Le directeur de l’agence américaine de renseignement NSA Timothy Haugh a été limogé jeudi 3 avril, rapportent plusieurs médias américains, une décision dénoncée par des élus démocrates. Wendy Noble, numéro deux de la NSA, un puissant service d’écoute et de cyberespionnage, a également été remerciée, selon le Washington Post, citant des responsables américains sous couvert d’anonymat. Contacté par l’AFP, le ministère américain de la Défense, dont dépend l’agence, n’a pas répondu dans l’immédiat.
Le général Haugh, qui était également à la tête des opérations de cyberdéfense du Pentagone (Cyber Command), avait pris ses fonctions de directeur de la NSA il y a un peu plus d’un an seulement.
LIRE AUSSI : Scandale dans l’administration Trump : la nouvelle épine dans le pied de Signal
« A un moment où les Etats-Unis font face à des cybermenaces sans précédent […], en quoi le fait de le licencier met-il les Américains plus en sécurité ? », s’est interrogé sur X Mark Warner, sénateur démocrate de l’Etat de Virginie. « Le général Haugh est un leader honnête et franc qui respectait la loi et mettait la sécurité nationale au-dessus de tout. Je crains que ce soient précisément ces qualités qui aient pu conduire à son licenciement sous cette administration », a également réagi le député démocrate Jim Himes.
Les « recommandations » de Laura Loomer
Outre le directeur de la NSA, le président américain a renvoyé ou réaffecté ces derniers jours plusieurs membres du Conseil de sécurité nationale. Selon plusieurs médias américains, qui ont rapporté cette information, Donald Trump aurait été influencé par une activiste complotiste, Laura Loomer, jugée incontrôlable, même par de fervents partisans du président. Lors d’une rencontre à la Maison-Blanche mercredi 2 avril, elle aurait demandé le limogeage de Timoty Haugh au président américain. « Le directeur de la NSA Tim Haugh et sa directrice adjointe Wendy Noble ont fait preuve de déloyauté envers le président Trump. C’est la raison pour laquelle ils ont été renvoyés », a-t-elle écrit sur X.
Donald Trump a reconnu jeudi être à l’écoute de Laura Loomer, qu’il a qualifiée de « grande patriote ». « Elle fait des recommandations et parfois j’écoute ces recommandations », a-t-il déclaré. « Elle a toujours quelque chose à dire et c’est généralement constructif. »
Le New York Times a été l’un des premiers à faire état de la réception mercredi à la Maison-Blanche de cette proche du président républicain connue pour ses sorties racistes et complotistes, invitée à une réunion avec Donald Trump et plusieurs hauts responsables. Le grand quotidien américain rapporte que pendant cette rencontre, elle aurait vivement critiqué la personnalité et la loyauté de certains membres du Conseil de sécurité nationale, devant leur patron, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz. Le Conseil de sécurité nationale est un groupe relativement restreint de conseillers de la Maison-Blanche, travaillant sur les dossiers diplomatiques et militaires les plus sensibles, directement pour le président.
LIRE AUSSI : Pourquoi Donald Trump n’a rien d’une parenthèse dans l’histoire américaine
« Par respect pour le président Donald Trump et pour la confidentialité dans le bureau Ovale, je ne révélerai aucun détail de ma réunion », a écrit Laura Loomer sur X. Elle précise avoir présenté au président ses « recherches », et avoir insisté sur « la nécessité de sélectionner de manière très rigoureuse » les membres de son équipe.
Laura Loomer avait indigné jusqu’à des trumpistes convaincus pendant la campagne électorale, en affirmant que si Kamala Harris était élue « ça (allait) sentir le curry à la Maison-Blanche », en référence aux origines indiennes de la candidate démocrate malheureuse. Celle qui se présente comme une « journaliste d’investigation » a notamment dit que les attentats du 11 septembre 2001 résultaient d’un « complot interne ». Selon les médias américains, Laura Loomer participerait à une offensive lancée par une partie de l’entourage de Donald Trump afin d’évincer des conseillers qualifiés de « neocon » (néoconservateurs), adeptes d’une politique étrangère interventionniste, au profit de représentants d’une ligne isolationniste.