- Photos à l’appui, un internaute déplore l’existence d’un « charnier de Vélib' » aux abords de la capitale.
- Des vélos par milliers qui seraient tous en panne et resteraient sur les bras de l’opérateur Smovengo.
- Ces clichés montrent une flotte de Vélib’ en attente d’inspection ou de réparation, parmi les 9.000 vélos qui passent dans les ateliers de Smovengo chaque semaine.
Suivez la couverture complète
L’info passée au crible des Vérificateurs
Il s’agirait d’épaves, de vélos abîmés et totalement inutilisables. Des photos relayées sur X (nouvelle fenêtre) ces derniers jours montrent ce qui est présenté comme un « charnier de Vélib’ en panne aux portes de Paris ». Ils sont « des milliers », ajoute cette publication, devenus « inutilisables » et dont « l’opérateur Smovengo ne sait plus quoi faire ». Ce prétendu cimetière de vélos illustrerait le « fiasco » du service Vélib’, déployé en 2007 dans la capitale, puis dans sa proche banlieue.
Cette photo montre bien des Vélib en panne, mais ils ne sont pas abandonnés. Ils attendent de passer entre les mains des réparateurs qui opèrent pour le compte de l’entreprise Smovengo. – Capture écran XDes vélos en attente de réparation avant leur remise en service
Derrière le compte qui poste ce message, on trouve des « ex-salariés de JCDecaux », l’entreprise qui avait la charge des Vélib’ de première génération. Ils indiquent avoir été « licenciés par Smovengo en 2018 pour avoir dénoncé le fiasco des nouveaux Vélib' ». Très critiques vis-à-vis de cet actuel opérateur, ils s’émeuvent de la hausse programmée des tarifs ainsi que d’une qualité de service jugée très insuffisante.
Contactés par TF1info, les auteurs de la publication n’ont pas répondu à nos sollicitations. Il est toutefois possible d’authentifier le lieu où ont été prises les photos partagées sur X. Agence francilienne en charge des mobilités partagées, l’Agemob suit avec attention l’action de l’opérateur. Elle nous indique que les images postées sur X montrent « des Vélib’ en attente de réparation, stationnés sur le parking de l’entreprise Smovengo à Villeneuve-la-Garenne, un espace spécifiquement prévu pour ce type de stockage ».
Lire aussi
3.000 vélos dans la nature : que se passe-t-il avec les Vélib’ à Paris ?
Si l’agence ne « dispose pas d’un chiffre consolidé sur le total des vélos actuellement présents dans les deux ateliers de Smovengo », à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) et Alfortville (Val-de-Marne), elle précise néanmoins « qu’environ 3.000 Vélib’ ont été ramassés ces dernières semaines ». Il faut noter que « tous les vélos visibles sur les photos ne sont pas forcément endommagés ». En effet, « certains ont simplement été ramassés hors station après un usage non conforme du service », confie l’Agemob. « Cela peut concerner des abandons liés à une absence de place dans la station d’arrivée ou des arrachages de bornes observés de manière plus fréquente depuis le printemps. Dans tous les cas, ces vélos font l’objet d’un contrôle complet avant d’être remis en circulation. »
Les quantités de deux-roues ici stockés peuvent interpeller, mais un Vélib’ en circulation « passe en moyenne toutes les deux semaines en atelier pour révision ». Chaque semaine, ce sont pas moins de 9.000 vélos qui sont pris en charge par Smovengo, « ce qui implique naturellement la présence de volumes importants en maintenance ».
Un service qui pâtit des dégradations
Depuis le changement d’opérateur en 2018, des critiques récurrentes ont été adressées aux Vélib’ de deuxième génération. Qu’il s’agisse de la fragilité de certains éléments mécaniques, des boîtiers électroniques embarqués parfois défaillants ou de batteries trop souvent déchargées pour les versions électriques. Smovengo a ainsi été plusieurs fois invité à améliorer sa qualité de service, que ce soit par l’Agemob ou la Mairie de Paris.
Ces critiques, l’entreprise tente d’y apporter des réponses. Une nouvelle organisation et des recrutements ont été mis en avant, avec une augmentation de la capacité de collecte des vélos et de leur réparation. « La maintenance du service s’organise de deux manières complémentaires », explique l’Agemob à TF1info : « une maintenance itinérante réalisée directement sur le terrain, qui représente environ 60% des interventions », complémentaire d’une « maintenance en atelier ».
Les réparations sont variées et « concernent le plus souvent des ajustements techniques légers comme le réglage des freins ». Soulignons aussi que « seuls les cadres irréparables conduisent à une mise au rebut, ce qui reste très marginal ». Les techniciens chargés de l’entretien sont très sollicités et font face un obstacle majeur : le vandalisme. À peine révisés et remis en circulation, d’innombrables vélos sont ainsi abîmés par des utilisateurs peu scrupuleux. « On a l’impression que le grand jeu dans Paris, c’est de casser les feux arrière des Vélib' », confiait ces derniers jours au Parisien un responsable de Smovengo.
À ceux qui mettent en avant une conception trop fragile des vélos ou leur manque de fiabilité, l’entreprise oppose ainsi en partie un manque de civisme des Franciliens. « Dans les autres villes où nous avons des vélos, à Clermont, Montpellier, Helsinki, Moscou, ils n’en reviennent pas. Personne ne connaît autant de dégradations », insiste l’opérateur.
Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N’hésitez pas à nous écrire à l’adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur X : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.
Thomas DESZPOT