre, en particulier la vitesse de rotation du noyau interne, qui peut influer sur celle de la croûte terrestre.

D’autres hypothèses évoquent des modifications de la répartition des masses sur la planète, comme la fonte des glaces ou les redistributions d’eau liées au réchauffement climatique. Cela parait logique car déplacer des milliards de tonnes d’eau d’un pôle à l’autre a un effet, même minime, sur la dynamique de rotation terrestre, un peu comme un patineur qui accélère en repliant les bras.

Il faut aussi compter avec le phénomène du “Chandler wobble”, une oscillation naturelle de l’axe de rotation de la Terre, et les grands séismes ou événements tectoniques, qui peuvent, eux aussi, modifier très légèrement la vitesse de rotation.

Des effets concrets sur la mesure du temps

Si ces variations semblent négligeables, elles posent pourtant un défi bien réel à l’échelle technologique. Le temps universel coordonné (UTC), qui règle nos systèmes GPS, réseaux informatiques, transactions boursières ou télécommunications, est calé sur la rotation de la Terre, corrigée régulièrement par l’ajout de secondes intercalaires.

Mais jusqu’ici, ces secondes étaient ajoutées, pour compenser le ralentissement de la rotation terrestre. Si cette tendance à l’accélération se confirme, les experts devront envisager l’inverse : retirer une seconde intercalaire, ce qui n’a jamais été fait. Une telle opération pourrait déséquilibrer certains systèmes informatiques sensibles, conçus pour gérer des ajouts mais pas des retraits.

L’accélération de la Terre n’a rien d’inquiétant en soi : c’est un phénomène naturel qui s’est déjà produit dans l’histoire géologique. Mais à l’heure où nos sociétés dépendent de mesures du temps ultra-précises, la moindre variation millimétrée prend une importance disproportionnée.

Pour les scientifiques, c’est aussi une fenêtre ouverte sur la dynamique interne de la Terre, encore largement mystérieuse. La rotation de notre planète n’est pas seulement une question de temps, c’est aussi un révélateur de ce qui se passe sous nos pieds, à des milliers de kilomètres de profondeur.

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