Va-t-on vers un remake de la guerre des droites à Paris ? Moins de vingt-quatre heures après l’annonce officielle de Michel Barnier de concourir dans la législative partielle de la 2e circonscription de la capitale, un autre poids lourd est sur le point d’annoncer à son tour sa candidature. Et pas n’importe qui : Rachida Dati, l’actuelle maire du VIIe arrondissement (dans le périmètre de la circonscription concernée), ministre de la Culture et candidate déclarée aux prochaines municipales.

« Elle assumera ses responsabilités dans cette partielle qui arrive de manière inattendue. Elle a demandé à être entendue par la commission d’investiture des Républicains », fait savoir son entourage après du Parisien-Aujourd’hui en France. Traduction plus directe d’un élu avec qui elle a échangé ces dernières heures : « Oui, Rachida a très envie d’être candidate, elle s’organise pour. »

Les ambitions de Michel Barnier dans cette circonscription ne sont pas étrangères à la situation. Mardi, en pleine conférence de presse de François Bayrou sur les finances publiques, l’ancien Premier ministre LR, qui ne cache par ailleurs pas ses ambitions présidentielles, a fait savoir sur les réseaux sociaux qu’il comptait mener bataille dans cette circonscription sans député depuis que le macroniste sortant, Jean Lassucq, a été déclaré inéligible par le Conseil constitutionnel le 11 juillet pour des raisons de comptes de campagne.

« Dans le moment très grave où nous sommes pour notre pays (…) j’ai décidé de proposer ma candidature à l’élection partielle dans deuxième circonscription de Paris », a ainsi affirmé le Savoyard sur le réseau X, voulant s’inscrire dans une « démarche de rassemblement de la droite et du centre ». Quand elle a découvert le message, Dati a vu rouge.

Ni une, ni deux, les boucles internes ont chauffé. Y compris chez Renaissance qui perçoit cette candidature comme une déclaration de guerre de LR pour ravir un siège au groupe présidentiel dirigé par Gabriel Attal. Et pour Rachida Dati, c’est l’ombre d’un poids lourd à Paris qui apparaît et qui pourrait, potentiellement, lui mettre des bâtons dans les roues en vue de sa candidature pour les municipales de mars 2026.

« La deuxième circonscription ne peut pas être un marchepied pour la présidentielle »

« La deuxième circonscription ne peut pas être un marchepied pour la présidentielle, ni l’instrument d’ambitions personnelles nationales. Les Parisiens attendent de l’alternance après des années de règne d’Anne Hidalgo, pas d’être utilisés pour 2027 », tance un élu LR qui dénonce le parachutage de Barnier. « Comment va-t-il faire sa campagne dans une circonscription dont il ignore tout des enjeux ? Il a clamé son amour de la montagne toute sa vie, se disant même montagnard éloigné, je le cite, du club parisien », attaque un autre. Ambiance.

Dati et Barnier se connaissent de longue date. Ils ont fait duo aux européennes de 2009, ils se sont retrouvés en septembre 2024 quand il a été nommé à Matignon. Voilà en tout cas un casse-tête que la commission d’investiture de LR, présidée par Annie Genevard (par ailleurs ministre de l’Agriculture), va devoir résoudre très prochainement.

Si elle est bel et bien candidate, Rachida Dati quittera-t-elle pour autant ses fonctions de ministre ? En coulisses, les choses s’accélèrent pour former un ticket (peut-être un Renaissance en suppléant). Après la décision du Conseil constitutionnel, le 11 juillet, l’élection doit avoir lieu au plus tard à la mi-octobre.