La ministre du Travail et de la Sécurité sociale de Cuba a démissionné mardi après avoir affirmé qu’il n’y avait pas de « mendiants » sur l’île. Mais seulement des gens « déguisés en mendiants », au moment où le pays traverse une profonde crise économique. Selon les médias officiels, la demande de démission « a été analysée par les plus hautes autorités du Parti communiste et du gouvernement » qui ont « accepté de la libérer » de son poste. en raison de « son manque d’objectivité et de sensibilité ».
Lundi, lors d’une présentation devant une commission parlementaire, Marta Elena Feito avait nié que les personnes fouillant les poubelles dans la rue le faisaient pour chercher de la nourriture. Elle avait aussi critiqué les laveurs de pare-brise de rue, les accusant de chercher une « vie facile ». « Nous voyons des personnes qui semblent être des mendiants, mais quand on regarde leurs mains, quand on regarde leurs vêtements, on se rend compte qu’elles sont déguisées en mendiants, ce ne sont pas des mendiants. Il n’y a pas de mendiants à Cuba », a déclaré la ministre.
« Les expressions concrètes des inégalités sociales »
Ces propos, tenus pendant une session parlementaire retransmise à la télévision nationale, ont provoqué un tollé, notamment sur les réseaux sociaux, au moment où la population cubaine est confrontée à une inflation galopante. Le président de Cuba, Miguel Diaz-Canel, a tenté mardi d’éteindre le scandale. « Aucun d’entre nous ne peut agir avec arrogance, avec suffisance, déconnecté des réalités que nous vivons », a-t-il insisté. « Ces personnes, que nous décrivons parfois comme des mendiants ou liées à la mendicité, sont en réalité les expressions concrètes des inégalités sociales et des problèmes » auxquels Cuba est confrontée.
Le niveau de pauvreté a augmenté ces dernières années sur l’île en proie à une profonde crise économique, alimentée par une faible production locale et le renforcement de l’embargo américain par Donald Trump. En 2024, 189.000 familles et 350.000 personnes considérées comme vulnérables bénéficiaient de programmes d’aide sociale sur l’île de 9,7 millions d’habitants, selon le gouvernement.