Ted Beaubrun, musicien genevois d’origine haïtienne, se lance dans l’écriture avec son premier roman « Le Yanvalou de l’âme ». Ce livre, qu’il a autoédité via sa plateforme Aibo Books, plonge le lecteur dans un voyage identitaire entre Genève et Haïti au rythme d’une danse traditionnelle vaudou.
Ted Beaubrun, connu pour sa carrière musicale, s’aventure dans la littérature avec « Le Yanvalou de l’Âme ». Ce titre fait référence à une danse traditionnelle haïtienne issue de la culture vaudou dédiée à la divinité Aïda Wedo.
L’auteur genevois d’origine haïtienne explique dans l’émission Vertigo du 8 juillet que l’Aïda est « une divinité qui représente l’homme et la femme, l’énergie masculine et féminine. C’est le serpent qu’on trouve aussi dans tous les signes des pharmacies. » Cette danse, à la fois « douce » et « sensuelle », permet selon l’auteur de « rentrer à l’intérieur de nous-mêmes » et de « libérer tout ce qui est bloqué . »
Un héritage musical et culturel
Ted Beaubrun baigne depuis son plus jeune âge dans la musique et la culture haïtienne. Issu d’une famille de musiciens reconnus, il a commencé à se produire dès l’âge de 6 ans avec le groupe de ses parents, Boukman Eksperyans. Cette formation avait pour vocation de renouer avec les racines de la culture haïtienne et de revaloriser le vaudou, souvent caricaturé dans l’imaginaire occidental.
Ted Beaubrun s’est fait connaître comme musicien, créant un style qu’il a baptisé « Voodoo Pop ». Il décrit ce genre musical comme un mélange de pop et d’énergie vaudou: « Pop parce que ça reste dans la tête des gens. Ils vont chanter. Mais en même temps, il y a la percussion, l’énergie dedans, donc le vaudou. »
Dans son roman, Ted Beaubrun raconte l’histoire d’Emma, une Haïtienne installée à Genève, dont les souvenirs d’enfance ressurgissent à l’approche de la quarantaine. À travers la danse du yanvalou, elle renoue avec son passé et ses racines. Bien que l’histoire ne soit pas directement autobiographique, elle reflète la quête d’identité qui anime Ted Beaubrun et sa famille.
Une vision positive du vaudou
À travers son roman et sa musique, Ted Beaubrun cherche à offrir une vision plus juste et positive du vaudou, souvent mal représenté dans les médias: « Je ne suis pas en train de faire une pub pour le vaudou ou quoi que ce soit. Mais j’utilise souvent le mot vaudou pour qu’on puisse en avoir une autre vision. Parce que j’ai souvent vu dans les films, quand on utilise le vaudou, ce sont des trucs négatifs. Je dis non! Il faut qu’on aille dans la vérité parce que ce n’est pas ce qu’on est en train de montrer. Ce n’est pas du tout ça » insiste-t-il.
Avec « Le Yanvalou de l’âme », Ted Beaubrun offre aux lecteurs une plongée dans la culture haïtienne, mêlant tradition et modernité, et invitant chacun à explorer ses propres racines à travers la danse et la musique. Inspiré par une méditation sur la mémoire du corps, « Le Yanvalou de l’âme » évoque ces réminiscences enfouies qui ressurgissent au détour d’un son, d’une odeur, d’un mot. « Même loin de notre culture, quelque chose en nous se souvient », conclu l’auteur.
Sujet radio: Michel Ndeze
Adaptation web: Sébastien Foggiato
Ted Beaubrun, « Le Yanvalou de l’âme », Publication indépendante, 9 février 2025