«L’amour à l’épreuve du temps», sous-titre de l’essai de Quentin Biasiolo, était le titre de sa thèse de philosophie. Il en a retranché beaucoup de pages pour la transformer en un livre bref, savant et clair, pour lequel il a choisi une belle couverture – une estampe de Matisse. Camille Laurens en signe la préface. La romancière a raconté plusieurs échecs conjugaux et illusions amoureuses, alors que Quentin Biasiolo, lui, est optimiste quand il est question d’amour, qu’il tient pour le socle de la sérénité. La solitude, supposée laisser davantage de liberté à un individu, l’affaiblit. C’est dans sa foi en l’amour que résident l’originalité de ce texte et le plaisir qu’offre sa lecture. Il affirme la possibilité pour les sentiments de résister à l’épreuve du temps. Pour que ce petit miracle advienne, il faut que chaque membre d’un couple mette «sa puissance au service de celle de l’autre». L’un et l’autre bénéficieront alors de ce que seul l’amour apporte : «Une expansion inouïe de soi, le moi, comprimé, se dilatant soudain.» Car à travers l’amour, on développe sa puissance et l’on met en mouvement «sa perfectibilité». Certes, «le développement parallèle de chacun en compagnie de l’autre» peut trébucher contre le temps : l’un parfois décide au fil des ans qu’il sera davantage lui-même sans l’autre, ou décide de devenir un autre : «Le temps fait aussi que nous changeons, et que nos sentiments aussi bien que ceux que l’on nous porte peuvent