Le dispositif intra-utérin (DIU), plus communément appelé «stérilet», est une contraception en forme de «T» placée par un médecin dans la cavité de l’utérus. S’il ne protège pas des infections sexuellement transmissibles, il peut être efficace sur une longue période pour empêcher l’ovulation. Cependant, le magazine en ligne américain Vox rapporte que, depuis quelques années, de nombreuses femmes se plaignent de ressentir de vives douleurs pendant la pose, alors que cette dernière a longtemps été considérée comme une opération indolore.

Des recherches antérieures à 2016 révèlent que les patientes décrivaient à l’époque la pose du dispositif comme causant une «gêne minime» ou «inconfortable» et la classaient au quatrième rang sur une échelle de douleur de un à dix. Pourtant, les témoignages de femmes ayant souffert pendant cette opération sont nombreux sur les réseaux sociaux, certaines pensant même que leurs médecins leur ont menti.

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Ces vidéos virales ont contribué à mettre en lumière les véritables souffrances que peuvent ressentir les patientes durant la pose d’un DIU. Au cours de l’année 2024, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) et l’American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) ont donc publié des recommandations actualisées pour la prise en charge de la douleur lors de cette opération. Ces deux organismes recommandent désormais aux cliniciens de proposer des anesthésiques locaux comme le spray de lidocaïne, la crème lidocaïne-prilocaïne et le bloc paracervical. D’autres professionnels recommandent quant à eux des anxiolytiques ou une anesthésie générale.

Aux États-Unis, plus de 6 millions de personnes utilisent déjà des dispositifs intra-utérins comme moyen de contraception. L’évolution récente des normes montre donc bien que les médecins commencent seulement à considérer les patientes comme expertes de leur propre corps et à prendre au sérieux leurs préoccupations.

Une lente évolution

Les DIU sont une méthode de contraception à action prolongée qui a gagné en popularité depuis la fin des années 1990, notamment chez les femmes de 25 à 34 ans. Il en existe deux types: les stérilets au cuivre et les stérilets hormonaux, qui empêchent tous deux les spermatozoïdes de féconder les ovules. L’attrait pour les stérilets réside en partie dans leur efficacité dans la durée: de trois à dix ans, selon le type. Aucun entretien ni renouvellement d’ordonnance n’est nécessaire. Certaines utilisatrices constatent aussi une diminution des crampes et des saignements pendant les règles, ainsi qu’une diminution des douleurs endométriales, tandis que d’autres constatent une disparition complète des règles.

Eve Espey, professeure et directrice du département d’obstétrique et de gynécologie de l’université du Nouveau-Mexique, a posé d’innombrables stérilets au cours de ses trente-sept ans de carrière. Elle raconte que pendant longtemps, elle expliquait les risques et les avantages à ses patientes et répondait à toutes leurs questions, mais n’insistait pas forcément sur le risque de douleur, afin de ne pas les effrayer. «Nous partions du principe que si une patiente venait pour un DIU, c’est qu’elle le voulait, retrace-t-elle. Ce n’est pas que nous ne mentionnions pas la douleur, mais c’était un peu difficile, car certains écrits affirment que si l’on annonce aux patients que quelque chose va leur faire mal, la douleur sera plus intense, ce qui est vrai.»

Pendant longtemps, le dispositif intra-utérin n’était recommandé qu’aux personnes ayant déjà accouché: une étude de 2012 a révélé que 60% des prestataires de soins proposaient rarement des stérilets aux patientes n’ayant jamais accouché. «À l’époque, on réservait les DIU aux femmes ayant déjà eu des enfants, poursuit Eve Espey. On craignait que la pose soit trop difficile et douloureuse pour d’autres parce qu’en moyenne, les femmes ayant accouché par voie basse ressentent beaucoup moins de douleur lors de la pose du DIU que celles qui n’en ont pas eu ou qui n’ont eu que des césariennes

Pourtant, alors même que de plus en plus de femmes n’ayant jamais accouché ont ensuite commencé à avoir recours au stérilet, la perception d’un inconfort modéré a persisté. Cela s’explique par le fait que les professionnels de santé estimaient souvent que la douleur ressentie par leurs patientes était nettement inférieure à celle qu’elles ressentaient réellement. Les évolutions de l’ACOG et des CDC ne restent cependant que des recommandations, dont le respect par les médecins est entièrement volontaire…