Le tribunal administratif a rejeté la demande de mettre fin à l’isolement du braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, ce mercredi 16 juillet 2025. Surnommé « le roi de la belle » pour ses deux évasions de prison, le détenu de 53 ans avait de nouveau demandé sa sortie de l’isolement le jeudi 10 juillet après une quinzaine de demandes pour le lever, en vain.
Le juge des référés a estimé que le détenu, qui « appartient de longue date à la criminalité organisée », reste « d’une particulière dangerosité », et que « les risques de récidive de tentative d’évasion ne sont pas à exclure ».
Dans une ordonnance prise ce mercredi et dont l’Agence France-Presse (AFP) a eu la copie, il fait valoir que Rédoine Faïd a comparu « y compris récemment, devant la commission de discipline des différents établissements dans lesquels il a été incarcéré ».
Le détenu est à l’isolement depuis 12 ans entrecoupés de « deux périodes d’évasion de quelques mois ». Sa date de fin de peine à ce stade est fixée à 2057.
Il a été brièvement placé en garde à vue en janvier dans le cadre d’une enquête ouverte en 2021 sur des soupçons de nouveaux projets d’évasion, mais n’a pas été mis en examen.
Une cellule de « 7-8 m² »
Son avocat, Benoit David, a dressé lors de l’audience le portrait d’un détenu au « comportement exemplaire », qui « respecte scrupuleusement » son suivi psychologique. Il a souligné que Rédoine Faïd, dont la demande d’être extrait de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) pour l’audience, avait été rejetée, est à l’isolement dans une cellule de « 7-8 m² », privée de « lumière naturelle » depuis l’installation en mai d’une grille supplémentaire à la fenêtre.
L’avocat a également demandé que son client puisse accéder aux parloirs sans hygiaphones, une vitre empêchant le contact physique entre détenu et visiteurs, ce qui lui est imposé depuis 2018.
Les mesures appliquées à Rédoine Faïd « n’ont pas été prises par hasard », a répondu la représentante du ministère de la Justice, rappelant que les deux évasions du détenu, en 2013 à l’explosif et en 2018 par hélicoptère, avaient eu lieu lors de parloirs, indique l’AFP.
Elle a souligné que le maintien de ces mesures résultait de « son appartenance de longue date à la criminalité organisée » et des « moyens financiers qu’il est susceptible de mobiliser ».
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Des conditions « contraires à la dignité de la personne humaine »
Ces conditions de détention ont été qualifiées lundi 7 juillet, « par leur combinaison, leur durée et l’absence de perspectives données au détenu », de « contraires à la dignité de la personne humaine » par la chambre d’application des peines du tribunal de Béthune, qui a demandé à l’administration pénitentiaire d’y « mettre fin par tout moyen ».
Maître David a rappelé que la France avait été condamnée en 2009 par la Cour européenne des droits de l’Homme pour traitement inhumain et dégradant d’un détenu, notamment en raison des prolongations successives de sa mise en isolement.